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Comprendre les adhésifs
23/12/2006 à 23h24
Je viens de suivre un cours d'une heure sur les adhésifs amélo-dentinaires, donné par Karl Leinfelder sur le site de Dentaltown (www.docere.com). C'était super intéressant.
Bien sûr, il faut s'inscrire et connaître l'américain, mais j'ai trouvé la présentation(power point commenté) remarquablement claire, simple et facile à comprendre. En plus, on peut obtenir des points de CE (continuing education) en répondant à un petit questionnaire. Naturellement, pas pour augmenter notre capital en France, mais par curiosité.
C'est bizarre, j'ai souvent l'impression de mieux comprendre ce qui se dit dans les media américains en anglais, que le discours pompeux et emberlificoté des auteurs français !
24/12/2006 à 03h14
J'ai vu cette video il y a un mois aussi!
Elle est vraiment tres bien faite et menee avec un talent certain (elle dure assez longtemps et on ne sent pas le temps passer).
C'est bien cette présentation qui a été sponsorisée par Kuraray non?
ps: d'ailleurs l'auteur les a prevenus qu'elle refuserait de faire le topo si kuraray refusait d'etre critiqués ou compares aux autres "brands".
Avec une grande classe ils n'y ont vu aucune objection...
24/12/2006 à 10h34
Marc va avoir la gentillesse de nous faire un petit résumé pour ceux qui n'ont pas la chance de parler la langue de Paris Hilton...
24/12/2006 à 11h10
Un résumé, peut être pas, mais deux trois infos intéressantes (même si elles sont connus des spécialistes de la question) :
L'adhésion à la dentine est obtenue grâce à ce qu'on appelle l'hybridation.
L'acide phosphorique élimine en surface (10 microns) l'hydroxyapatite de la dentine, en laissant en place les structures organiques (collagène pour la dentine inter-tubulaire).
L'adhésif pénètre entre les fibres de collagène, et dans les canalicules dentinaire sur une distance de 100 microns. La couche hybride est consituée de la matière organique initiale, enrobée de résine qui remplace le minéral.
Pour que la résine pénètre bien, il ne faut pas trop sécher la dentine, car, si c'est le cas, les fibres de collagène se plaquent les unes aux autres, sans laisser d'espace entre elles.
Si la couche hybride ne s'est pas bien formée, le collagène qui n'est pas enrobé de résine va se dégrader avec le temps et provoquer un décollement de la restauration, et des douleurs.
L'application de chlorehixine sur la dentine semblerait empêcher ce phénomène de dégradation (il cite une publication de Doumez, Belli, Pashley et Tay).
Comme on le sait, les adhésifs de 4ème génération sont le "golden standard", mais compliqués à mettre en oeuvre.
Les automordançants réduisent les risques de sensibilité post op, mais les valeurs d'adhésion se dégradent dans le temps (2 à 3 ans)
Pour améliorer l'adhésion à l'émail des auto-mordançants (leur point faible), il faut les appliquer 30 secondes sur l'émail, et 15 secondes sur la dentine (commencer donc par l'émail).
Ne pas oublier que beaucoup d'automordançants sont incompatibles avec les composites à prise duale et ceux à prise chimique pour les reconstitutions de moignons.
Enfin, il cite le nouvel adhésif auto mordançant de Kerr en une bouteille qui aurait de nombreux avantages.
24/12/2006 à 11h26
Une petite piqure de rappel donc.
Et au niveau de tes différents tests, pourrais-tu nous faire un petit top 3 personnel?
Avec et sans automordançant... C'est Noël aprés tout...
24/12/2006 à 11h49
Comme le dit Michel Degrange avec les tests faits par les dentistes dans toute la France, les performances des adhésifs sont très voisines d'une marque à l'autre. C'est très opérateur dépendant.
Perso, je fais le choix en fonction des propriétés de manipulation.
Si l'on n'est pas gêné par le fait de multiplier les étapes, le Scotch Bond MP est le top, avec l'Optibond FL
Comme adhésif de 5ème génération, j'utilise quotidiennement le One Coat Bond en seringue, parce qu'il est très facile à déposer sur le microbrush sans avoir un flacon à ouvrir, qu'il ne coule pas et qu'il s'étale bien. C'est celui que je préfère.
