Cookie Consent byPrivacyPolicies.comGaleries de portraits... - Eugenol

Galeries de portraits...

Utilisateur banni

23/10/2007 à 00h08

Nos patients : on les côtoie depuis des années et à force, on finit par se faire une idée d’eux : on les classe, on les compartimente, on les catégorise et…voilà quelques uns de mes portraits « crachés » :

1 - Le macho péteux : il vous a dit que, lui, il ne craignait pas le dentiste, il a regardé sa femme se faire soigner d’un oeœil goguenard, le rictus moqueur ; il a fait la leçon à ses enfants : « Meeeuuhh non, le monsieur, il va pas te faire mal, allez fais pas le gamin, t’as 8 ans quand même, ah, la, la, c’est pas possible ces gosses, j’vous jure ! ». Oui, mais voilà, maintenant, c’est à lui de prendre place dans le fauteuil et déjà, il blêmit, il geint, il se trémousse, il sue à grosses gouttes, il s’agrippe à tout ce qu’il peut, crachoir, fauteuil, genou du dentiste (ou plus grave coucougnettes du même dentiste) et d’une voix d’outre-tombe, tel Jeanne d’Arc montant sur le bûcher, il glapit : « Puisqu’il faut le faire, allez y !», mais il ne desserre toujours pas les dents et vous passez 10 mn à obtenir 10 mm d’ouverture buccale, négociant les mm un à un . Vous venez d’enfiler vos beaux gants tout frais en vicryl que déjà il marmonne : « Ca y est, c’est fini ? » ; vous le détrompez, consterné, il souffle.
Vous tentez alors une approche, la turbine vrombissante, il se jette goulûment sur le bain de bouche en prétextant qu’il a pas pu se brosser les dents à midi.
Alors que d’une poigne déterminée, vous essayez de lui maintenir la tête sur le fauteuil, il commence une longue fuite vers votre gauche, contracte ses lèvres, serre les fesses ; il finit la tête à l’opposé de vos instruments, vous lui remettez délicatement l’occiput sur la têtière mais, déjà, monsieur repart vers le crachoir, la mine déconfite, le poil raide, expectore quelques gouttes de salive et, l’air contrit, revient à contrecœoeur mettre sa tête de traviole sur la même têtière.
Vous arrivez tant bien que mal à faire votre détartrage, en prenant bien soin de régler au minimum les U.S., et vous vous dites que la prochaine fois ce sera une endo sur une 47 et que là, vraiment,vous allez déguster…
L’homme se lève enfin et vous lâche, mi-sérieux, mi-ironique : « Ben dites donc, ça a pas été de la tarte, hein. On a fait le plus dur, j’espère. »
De toute votre force, de toute votre âme, vous avez envie de hurler, façon cri primal : « Mais non, abruti, j’ai rien pu faire, t’as des caries de partout et on a mis 45 minutes à te décrotter les ratiches ! Qu’est ce que tu crois, t’as même pas goûté à l’anesthésique, tête de veau ! ».
Mais évidemment, on se contente d’un : « mais oui, bien sûr, vous allez voir, ça va bien se passer… ».


