Cookie Consent byPrivacyPolicies.comPour PAL disparu bien vite... - Eugenol

Pour PAL disparu bien vite...

jean Plâtre

16/09/2006 à 13h18

C'est au détour d'une route embrumée, serpentant autour des ruines éparses du donjon de Loch Hummeinn, traqués par les goules moribondes des membres de la crypte de MacAbann O'Kanhedda que nous poussâmes, enfin, la porte grinçante de l'auberge du Chat qui pète... (Ze « Farting Cat Inn » in Ingliche).

Déjà deux heures d’air rance exhalé par le ventilateur de pare-brise de notre Ford Fiesta de loc. (c’est pas des voitures ça !, ou alors que pour des Anglais) louvoyant sous la bruine noire et froide de cette fin d’après midi. On m’y reprendra encore à utiliser les services gratuits du GPS local, ayant fait confiance au dernier Mac machin quelque chose… croisé sur le chemin. L’Ecosse même quand t’a le plan, on dirait que t’a pas le plan.

J’espère franchement qu’il vaut le coup le tord-boyaux, Euh pardon, le liquide prisonnier de sa fiole verdâtre, prétexte à notre escapade écossaise. Ouah ! La fumée dans l’tripot, et l’odeur de bière, la bonne bière bien tiède. Ca parle fort et ça joue aux fléchettes entre deux rots de saucisse frite…Bon, d’accord, même le dernier des rednecks de l'Alabama ne donnerait pas deux kopecks de crédit à ce récit clafis des clichetons les plus éculés !! Mais quand même !

On va enfin pouvoir suçoter de l’improbable dans ce boui-boui perdu dans la campagne glacée d’Inveraray. Faut juste un peu déboucher les portugaises au tenancier… Quoi ? On spike pas bien l’angliche, non mais…me chercherait pas un peu le rouquin en jupette ! Merci quand même à l’épicier écossais qui nous a refilé l’adresse ou déguster ce malt rare, sorti tout droit des Limbes Hébridiennes.

«Là où il y a du chêne, il y a du plaisir» : vieux proverbe d'Islay.

Enfin…Tel St Patrick en culotte de velours, apportant le Saint Secret de l'alambic aux gaëls irlandais, la brute rousse nous met deux verres sur le comptoir poisseux, une carafe d’eau glacée et un flacon dont la présentation soignée le dispute à une couleur d'un or pâle prometteur. Après quelques humeries échangées d’un air complice, nous nous mettons en quête des arômes secrets de ce Single Malt d'Islay.

Pour la petite histoire, comme pour la grande, ce breuvage blond s’auto présente comme un malt « dissident d'une grande unité de production d'Allied Distillers ». Contraint par la loi de ne point citer sa source de malt (Sacrebleu !! Promettez-moi de ne pas répéter qu'il est un avatar underground de Laphroaig !!!), le savant-créateur de cette authentique bombe maltée, le sieur Murray, Angus McDavid, compare son ostracisme à la lutte mondiale contre l’affreux MC Goliath. Ce qui en dit déjà long sur la contamination des Îles Britanniques et territoires culturellement dissidents, par le syndrome mégacéphalien galopant appelé l’Alaindelonite aiguë...

Certes, Allied Distillers est une «world company» doté d'appuis léonins dans les lobbies whiskeux et les petits poucets du genre de M. McDavid n'ont que les miettes d’un gros gâteau de malt pour gagner leur pain quotidien à la sueur des alambics. Mais, malgré un amour de soi et de son art bien excusable, McDavid nous régale d'un malt rare, version non-nommée du surpuissant navire amiral Islay, sa majesté des Tourbes, Sir Laphroaig.

C'est peu dire que d'appeler une « grande claque marine » l'effet du premier verre siroté avec mon compagnon de bordée : comme dirait John Wayne, «tous en sel !!!»... Quelle profondeur !! Quel piquant sur la langue ! On imagine que le capitaine Haddock tomberait en pâmoison devant une telle bouteille de loup de mer ! Marin certes ! Mais ici point de flibuste !