Je n'aime pas trop les automordançants. Ceux comme le Clearfil SE bond et l'Adhese ont une viscosité qui me convient mieux que d'autres plus fluides.
Enfin, les G Bond et Clearfil S3 Bond sont super faciles et agréables à manipuler, mais avec les limitations que l'on sait pour les 7ème génération. Très pratiques également sur des érosions cervicales douloureuses, sans mettre de compo par dessus.
Joyeux Noël !
24/12/2006 à 11h54
merci pour le site: c'est une mine ily a bien une dizaine de cours que je vais regarder. je ferais des topos à tous ceux qui pourrons me passer en mp une photo de soliflor et de levier de vitesse sasn montage photoshop
24/12/2006 à 11h58
Merci Marc pour ces renseignements, je testerai le One Coat Bond au prochain changement.
Vroummm à vous...
30/12/2006 à 00h56
"Si la couche hybride ne s'est pas bien formée, le collagène qui n'est pas enrobé de résine va se dégrader avec le temps et provoquer un décollement de la restauration, et des douleurs."
Bsr marc. Est-ce le collagène qui se dégrade ou la liaison avec la résine ? Comment la restauration peut-elle se décoller et provoquer des douleurs si le collage au niveau amélaire est intacte ? J'ai tjs entendu qu'il fallait privilégier le collage à l'émail(quitte à secher trop la dentine)car la liaison amélaire est plus fiable que le collage à la dentine.Est-ce que tu remets en cause ce principe ?
30/12/2006 à 01h20
"Est-ce le collagène qui se dégrade ou la liaison avec la résine ?
Selon l'auteur, c'est le collagène qui se dégrade. La liaison à la résine n'était pas obtenue au départ, puisque celle-ci n'imprégnait pas suffisamment le collagène.
"Comment la restauration peut-elle se décoller et provoquer des douleurs si le collage au niveau amélaire est intacte ?"
Il y a également rétraction de la résine mal collée au moment de la polymérisation, et apparition d'un vide. Avec les fluides dentinaires qui circulent, on peut comprendre les sensibilités post op. Tout cela n'est pas complètement rigide, et la souplesse des structures dentaires peut sans doute expliquer ces déplacements de fluides et modifications de pression responsables de douleurs et perte d'étanchéité sous l'effet de la mastication(hypothèse personnelle). L'étancheité des restaurations est difficiles à assurer,et nous parlons là de la situation en général. En plus, il y a toujours quelques bactéries qui trainent, et elles ne demandent qu'à être réactivées en présence de fluides.
"J'ai tjs entendu qu'il fallait privilégier le collage à l'émail(quitte à secher trop la dentine)car la liaison amélaire est plus fiable que le collage à la dentine.Est-ce que tu remets en cause ce principe ?"
Là, c'est une grossière erreur, surtout avec les systèmes M&R 2, c'est à dire mordançage et un composant. La dentine doit être légèrement humide pour que la résine pénètre entre les fibres de collagène. Sinon, on retombe sur le cas de figure plus haut, avec douleurs post op. Mais il faut en revanche, que l'émail soit bien sec pour assurer le collage. Privilégier l'un pour l'autre n'a pas de sens. Il faut privilégier les deux, et faire la max pour que ça marche.
Je pense lorsque l'on dit qu'il faut privilégier le collage à l'émail, cela signifie qu'il faut surtout compter sur la présence d'émail pour faire tenir une restauration en composite, et que si l'on a que de la dentine, l'adhésion est moins sûre. Mais dans les cas normaux de cavités avec émail périphérique (ou classe V) il n'y a pas de problème si l'on applique correctement le protocole.
30/12/2006 à 02h28
Il y a de l'émail périphérique en classe I,II III,IV et V. Dans tous les cas il est impossible de secher parfaitement l'émail sans déshydrater partiellement la dentine. Il faut donc choisir entre un wet bonding ou une excellente adhésion amélaire.En pesant le pour et le contre je préfère la deuxième solution.Le débat est ouvert ...
30/12/2006 à 11h07
tournesol, il n'y a pas de débat. Lis la littérature et comprends la problématique de l'adhésion dentaire. Vois ce que les fabricants on fait et pourquoi il proposent des automordançants, avec leurs avantages et leurs inconvénients.