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Utilisateur banni

23/10/2007 à 01h07

2 – La vieille rombière encore appelée mé(na)gère de (largement *) plus de cinquante ans :
elle arrive en général affublée d’un mari « fantôme » qui aussitôt passé la porte se réfugie derrière un Paris Match et met ses esgourdes en position « no signal ».
C’est que lui, le bougre, il connaît le phénomène, il sait, lui, le mauvais moment que l’on va passer à l’écouter parler de ses douleurs, de ses petits fils, de la météo, etc…
En règle générale, elle commence par un tonitruant : « Aaaahh non, j’vous préviens : plus jamais ça ! Plus jamais de rendez-vous à 14 heures (elle vous dit la même chose à 9, 10, 11, 15 ou 16 heures). C’est qu’avec cette circulation, on a crû ne jamais arriver, c’était l’enfer ! ».
Alors qu’en relisant son adresse sur sa fiche vous constatez qu’elle a 500 mètres à faire pour venir, elle vous assène un : « Et pas trop en arrière : j’ai un lumbago et des vertiges ».
Ce à quoi vous avez envie de lui répondre : « et comment tu dors, mémé, sur une chaise ? ».
Vous n’avez pas plutôt commencé à basculer le fauteuil que la pintade se réveille et piaille : « Aïe mon dos, aïe, mon dos !».
Vous la remontez et commencez à la soigner dans la position dite de « l’autruche » à savoir : debout, la tête au niveau des genoux, et tant pis pour votre dos à vous, après tout, « il avait qu’à faire un autre métier ».
Parfois, elle vous demande si vous ne pouvez pas changer le gobelet parce que le patient d’avant qu’elle a vu passer dans la salle d’attente, il avait pas l’air « jojo ».
Vous voudriez bien lui expliquer que, Oui, vous ne changez pas le verre entre les patients parce que ça vous fait faire des économies…mais bon, vous accédez à sa demande pour la rassurer un tant soit peu.
Vous réalisez juste une empreinte primaire, mais à la prochaine séance elle n’hésitera pas à vous balancer sur un ton de reproche : « Ben, dites donc, je sais pas ce que vous m’avez fait, j’ai eu mal toute la semaine ! Il n’y a qu’à moi que ça arrive ça ! ».
Vous avez évidemment envie de lui expliquer que effectivement, vous passez vos journées à tourner vos pouces gantés de latex et que jamais au grand jamais vous ne faîtes d’extractions de dents de sagesse par exemple…
C’est toujours au moment où vous avez préparé votre alginate méticuleusement et que vous approchez en douce le porte-empreinte qu’elle se lance dans la biographie complète de sa précédente dentiste qui « ne l’avait pas du tout comprise » et qui avait osé « encaisser son 3 °chèque la veille du jour qui était prévu » et que « vraiment, c’est pas pour être mauvaise langue, mais ça devrait jamais travailler des gens comme ça ! » et là de nouveau votre langue vous démange : » Et toi, t’as souvent travaillé, tronche de pomme confite ?! » mais là encore, votre bonne éducation judéo-chrétienne prends le dessus…
Vous lui faites un devis pour un appareil en résine et pour un appareil en stellite, en lui expliquant bien les différences de qualité et de prix ; vous insistez sur la nécessité de porter l’appareil au moins deux semaines pour pouvoir s’y habituer et voir les retouches éventuelles ; vous lui stipulez clairement qu’il lui sera difficile voire impossible de manger les premiers jours, qu’elle aura du mal à articuler mais que cela se fera progressivement…mais le dinosaure revient quand même dès le lendemain avec l’appareil dans la main et que « même 5 mn, elle a pas pu le supporter et que c’est pas normal parce que son beau-frère, ben il en a un que c’est moitié de l’aluminium, moitié du plastique et que lui, ben,il peut le porter ! »


* Ce « largement » est destiné à préserver la susceptibilité de nos chères consoeurs…


cactus

23/10/2007 à 01h23

excellent!!!


Spriford

23/10/2007 à 12h04

C'est bon l'humour...merci naubru380 (je surenchèris!)


Utilisateur anonyme

24/10/2007 à 17h51

Merci pour cette minute de détente mais je cherche un anesthésique de contact qui sent le "malabar" dont elle m'a dit que son précédent dentiste utilisait, lui qui l'avait traitée une fois de "vieille pomme ridée". Elle a pris RV chez moi hier en se recommandant de votre soeur qui est charmante et qu'elle verrait bien comme épouse de son fils aîné...
Ce que je cherche VRAIMENT n'est pas une plaisanterie...merci d'avance!


Utilisateur banni

24/10/2007 à 23h29

3 - La fausse mamie Nova :

