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oraison funêbre
08/04/2006 à 20h53
Oui, je sais, j'anticipe, mais il faut être prêt, au cas où...
Je lui ai déjà envoyé son oraison funèbre il y a 3 ans, en lui promettant que je la lirai après la minute de silence à laquelle il aura droit. Mais pétri de mauvaise volonté, il ne se décide pas à trépasser. Pire, il se porte comme un charme.
Je sais que, fourbe comme il l'est, il en a fait de même pour moi, mais il la garde secrête.
Nous avons donc commencé une course. Le dernier de nous deux qui mourra aura le privilège de dire l'oraison de l'autre. C'est bien la seule chose qui m'empêche de me suicider quand un de ces voyoux de libéraux me harcèle. C'est aussi à cause de ce plaisir que je compte bien m'offrir que j'ai un remords fugace quand je grille une cigarette.
Oraison funèbre (date à confirmer)
Il avait une tête de forme assez ronde, un grand front qui avait gagné sur une chevelure se clairsemant, des yeux de pécari d’un bel exemple de glauque qui n’avaient aucune lueur de bonté derrière des besicles souvent assez opaques, un visage envahi de poils qui se voulaient bouc, barbe et moustache, une lippe qu’on eût dit prête à tous les sacrifices, un nez un peu camard qui finissait par donner à l’ensemble une froideur de poisson passé et d’y imprimer un air de morgue et de gravité empesée.
Son parler était lent et gras, le propos abondant, général et définitif. Très orné de toutes sortes d’auteurs, de l’antiquité pour l’essentiel, il ne manquait que très rarement de le faire connaître, à l’occasion d’un détour, comme pour dire toute la distance qui le séparait du vulgaire : une montgolfière remplie d’orgueil et de suffisance.
Il se démancha de ******** pour s’emmancher à ****** ****** et tenta de se redémancher de celui-ci pour se remmancher à Rocky. On n’y vit que des mouvements de saurien que la courtisanerie lui avait rendus familiers.
On l’avait assez longtemps cru tout de ruade : il n’était, au vrai, qu’un équin d’aucune race, plus baudet qu’alezan, bon à tirer tous les attelages, à être bâté de toute charge, à haler n’importe quoi à bout d’échine pourvu qu’il s’approchât du Saint des Saints du Contrôle Médical. Il en avait, un moment, vomi l’Esprit, il se mit à en sucer la moelle avec plus d’art, mais aussi de constance dans l’effort, que n’en mit naguère une hétaïre, sur les rives glacées du Potomac, à honorer Priape et tenter de lui rendre son lustre. Il obtint même ces temps derniers, à ce qui se jase, la récompense de l'Entretien Personnel : c’était bien le moins qu’un si bel esprit pouvait espérer. De vulgum pecus, il passait saint, sans souillure, ce qui fit que l’on se questionna, ici ou là, sur le sort de ces pauvres oripeaux qui avaient à subir un tel outrage.
Monsieur se croyait Prince : il n’était, et encore par inadvertance, qu’une vesse sortie droit du fondement de celui des Ténèbres, une nuit de sabbat, achevant de prendre les laides par le rebours.
Dans son entourage, on le savait né et resté valet. Il était bien le seul d’affecter de ne point y croire. Des zoologistes distingués, pour qui l’espèce posait question, s’accordèrent d’y voir une sorte hybride de paon et de crotale. De l’un, il montrait sans se faire prier les ocelles, de l’autre, il ne parvenait pas à celer le goût immodéré, venu droit de la nuit des temps, pour la fange, les miasmes, la charogne et l’ordure. Il avait volé à la nuit ses ténèbres et aux latrines leur fétidité.
Des voyageurs rapportent que lorsqu’il rendit son âme au Diable, elle s’exhala de son cul et s’enfonça dans les feux de l’enfer. Elle était si nauséabonde que les chacals et vautours, portés par nature sur la viande corrompue, s’en éloignèrent et qu’ils désertèrent à tout jamais le tertre où on lui avait élu sépulture.
08/04/2006 à 23h44
Bin quoi ?
Vous n'avez pas d'ennemi ?
C'est pourtant bien utile. Il faut entretenir cette haine, elle se cajole, se bichonne, il faut en prendre soin. Un petit coup bas, une insulte en passant, une dénonciation au chef, c'est des gestes futiles qui comptent.
Ca permet de mieux gouter aux saveurs de l'amitié.
08/04/2006 à 23h55
merci de la pompe, ameli. ça me rappelle le bac français ..
mais je vais quand même prendre l'autre sujet :))))
08/04/2006 à 23h58
didier72 Ecrivait:
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> ben non, pas d'ennemis...
Mon pôvre didier, je te plains.
Ca ne fait rien, il faut t'en inventer un d'urgence, ça permettra de renforcer tes liens amicaux.
Bon, je vais t'aider, par charité.
Lundi, je commence ton contrôle. Tu devrais avoir la lettre AR en fin de semaine.
09/04/2006 à 00h07
disons que mes ennemis, je les ignore, je les laisse dans leur médiocrité. Mais côté liens amicaux, ça va...
A quelle heure le contrôle?
09/04/2006 à 00h46
pardon didier. on oublie
je connais bien mon ennemi, je ne peux me permettre de l'ignorer.
09/04/2006 à 04h38
que t'a til fait pour t'inspirer une telle haine,on la sent bien ancrée,entretenue comme une plante arrosée chaque jour,un supérieur? dans l'administration,il y a des hierarchies,qui peuvent aboutir à de tels sentiments,parce qu'une personne tellement haie,je ne la reverrais plus,mais apparemment tu n'as pas le choix
09/04/2006 à 12h03
voyez vous notre ameli s'enfoncer dans les méandres de bas sentiments humains et nous les exposer ici?
09/04/2006 à 13h37
Ameli, il n'y a que de grands sentiments pour engendrer une prose aussi talentueuse.
09/04/2006 à 14h42
A(mel)i entends tu le vol noir des corbeaux dans la plaine ???
09/04/2006 à 14h51
Il y a vraiment des mecs qui ont du temps à perdre et de l'énergie en réserve à dépenser...
pffff....
09/04/2006 à 14h58
cococ Ecrivait:
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> Il y a vraiment des mecs qui ont du temps à perdre
> et de l'énergie en réserve à dépenser...
Tout à fait vrai. J'en suis très satisfait. J'ai le temps, de l'énergie. Et j'ai le loisir de les dépenser comme je l'entends.
Jaloux, va !