Nos plus belle Journées

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20/12/2005 à 12h43

Une journée aoûtienne.

Les journées sont plutôt tranquilles en Août surtout sur la région parisienne, sept ou huit rendez-vous par jour.
Le coté négatif c’est que c’est aussi les vacances des assistantes, alors beaucoup de travail en coulisse. C’est ça de s’habituer aux assistantes.

10h30
Quand je vais chercher le patient suivant, un mouflet de 8ans que je vois pour la première fois, je ne sais pas encore ce qui m’attend, mais n’est ce pas comme ça toutes les premières fois ?
Quand j’ouvre la porte, je vois une charmante tête toute blonde d’un petit gars bien nordique, accompagnée de sa maman et il y a des moments comme ça, dans la vie, ou votre gorge s’assèche brusquement, les yeux qui vous sortent des orbites, la langue qui se déroule parterre, mais non, je rentre tout ça, et d’une voix calme qui se veut rassurante, je les invite a me précéder dans le couloir qui mène à la salle de soins.
J’en oublie de refermer la porte, je laisse passer AliceADSL devant moi dans une petite robe à fleurs qui caresse, en marchant, une peau toute dorée des vacances déjà terminées.
Une belle norvégienne, blonde, mais alors blonde !!! Ça existe !!!! Si si, ça existe.
La maman s’installe sur la chaise du bureau et le petit Magnus saute sur le fauteuil et ouvre grand la bouche, le rêve.
Interrogatoire.
Ca ne parle pas trop bien Français, plutôt anglais, la maman, Ingrid ne connaît pas vraisemblablement le « vous » et j’ai toute de suite droit au tutoiement, avec son petit accent. C’est à croquer au point que je me demande ce que fiche le gamin dans mon fauteuil. Comme j’ai réservé du temps, et qu’il y a les sillons à sceller, j’explique au gamin avec l’aide d’Internet ce que sont les scellements des sillons.
La mère se lève et vient doucement prés du fauteuil suivre les explications et pouvoir regarder l’écran.
C’est d’accord me dit-elle, elle en a déjà entendu parler, car sa copine etc. etc.
C’est bizarre, j’ai un mal fou à enfiler mes gants, j’ai les mains humides alors que la clim balance du 20 degrés depuis ce matin. Un petit coup d’oeil sur le thermomètre, non ! , il ne fait pas 30.
Ingrid est restée prés du fauteuil. D’habitude je gicle vite fait les parents dans la salle d’attente, mais là, impossible !
Y a un parfum qui flotte dans la pièce que je ne connais pas, c’est doux c’est poivré, tiens…je ne me souviens plus si Süskind est norvégien ?
Concentration, concentration, je me planque derrière mon masque, je me cale sur mon saddleback et j’attaque les sillons.
Elle est curieuse l’Ingrid, elle veut voir ce que je fais, alors elle se penche pour regarder dans la bouche de son grand garçon tout sage et coopérant. Punaise, heureusement que je n’ai pas une turbine dans la main, c’est un coup à avoir un accident. Deux beaux frèros tout dorés en train de se raidir leur bout de nez sur le coton fleuri. Ca me file un coup de frisson dans le dos, j’assure mes appuis, et elle ne se relève pas, elle me fait un grand sourire, avec deux beaux yeux bleus, bien enfoncés dans les miens. C’est mon imagination, t’inquiètes, c’est l’été, une maman sans sous tif qui accompagne son gamin chez le dentiste qui est célibataire depuis deux mois et puis peut être que c’est comme les suédoises… encore une connerie pour m’occuper le cerveau.
N'empêche que le soin continue, et je suis sur qu’elle sait pertinemment de ce qu’elle me promène sous le nez. C’est indéfinissable, ce n’est plus du 20 méga qui passe, c’est une autoroute de phénormones qui roulent dans les deux sens, beaucoup de mal à me concentrer, l’impression d’avoir sa peau à 10 centimètres, mon premier chakra qui commence à chauffer.
Mes yeux qui passent en strabisme divergent, l’un sur les quenottes de Magnus et l’autre surfant entre les vagues, plongée directe sur un ventre sans une ride.
Ses joues qui virent au rouge mais elle ne change pas de position.
Je préviens le gamin que c’est la dernière dent et voilà qu’elle se redresse cambrée, pour se repasser sa masse ensoleillée derrière la tête d’une main, puis retourne se rasseoir, avec légèreté, pour se poser sur la chaise, jambes croisées avec un sourire rayonnant.
J’essaye d’oublier, très pro, feuille de soins, (je sais !… je n’utilises pas le lecteur de SV) règlement. Tout le monde se lève, je raccompagne, Ingrid me tend une main qui me semble rester un peu longtemps dans la mienne, les yeux dans les yeux, j’ai du rêver, c’est l’été, c’est le manque, le fantasme, mes projections inconscientes.
.Ah c’est vrai je dis au revoir à Magnus, je l’avais oublié celui-là.

19.30 : je suis entrain de me changer, j’ai fini ma journée. Coup de fil
Le petit accent d’Ingrid « Tu pourrais t’occuper de moi ? (Sous entendu que je m’occuperai que des gosses ???) » Elle le fait exprès ou quoi ? Ça doit être son mauvais français et puis je suis booké sur les trois premières semaines de septembre. A ben tiens ! J’ai un rendez vous justement samedi à 14 heures qui vient de se libérer." Cela vous convient’il ? IT’OK ?au revoir Madame euhhhh Ingrid… ».
C’est pas beau une belle journée comme ça ?

Zut !! C’est vrai que je ne travaille pas le samedi après midi…