elle débarque au cabinet avec un grand sourire, un châle autour du cou, le chignon bien sagement posé sur le haut du crâne, elle a l’air toute gentille et vous rappelle votre vieille mémé, oui, celle là même qui vous préparait vos tartines de confitures,
C’est bien souvent une ancienne instit ou une prof d’anglais à la retraite.
Elle s’installe sur le fauteuil, vous l’examinez et découvrez une molaire cratérisée que même Nicolas Hulot il ne s’y aventurerait pas en rappel.
Vous : « il vous faudrait faire une couronne sur cette dent car elle risque de se fracturer. »
Elle, voix plaintive à l’appui : « Oooh, à mon âge, est ce bien la peine ? »
Attendri, vous lui dites sincèrement : « Mais vous êtes en pleine forme et si je vous la reconstitue sans faire une couronne, je sais qu’elle va casser rapidement. »
Elle : « C’est pas bien grave, je reviendrai. »
Vous, bon prince, lui faîtes sa reconstitution en verroterie ionoblindée à nanophase triactivée.
La première séance s’achève et l’esprit tranquille, vous reprenez le cours de votre labeur sans plus y penser.
Seulement voilà, six mois après, Grand-Maman reprend rendez-vous et le ton n’est plus le même.
Déjà, elle parle à votre assistante comme à sa femme de ménage, se plaignant de vos soins à mots à peine couvert ; devant vous, elle affiche toujours son sourire de convenance mais vous sentez bien que la première salve ne va pas tarder : sa dent est ébréchée et c’est bien entendu pas normal ; c’est qu’elle a quand même payé 28.92 Euros la vioque et elle en a pas eu pour son argent !
Alors vous observez la métamorphose s’opérer : ce n’est plus Mère Grand, c’est le loup, c’est Ma Dalton sans l’humour, Cruella, les dalmatiens en moins, la perversité en plus.
Elle : « vous connaissez Mme Groscouillu ?, hein »
Vous, vous rappelant une autre antiquité qui n’est pas revenue à son RV et vous a laissé une ardoise de 300.00 Euros et vous mordant la langue pour ne pas cafter :
« Oui, effectivement, j’ai soigné Mme Groscouillu, pourquoi donc ? »
Elle : « c’est qu’elle n’était pas contente des soins ! »
Vous, n’y pouvant plus : « Ah, oui,…et dire qu’elle ne nous a pas payé ! »
Silence de la momie.
Vous avez ainsi fait d’une pierre deux coups : la vieille est remise à sa place et Mme Groscouillu va avoir une super réputation dans son quartier, plus jamais son boulanger ne lui fera crédit sur la demi-baguette de pain au sésame qu’elle affectionne.
Mais la vioque tente le ippon : « Et Mme Pudubec, vous vous en souvenez ? », avec un petit rictus mauvais, « parce que elle, elle a eu très mal après que vous l’ayez soigné. ».
Vous prenez un court instant pour vous souvenir d’une autre pré-incinérable qui vous avez bien mis le bourdon en refusant les extractions des 3 touches de piano qui lui ornaient le moulin à glaviots et rectifiez le tir :
« Ah, ça c’est très curieux parce que, voyez vous, elle est effectivement venu mais je ne l’ai PAS soignée, elle est reparti dans son état d’origine! ».
Nouveau silence de la mante religieuse qui rentre ses pinces et reprend son faux sourire :
« Oh, vous savez, moi, ce que j’en dis, c’est ce disent les gens… ».
Vous lui polissez la ratoune, la laissez rejoindre le bureau et là, juste avant de partir, l’air mauvais, elle balance à votre assistante :
« De toute façon, vous, vous êtes toujours d’accord avec lui, n’est ce pas ? »


Utilisateur banni

25/10/2007 à 00h15

4 – Techno-man :

alors celui-là, il est en règle générale véhiculé par un VTT ou des rollers flambant neufs, il porte un PC portable dans son sac à dos, un organiseur dans la poche et une oreillette blue-tooth est greffée à sa portugaise, et il ne jette pas le moindre coup d’œil à la petite affichette posée sur le mur en face de lui et où il est inscrit : merci d’éteindre votre portable.
Vous l’installez sur le fauteuil, saisissez votre miroir et là, inéluctablement, son téléphone mugit du Wagner façon vache qui rie (3°degré). Vous suspendez votre vol en direction de ses quenottes pendant que l’azimuté wireless dégaine son Nokia et avant que vous n’émettiez la moindre récrimination, il se lance dans une conversation passionnée avec Richard :
« Salluut Richard, comment ça va, depuis le temps, tu devineras jamais où je suis, ah,ah,ah ! »
Souvent, il vous prendra à témoin en vous adressant un petit clin d’œil, l’air de dire « vous le connaissez pas, mais il est génial, et qu’est ce que j’en connais, moi, du monde ! ».
Il enchaîne ensuite sur ses problèmes au boulot, son patron qui ne le comprend pas, etc…
C’est à ce moment là que, d’habitude du bout de mon miroir encore tout propret, je lui montre l’affichette et lui intime de raccrocher.
S’ensuivent ensuite des adieux déchirants :
- « Ooouaais, faut qu’on s’rappelle, on s’fait une bouffe ? A quelle heure ?... »
Vous êtes à deux doigts de pygmées de lui dire que, s’il continue, son portable va faire office de suppositoire, que l’oreillette va suivre et que, là, vraiment, il aura du mal à décrocher.
Il se met aussitôt à vous répéter ce qu’il vient de dire à Richard et que « maintenant, grâce à la technologie, il est joignable partout (sous entendu même chez toi, ducon, quelqu’un d’important comme moi, on peut le bigophoner) » et c’est seulement lorsque vous lui dites de l’éteindre la prochaine fois avant de passer sur le fauteuil qu’il se rembrunit, très déçu que vous ne partagiez pas le même goût pour le wi-fi et autres blue-tooth.