Après on en reparle. Mais vouloir réinventer la roue comme beaucoup sur ce forum ne sert à rien, ou pire, à faire le contraire de ce qui est bon pour nos patients.
02/01/2007 à 01h00
C'est plus que réducteur Marc.Mais je n'ai pas envie de polémiquer en ce début d'année 2007 que je te souhaite excellente.
22/02/2007 à 12h40
je suis une étudiante en medecine dentaire et je voudrais savoir si quelqu'un pourait m'expliquer pourquoi dans certains modes d'emplois, on trouve que le terme " bonding" comprend : Mordancage, primer, adhésifs, alors que dans d'autres modes d'emplois, on voie que le terme "adhésif", remplace le terme "bonding".sincerement je ne sais plus ce que veux dire bonding, primer, adhesif...Ca serait très gentil de votre part, de répondre à ma question.
Merci d'avance
22/02/2007 à 13h01
Bonding= collage
Tu as trois phases, mordançage (etching), promotion de l'adhésion (primer) et création de liaisons (bonding).
Après, comme tu le sais peut être tu as des produits qui regroupent plusieurs phases d'où ta confusion (tu n'est pas la seule !)/
Pour plus d'infos, je te conseille d'aller lire à ta bibli le réalités cliniques sur les composites.
22/02/2007 à 13h02
Trés bon article dans le dernier Indépendentaire sur ce sujet, je sais pas quel rigolo l'a écrit mais bon...
22/02/2007 à 13h05
lire le numéro spécial collage de l'ID en début d'année
22/02/2007 à 13h08
Extrêmement simple
Etching = mordançage à l'acide phosphorique
Primer ou primaire = conditionneur. Liquide qui imprègne la dentine en la maintenant humide. Il a une partie hydrophile et une partie hydrophobe pour se coller à la résine de liaison
bonding = adhésif = agent ou résine de liaison : résine liquide plus ou moins chargée en particules, qui assure le collage.
L'acide phosphorique ou le primer des systèmes self etch (= automordançants) élimine le minéral dentinaire sur une certaine épaisseur, sans modifier la phase organique de la dentine.
Le primer, s'il y en a un, s'infiltre dans cette dentine déminéralisée. on doit le sécher
Le bonding vient entre les fibres de collagène de la dentine déminéralisée, et rentre dans les tubuli (ou canalicules dentinaires) sur une certaine profondeur.
Après photopolymérisation, le bonding forme avec le collagène, ce qu'on appelle la couche hybride : en partie biologique avec le collagène dentinaire, et en partie articifielle avec la résine qui remplace le minéral.
Il y a plusieurs types de systèmes auto mordançants
avec deux produits, le premier (primer) remplaçant l'acide phosphorique sans rinçage; le deuxième (bonding) remplaçant la résine
avec un produit : le même produit contient les trois principes : agent de conditionnement acide, conditionneur de surface et bonding.
22/02/2007 à 13h33
Marrant ça, on dirait un résumer de l'article dont je parlais...
23/02/2007 à 14h21
je tiens à remercier tous ceux qui ont répondu à ma question. Ca m'a vraiment aidé à comprendre mes cours.
24/02/2007 à 14h12
Si au lieu de secher a la soufflette on se contente de l'aspi? au moins le peigne ne peut pas se coucher????
24/02/2007 à 14h33
Puisqu'on est en plein dedans et que le test n'était pas encore fait, que penser du XP Bond de chez Dentsply?
24/02/2007 à 19h12
hallboy Ecrivait:
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> Si au lieu de secher a la soufflette on se
> contente de l'aspi? au moins le peigne ne peut pas
> se coucher????
Différents procédés sont cités, souflette à distance, aspi, tamponnement avec un coton, et même séchage vigoureux puis ré-humidification humide.
Tout cela montre bien le grand flou qu'il y a autour de cette question, et l'intéret potentiel des auto-mordançants.
24/02/2007 à 19h50
Le Choixpeau magique Ecrivait:
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puis ré-humidification
> humide.
... c'est effectivement préférable à une ré-humidification sèche
et l'intéret potentiel
> des auto-mordançants.
... sauf en ce qui concerne les forces de collage sur l'émail, malheureusement.