Ce malt devient vite dès première houle un remontant fraternel, un compagnon de traversée vers les mers du Sud ! Son esprit rebelle évoque les corsaires du roi et les boucaniers indomptables de la Mer des Antilles. Son iode vous jette aux fers des plus lourds cap-horniers et vous scotche à la barre d'un clipper dans la tourmente…

Mais toute invitation au voyage, même forcée, offre sa récompense : une bouchée gourmande vous promet les rivages azurés des Caraïbes par la plus douce des surprises... Des notes de fruits (prune, noisette) et cette sensation unique de lait de coco qui pousserait l’infâme Rackham le Rouge dans les bras de Long John Silver. Voire, qui inciterait même c'est certain, Kersauzon, Pageot et Riguidel (ceux qui naviguent pas dans des cageots ni dans des poubelles) au premier des PACS bretonnant.

D’ailleurs, mon grand-père ne disait t-il pas : «Dans la marine, y’a pas d'homos !!! Que des hommes qui s'aiment !!!», on se plairait presque à imaginer Herman Melville courtisant Moby Dick !!...

C'est un peu de la magie pour les nuls expliquée au profane que nous expose Murray McDavid ici : Comment changer par un simple vieillissement les feux ardents de la tourbe pour la douceur des fruits et des fleurs des Iles, comment troquer la fumée goudronneuse des «smoking kilns» par un baiser de vahiné chaud et sucré... Un vrai « coup de foudre » qui vous scotche!

L'explication est simple et tient en une ligne sur la bouteille: 12 ans de vieillissement à l’ombre fraiche d’une futaille de Bourbon usagée, l’édulcorant parfait, capable de faire passer des Waterboys déchainés pour la défunte Compagnie Créole !

On soupçonne aussi peut-être le Démiurge d'une telle œuvre d’art, d'utiliser une eau beaucoup plus neutre que Laphroaig pour la réduction drastique du degré d'alcool précédant la mise en bouteille de ce mélange canaille. Mais, chaque trésor à ses fines arcanes et nous laisseront volontiers à ce mutiné du Bounty, les clés de son coffre à malice et le soin de jouir des fruits de son secret sous des cieux plus cléments ! Bon vent, l'Artiste !

La pluie nous gifle à nouveau dés la porte poussée ! Adieu les mers du Sud… La Fiesta qui renâcle et son odeur de chat mouillé, la campagne plombée qui s’endort, allez… on reprend la route !
JP


Avatar transparent iqadnc - Eugenol
adhoc

16/09/2006 à 14h09

Tres belle ode au viski, JP. Continue pour nous ce voyage.


Squash u44zd8 - Eugenol
steph

16/09/2006 à 19h07

Ca promet si tu nous fait la tournée des grands ducs.


cyberquenottes

16/09/2006 à 20h14

y a pas de bobbies pour te faire souffler à la sortie


chez moi on dt " les archers du roi " pour la police municipale "

en toux cas merci

c'est très sympa


Dr - Eugenol
JeRis

17/09/2006 à 10h58

... très beau voyage JP ... à part que: "du surpuissant navire amiral Islay, sa majesté des Tourbes ... " ... c'est Ardbeg qui détient le titre.


alhoun

17/09/2006 à 11h06

Islay, une ode à l'iode....


Dr - Eugenol
JeRis

17/09/2006 à 11h26

... à la tourbe


Image 4 lrchtq - Eugenol
Alain

17/09/2006 à 12h56

que ceux qui n'ont jamais mangé de Haggis au breakfast lui jettent la première pierre.


canard59

17/09/2006 à 16h44

Alain Ecrivait:
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> que ceux qui n'ont jamais mangé de Haggis au
> breakfast lui jettent la première pierre.


Non, Alin, la première motte ;))