024 vownvo - Eugenol
annie

31/10/2007 à 04h09

bien....... un Pal en herbe!


Moné

01/11/2007 à 10h14

C'est excellent...encore!


majicados

01/11/2007 à 23h22

bravo ..j'ai tout imprimé ..continues je me régales..merci


Avatar eex0qq - Eugenol
Pépé

03/11/2007 à 00h27

A deux doigts de pygmées... j'adore


Utilisateur banni

03/11/2007 à 00h28

5 – LA représentante

bon alors là, d’emblée, on subdivise en deux catégories :la moche et la mimi.
La première, vous avez essayé vainement de l’éviter depuis des mois ; mais, peine perdue, elle se radine flanquée d’un catalogue à côté duquel celui des 3 Suisses fait office de carnet à spirales ; elle s’accroche à votre bureau comme une palourde à son rocher, comme un morpion à un poil bien dodu ; la bougresse vous tient et elle va pas vous lâcher de sitôt.
Alors qu’elle égrène, article par article, page par page, l’intégralité de son bottin, vous, vous jetez des regards désespérés à votre assistante, l’air de dire « Au s’cours, faîtes quelque chose ! ».
Les patients frétillent dans la salle d’attente, l’horloge tourne mais, non, elle, imperturbable, continue son laïus interminable. Vous hésitez entre l’extraire du bureau à l’aide d’un démonte-pneu ou vaquer à vos occupations comme si elle n’était pas là ; finalement, vous lui commandez un article un peu au pif et vous vous retrouvez dix jours après avec un composite certes nanomoléculaire mais néanmoins, inéluctablement…merdique de chez Merdicus et aussi collant qu’un Carambar mâchouillé.
La seringue vous a coûté le double du prix habituel mais vous pensez au moins vous être débarrassé de la boudinasse, mais non ! Maintenant qu’elle a un pied dans la place, elle s’y vautre et vous propose déjà le contrat qui tue, que même quand vous achetez rien, vous payez et que c’est vachement mieux que chez Dentotruc que, eux, ben, c’est rien que des voleurs…
Vous lui signalez que, justement, vous avez un contrat chez Dentotruc et que ça se passe très bien mais elle rebondit et vous propose la 24° boîte de lingettes à 10 % si vous lui commandez dans les 15 jours 20 sachets d’alginate Algiprout que même si vous l’oubliez pendant deux ans dans votre placard, et ben, l’empreinte, elle a pas bougé d’un millipoil de mouche.
Une heure après et alors que vos patients se préparent à la lyncher en place publique, vous finissez par la décoller de sa chaise en prétextant une gastro carabinée et en la couvrant de postillons bien gras.
La mimi : à l’opposé, celle là, vous l’avez vu une fois, votre palpitant ne s’en est pas encore remis et vous piaffez d’impatience depuis 3 mois ; vous avez mis votre plus belle blouse, la vert-amande avec les empiècements à rayures et la sérigraphie « Dr. Trucmuch » au dessus de la poche, que même maman, elle vous a dit que vous étiez irrésistible avec…
Vous avez pris une douche d’Impulse et un bain d’Axe fraîcheur savane, vous avez avalé 3 litres d’Halita, vous avez éloigné votre assistante en l’inscrivant à une réunion sur la comptabilité chez les Inuits à 300 Kms du cabinet, vous avez décalé tous les rendez-vous et mis le répondeur.
En trois mots : vous êtes prêt !
La sonnerie retentit et déjà vous croyez sentir un doux parfum capiteux se répandre dans le cabinet, vous imaginez déjà les deux obus de 75 précédant leur propriétaire franchir le seuil de la porte.
Vous vous raclez la gorge, préparez votre discours de bienvenue et…vous découvrez un individu d’un sexe diamétralement opposé, la mèche rebelle et grasse, la cravate solidement arrimé à son cou de poulet, le costume Mr de Fursac deux tailles au dessus, et l’haleine de chameau solidement entretenue par quelques pastis…
La ressemblance avec Jean Pierre Convenant de Caméra Café est flagrante…pour un peu, il roulerait en Xantia tunée: vous jetez un coup d’œil à la fenêtre et constatez qu’il s’est contenté d’une Laguna jantes alu avec le petit ballon de foot accroché au rétro…
Des trémolos dans la voix, le regard encore embué, vous vous empressez de demander des nouvelles de la miss et là, l’énergumène sus cité vous raconte que « non, elle a changé de branche et maintenant elle vend des aspirateurs chez Plumeau ».
L’œil méchant, l’oreille distraite vous le laissez déblatérer tout en songeant sérieusement à changer votre aspirateur au plus vite…





