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14/12/2008 à 14h39

Contre l'échec en PCEM 1

Valérie Pécresse mise sur la L1 Santé

La ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche souhaite voir aboutir la réforme de la première année commune aux professions de santé (médecine, sage-femme, odontologie et pharmacie) à la prochaine rentrée universitaire. Valérie Pécresse soutient la proposition de loi du Pr Jacques Domergue qui sera examinée par les députés dans une semaine et annonce que tous les étudiants de la future L1 santé pourront poursuivre un cursus s'ils obtiennent la note de 10/20. Valérie Pécresse entend par ailleurs faciliter les réorientations des étudiants recalés vers les filières scientifiques et permettre l'accès en médecine à des étudiants d'autres disciplines. Malgré les craintes exprimées dans les milieux universitaires et étudiants concernant la tenue du calendrier, elle reste optimiste quant à la mise en place de la L1 Santé à la rentrée 2009.

LE QUOTIDIEN - La proposition de loi du Pr Jacques Domergue pour mettre en place une première année commune aux professions de santé (médecine, sage-femme, odontologiste et pharmacie) va être examinée le 16 décembre à l'Assemblée nationale. Qu'en attendez-vous?

VALÉRIE PÉCRESSE - Je soutiens pleinement cette proposition qui va dans le sens de la politique gouvernementale. L'objectif de cette réforme est de lutter contre l'échec en première année de médecine. Il faut évidemment conserver une sélection en médecine car nous n'avons pas d'autre choix, il y a peu de places. Mais nous devons aider les très bons bacheliers qui rentrent dans cette filière à trouver leur voie, y compris quand ce n'est pas la médecine. Cette réforme va permettre aux étudiants, lorsqu'ils obtiennent 10 sur 20 de moyenne, de valider cette première année de licence de santé (L1) comme toutes les autres années de licence. Aujourd'hui avec le /numerus clausus/ existe le phénomène des reçus-collés. De très nombreux étudiants, même lorsqu'ils ont la moyenne, ressortent sans diplôme de la première année de médecine. Ce n'est pas acceptable. C'est un gâchis humain et financier et cela confronte ces jeunes qui sont de bons élèves à un syndrome d'échec. Avec cette loi, à la fin de l'année, si les étudiants ont la moyenne, ils auront réussi la L1 santé.

LE QUOTIDIEN - Parmi les préconisations du rapport de Jean-François Bach sur cette L1 santé, lesquelles allez-vous garder?

VALÉRIE PÉCRESSE - Il faut que nous encouragions la réorientation précoce de tous les jeunes en échec. Quand on s'aperçoit que l'on a fait fausse route à la fin du premier semestre, il faut absolument qu'on puisse être réorienté dès février vers d'autres filières scientifiques. Ca ne sert à rien de laisser des jeunes dans un tunnel de deux ans au bout duquel ils se rendront compte qu'ils n'avaient aucune chance de réussir. Nous devons les accompagner dès la fin du premier semestre pour leur proposer des solutions de réorientation lorsque leurs résultats sont très nettement insuffisants et qu'ils n'ont statistiquement aucune chance de réussir. Les universités, les professeurs le savent et peuvent les aider à faire ce choix-là.

LE QUOTIDIEN - Sur la base d'une note seuil comme celà a été proposé?

VALÉRIE PÉCRESSE - Il n'y aura pas de couperet mais il y aura l'ouverture dans les universités de semestres de rebond. À la fin de l'année, les étudiants pourront passer jusqu'à 4 concours distincts (médecine, sage-femme, odontologie et pharmacie).

IL NE FAUT PAS QUE L'ON DEVIENNE SAGE-FEMME OU DENTISTE PARCE QU'ON N'A PAS PU ETRE MEDECIN MAIS PARCE QU'ON L'A CHOISI.

Je n'accepte pas que l'on hiérarchise les 4 filières de manière trop arithmétique. Les étudiants disposeront d'un droit au remords s'ils aperçoivent que la filière qu'ils ont choisie ne leur convient pas. Je veux aussi favoriser les passerelles. Je considère qu'il n'est pas normal que dans notre pays, l'on ne puisse pas devenir médecin en ayant suivi un autre parcours auparavant. Il y a dans les études médicales un profond facteur humain. La sélection par le seul cursus de première année n'est pas satisfaisante car les paramédicaux et les étudiants littéraires n'ont pas leur chance de devenir médecin.