Blason dql7mj - Eugenol
growler

03/11/2007 à 00h46

si c'est pas du vécu çà!!! :)))


Image 4 lrchtq - Eugenol
Alain

03/11/2007 à 10h06

c'est sûr, de pareils canons, ça le sort de sa patientèle de neuneus le naubru!

bravo! encore!


LdL

03/11/2007 à 14h28

Et le représentant qui t'explique "mais mon pauvre monsieur, personne ne travaille plus comme ça !" (à propos des obturations à la gutta + pâte ZOE, soit disant que tout le monde maintenant il obture à l'hydroxyde de calcium) "ha mais si, Machtou il fait encore comme ça" "Et c'est qui celui là ?"


Utilisateur banni

03/11/2007 à 14h37

6 – Le binoclard surdoué :

il a sept ou huit ans, la frange sur les binocles, et il vous fait irrésistiblement penser à Harry Potter.
Seulement Harry, c’est la première fois qu’il vous voit et il est pas du tout décidé à ouvrir le four à BN, alors, il fronce les sourcils, recule le menton et sa mine renfrognée vous laisse présager le pire quant à la suite des événements …
Vous essayez de le dérider en évoquant son beau cartable tout neuf ou sa jolie montre Spiderman, mais rien n’y fait, le galapiat mal luné reste sur ses positions.
Finalement, vous optez pour l’arme fatale : le pincement de nez afin que Titeuf se décide malgré lui à entrouvrir le gouffre à Nutella, mais le petiot, la face cramoisie, est malin, et alors que sa mère, soucieuse de préserver sa descendance, se saisit de son parapluie afin de vous estourbir manu militari, le bougre ouvre son clapet et derechef, devançant vos intentions replonge dans une apnée digne du Grand Bleu.
Vous vous apprêtez à suspendre vos soins lorsque l’asticot se lève d’un bond sur le fauteuil et balance à sa génitrice : « Et si j’ai mal ; ON PAYE PAS ! » (authentique).
Finalement, vous arriverez à le soigner et, moyennant quelques échantillons de dentifrice et autres brosses à dents, vous serez arrivé à dompter la bestiole et à la prochaine séance, ce sera votre meilleur pote.
Vous apprendrez par la suite que les parents sont divorcés, qu’il est le souffre-douleur de sa classe et, ou, qu’il a été hospitalisé tout petit et du coup
vous vous prenez d’affection pour lui et plus jamais vous n’aurez de geste d’impatience et lui, de son côté, il aura compris son intérêt et ne vous décevra plus…
Rien de pire que les parents qui passent par-dessus votre épaule pour mettre en lousdé une baffe au gamin lorsqu’il ne se laisse pas soigner…
Ou plutôt si : un jour, un père arrive avec deux de ses gosses ; le 1° se laisse soigner mais le second, l’air souffreteux, l’œil éteint n’arrive pas à ouvrir la bouche.
Constatant que le gamin est vraiment craintif, je calme le jeu et propose au père (tronche d’alcoolo) de le revoir plus tard.
Sur le seuil de la porte, le père lui sort : « Tu vas voir, en rentrant, je mets les gants de boxe et tu vas dérouiller… ». C’est le père que j’ai eu envie de dérouiller pour lui montrer ce que ça fait…


Utilisateur banni

03/11/2007 à 16h28

Concernant la commerciale pas trop gâtée par la nature, elle se fendra souvent de quelques réflexions du genre : « De toutes façons, dans un petit cabinet comme le vôtre, vous avez pas vraiment de problèmes de stock…c’est pas comme chez le docteur Chicot, c’est que, lui, il va même à l’ADF, et que lui, ben, il a une grosse activité, c’est qu’il est vach’ment fort en lithographie, lui…
Vous lui précisez alors qu’il vaut mieux parler de lithotricie, mais elle n’en a cure…
Songeur, vous vous rappelez que le docteur Chicot est un ami à vous et que votre activité à vous est le double de la sienne…
C’est seulement lorsqu’elle rejoint le parking et qu’elle jette un coup d’œil à un splendide 4 x 4 que vous actionnez négligemment le verrouillage centralisé des porte…
L’air mauvais,elle remonte dans sa saxo.


LdL

03/11/2007 à 19h45

Ha, quand même, je me demandais quand on allait y venir !


Utilisateur banni

04/12/2007 à 23h52

7 – Le musicos sur le retour :

Alors, lui, on en a tous eu un :
la cinquantaine bien tapée, il gare son Peugeot 103 customisé avec guidon cornes de vache juste devant la salle d’attente, arbore une banane improbable à rendre jaloux Dick Rivers, des rouflaquettes lui couvrent les bajoues, un perfecto trois tailles au dessous lui sangle la bedaine, un jean qui a dû lui aller il y a vingt ans et des santiags en vraie fausse peau d’iguane achetés d’occaz à la sortie d’un concert des Stray Cats en 82.
D’une démarche claudicante pour cause de petons surcompressés, il rejoint le fauteuil, s’y installe, laisse 500 grammes de gomina sur la têtière ; ses ray-bans rivés au tarin, il ne tarde pas à vous avouer que le RMI, c’est juste le temps que sa carrière décolle, ce qui ne devrait pas tarder, vu qu’il va bientôt jouer en avant-première à la MJC de Troudbal-En-Compote et qu’il peut même vous avoir une place au premier et unique rang, entre sa sœur et son beauf.
Vous vous apercevez vite que pour lui, la vie n’a plus de sens depuis qu’Elvis a passé l’arme à gauche ( mais il vous affirmera qu’il a été vu dans un supermarket de Vegas pas plus tard qu’il y a deux mois mais que c’est classé confidentiel défense par le FBI ). A peine arriverez vous à le dérider un tant soit peu en évoquant Eddy Mitchell, le dernier des rebelles selon lui.
Ne lui parlez pas funk, pop ou variétés, il risquerait de vous vomir sa bière dans votre crachoir bien astiqué : ses ratiches sont elles aussi très rock’n roll : une touche blanche, une touche noire…il aimerait bien vous raconter que c’est l’usage immodérée des drogues dures dans les seventies qui lui a pourri les dents mais il sait bien, lui, que c’est la rapière à dents qui lui a manqué dans la fosse à moules-frites. Quelque part le look « chanteur des Ramones » ne lui déplairait pas…
Finalement, les soins effectués, il rejoint son fier dextrier, l’enfourche d’un geste viril, tente désespérément de le démarrer puis, constatant son échec, repart en poussant le traîtreux engin…


Utilisateur banni

10/04/2008 à 02h54

La crise de la smala d’Abdelkader (*) :