LE QUOTIDIEN - Quelques places pourraient leur être réservées?

VALÉRIE PÉCRESSE - Il s'agirait d'un petit concours pour atteindre la 2e année à destination des étudiants diplômés de master ou de doctorat. Cela peut être intéressant notamment pour les étudiants de filière scientifique mais nous n'avons pas encore d'idée sur le nombre de places qui leur seront accordées. Cela sera calculé en fonction du /numerus clausus/, en concertation avec le ministère de la Santé.

LE QUOTIDIEN - Qu'en sera-t-il de la prime aux primants (un pourcentage de postes réservés aux étudiants inscrits pour la première fois en PCEM1)?

VALÉRIE PÉCRESSE - Cette idée n'a pas été retenue, elle était trop complexe à mettre en place et à faire accepter aux étudiants.

LE QUOTIDIEN - Certains doutent que cette réforme d'envergure, qui nécessite plusieurs décrets d'application, puisse entrer en vigueur dès la rentrée 2009. L'ANEMF demande le report de cette réforme pour l'année universitaire 2010-2011. En est-il question?

VALÉRIE PÉCRESSE - Le report n'est pas la solution au gâchis humain que l'on connaît depuis des années en première année de médecine! Il est temps de changer. Nous prendrons toutes les garanties pour que cette réforme se passe dans de bonnes conditions. Nous savons la tension et le stress qui entourent cet examen du PCEM1. Mais je souhaite que cette réforme puisse entrer en vigueur le plus vite possible. Elle a été faite dans l'intérêt des étudiants.

LE QUOTIDIEN - Avec 47065 étudiants en première année et la création de facultés de pharmacie dans tous les CHU, comment allez-vous gérer l'accueil de tous les étudiants?

VALÉRIE PÉCRESSE - Nous mettons en place l'orientation active pour les élèves de terminale à partir de janvier. Je souhaite que l'on informe pleinement les élèves de terminale sur la difficulté des études médicales. Il faut que les universités soient très claires dans ce domaine et qu'elles disent bien aux étudiants que s'ils n'ont pas un bon bac scientifique, ils ont très peu de chances de réussir. C'est une information qui doit passer. Il ne faut plus présenter seulement la médecine comme une professionâ€‰; il faut présenter les études médicales avec des informations claires et ne pas donner de faux espoirs aux jeunes et à leur famille. Il faut leur dire que si leur enfant ne se révèle pas dans leurs études de médecine, il est possible de l'orienter vers des études scientifiques, en biologie, en sciences, en droit, en sciences humaines et sociales... Il aura ensuite des passerelles pour revenir en médecine si telle est sa vocation. Si cette orientation est bien faite, nous aurons moins d'étudiants inscrits et de redoublants. Ce serait souhaitable.

LE QUOTIDIEN - Pour autant, vous vous opposez à une sélection sur dossier à l'entrée des études de médecine comme le réclament les doyens?

VALÉRIE PÉCRESSE - Aujourd'hui, il y a une sélection à l'entrée à l'université : le baccalauréat. Nous changeons de modèle avec le L1 santé. Les étudiants qui auront la moyenne auront leur L1 santé mais pas leur première année de médecine s'ils ne sont pas classés dans le /numerus clausus/. C'est un changement radical.

LE QUOTIDIEN - Quelles seront les orientations possibles pour ces étudiants qui n'accèdent pas à un des 4 concours alors qu'ils ont réussi le L1 Santé?

VALÉRIE PÉCRESSE - Nous allons réunir les universités et les facultés de médecine en début d'année 2009 pour voir avec elles vers quelles filières pourront se réorienter les étudiants dits « reçus collés ». Certaines facultés les réorientent déjà en biologie ou en IUT (filières de santé en BAC + 3, licences pro...). Nous ferons le recensement de ces formations de façon à informer les étudiants des réorientations qui s'offrent à eux.

> PROPOS RECUEILLIS PAR CHRISTOPHE GATTUSO

Le Quotidien du Médecin du : 08/12/2008

Des médecins ratés, qui vendent de la prothèse chinoise...

Autre chose?...