Abdelkader est gentil, Abdelkader est correct, Abdelkader vient à ses rendez-vous…Seulement le hic, c’est qu’il ne tient pas en place sur le fauteuil l’ami Abdel : il remue, éructe, salive à gros bouillons, manque vomir dès qu’il voit un instrument approcher, s’éponge le front ou la lipette toutes les trente secondes, discute plus facilement avec mon crachoir qu’avec moi, il gémit, pleure, m’assure que « c’est pas sa faute, c’est le nerf qui le ronge… ».
Depuis quinze ans, je bricole, tente de lui conserver ses dents (pas vraiment par souci humaniste, juste pour ne pas avoir à lui extraire…) et l’inéluctable arrive à grands pas : Abdel a mal, Abdel ne dort plus, Abdel ne peut plus travailler, alors Abdel envahit mon cabinet dès huit heures du mat…et moi, grand cœur, je n’arrive pas à le mettre dehors : il se pointe toujours, l’œil larmoyant, la moue pitoyable et comme il sait que je suis le seul à arriver un peu à le soigner, il ne me lâche plus, ne jure que par moi et ne veut voir que moi…
Aujourd’hui, j’ai tenté une extraction de 37 entre deux patients…que j’ai rapidement abandonnée, un peu lâchement je dois dire, …car je ne pouvais même pas voir la dent tant il était coincé du bec. Alors, j’ai voulu l’adresser en dernier recours à la faculté ( ils me le doivent bien à la Fac, avec le nombre de patients pénibles que je prends en charge et que je leur évite de voir ;.)) : ils l’ont vu une première fois,…et lui ont donné RV dans un mois !
Il revient donc voir mézigue, toujours en larmes, et je l’envoie illico à l’hôpital en espérant que le Service de Stomato pourrait quelque chose pour lui : qu’il le psychotropisent, qu’ils le trépanent (peu de risque de séquelles…) mais surtout qu’ils fassent quelque chose, pitié…
Evidemment, mon grand copain se trompe ( ?), va aux urgences d’où le médecin de service m’appelle pour me demander de quoi il retourne donc, et sur ce l’autre zig est orienté en Stomato… d’où on le renvoie à la Fac… où on lui dit cette fois qu’il n’est pas soignable…
Et qu’est ce qu’il fait ???? Mmmmhhh ???
Il appelle Bibi à 19 h 00 pour que je lui enlève la ratoune ce soir… Je crois bien avoir prétexté que je ne l’entendais pas bien pour raccrocher…
Donc, il est dans la nature, cherchant une autre victime expiatoire…
Planquez vous, le serial patient est de sortie ;.)))
Coup de bol, demain, je ne suis pas au cab, mais je parie que dès vendredi, il sera devant ma porte.
Ce qui est terrible finalement, c’est que je voudrais bien le soulager, mais je ne peux même pas lui faire ouvrir le clapet…

(*) Jeu de mots très finaud…pour les érudits ;.)


Utilisateur banni

19/04/2008 à 12h02

Abdel est revenu...
Alors que je pensais enfin avoir éloigné l'importun, celui ci s'est repointé vendredi à un RV prévu de longue date mais que j'avais annulé puisqu'il était censé être suivi à la Fac maintenant... En fait, ces...gentils enseignants de la Fac ont réussi à lui extraire une dent mais, pas fous, l'ont renvoyé dans la nature au prétexte qu'il est trop difficile à gérer (!) et chez qui qui revient ? Evidemment, il dit avoir toujours mal...et je ne sais plus quoi faire... Z'auriez pas l'adresse d'un bon tueur à gages ? Oh, pas un méticuleux, pas un qui fait dans la finesse, non, juste un bon gros boucher, un qui fait dans le saignant bien gras, un qui vous débite un bonhomme au hâchoir en quelques minutes...Ca existe ça ? C'est pas trop cher ?


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hop

21/04/2008 à 17h53

racaille d'mgen !!

prof déprimée de la banlieue parisienne qui vient polluer ma station balnéaire..

"allo ! ma fiiiille a maaaal, faut la prendre en urgeeence !! elle souffre !"

"ok ok..15h30"

en plus de mon planing millichronométrique.

super aigrie, bouche cul de poule, se la joue snob.

la gamine a une 24 qui pousse, la 64 étant tombée..examen, ordo pansoral.

"ah ! faut payer ?!?"

"faites moi un courrier ! "


" dehors ! ..c'est gratuit !"..je n'ai pas rajouté "déprimée de prof", mais c'est pas passé loin.

ils se croient vraiment tout permis.


Attila

21/04/2008 à 18h22

Elle se ressource en prevision des futures gréves ?


Utilisateur banni

12/07/2008 à 20h05

Le con-bête...

Il y a bien fort longtemps, alors que mon cab ne connaissait pas encore le succès planétaire qui est le sien aujourd’hui, se pointe un nouveau venu.
Au premier dring de sonnette, je lâche dare-dare mon caoua tout chaud et me lance dans une simulation d’intervention de haute voilure sur mes deux patients préférés en cette période de disette, Quedalle et Zobi, les fameux jumeaux.
Par la lourde entrebaillée, je jette un œoeilleton (jamais récupéré) et tend une feuille : le néo-patient, sous des frisottis dégoulinant de graisse porte beau : lunette d’amblyope sur tarin comédoné, chemise à jabot boutonnée jusqu’à la glotte, blouson de skaï noir cintré au dessous des aisselles et surtout, surtout le futal baissé jusqu’aux roupettes laissant deviner un calfouette pas vraiment immaculé, et remonté jusqu’aux tibias, avec vue plongeante sur deux magnifiques soquettes, l’une rouge (à babord), l’autre verte (à tribord), mais toutes les deux trouées sur tout le talon.
Affalé sur le burlingue de Priscilla-Marie-Ginette, mon assistante préférée, le comateux plonge le groin dans ses papiers et en extrait une carte plus très vitale.
Tiens me dis-je, un remake de Rain man : ce Dustin Hoffman, quel talent quand même ; il va jusqu’à simuler un branque dans un cabinet franchouillard.
Sont trop forts ces ricains, comment qu’ils s’investissent dans leurs rôles !
Alors que PMG lui demande où qui créche, le muté de l’asile azimuté nous jacte qu’il a pas à nous le dire.
Y commence déjà à m’plaire le pépère, y va faire long feu le craspouille…
Numéro de bigophone ? Qué nada : c’est qu’il est sur la red liste l’incongru, y veut pas qu’on le nain portune, des fois qu’on chercherait à lui fourguer un bridge par biniou interposé.
Laisse Ginette, j’vais te l’entreprendre au davier, il va moufter tout ce qu’il sait…
L’empétré du falzar mité se pointe, l’air miteux, dans ma tanière, j’y balance comme d’hab un :
« Bien l’bonjour mon bon monsieur, c’est pour quoi qu’il vient ? L’a mal la dent ? Mhh ? »
Toujours aussi muet, le porcinet pose un joufflu douteux sur le skaï aussi douteux de mon Planméca coûteux.
J’y fais ouvrir le clapoir à dominos et constate, ô surprise, des ratiches pas trop pourridas mais un brige qui s’fait la malle sans prévenir.
« Ah, me dis je intérieurement, enfin du taf, si Gogol veut bien, j’y refais la vitrine. »
Seulement, voilà, Mongolito, il est pas de cet avis, même si Dame Mutuelle lui rembourse la totale :
« C’est MES dents, c’est moi qui décide !!!» m’éructe-t-il, avec l’oeœil apeuré du lapinou dans les phares de la voiture juste avant de terminer en civet sur le bitume.
« Mais…que…, oui, bien sûr, m’insurge, c’est à vous tout ça…Mais je vous explique juste qu’il faudrait songer à une profonde réhabilitation prothético-portée, qui vous est de plus aimablement offerte par la Mutmut, tout ça parce que c’est les soldes chez le Docteur Naubru et point chez les autre ratouneurs. Comprendo ? ».
Après moult palabres, j’obtiens le laissez-passer pour aller y refaire des céramo-téfal toutes plus choucardes les unes que les autres.
L’individu, toujours aussi braque, repointera plusieurs fois son tarbouif au cab, histoire d’achever le turbin.
C’est après que c’est devenu muy complicado…
Sa Mutmut n’étant pas futfute, le coincé du bulbe ne reçut pas ses remboursements en temps et en heure, d’où des appels d’abord pathétiques (« J’ai pas les sous, j’ai pas les sous !!! ») puis névrotiques, et enfin, hystériques lorsqu’il croira que nous étions la cause de ce retard : « J’vais vous coller le Conseil de l’Ordre au -bip-, bande de -bip -, j’vous en-bip-, z’entendez ? ».
Et tout ça, laissé sur le répondeur, à deux heures du mat, systématiquement.
Son chèque était toujours dans le tiroir...
Il a finalement touché son flouze et n’a plus donné de nouvelles.

P.S. : le titre n’est pas un pléonasme, mais un patronyme…,





Avatar transparent iqadnc - Eugenol
adhoc

12/07/2008 à 21h35



Excellent!


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