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Exercice rural?
13/10/2009 à 15h10
Bonjour à tous,
Je suis à la recherche de témoignages de confères exerçant en milieu rural. J'exerce actuellement dans une région saturée en dentiste et pour des raisons personnelles, j'ai l'opportunité de m'installer dans un département rural (la Nièvre). Je pense faire une création dans une commune de 1000 habitants où il n'y a plus de dentiste depuis plus de deux ans. le premier dentiste est à plus de 15 km et le bassin de population est d'environ 3000 habitants dans un rayon de 7 km sans dentiste.
J'aurai aimé avoir votre avis sur cette opportunité qui se présente à moi. Les questions personnelles sur la qualité de vie, l'éloignement de toute "civilisation" ont été mûrement analysées avec mon épouse.
Pour les praticiens installés dans ces zones reculées,je suis curieux de connaître votre mode d'exercice,les patients sont ils plus ou moins réceptifs à vos plans de traitement? En bref, si c'était à refaire,vous installeriez vous toujours à la campagne?
Merci d'avance pour vos réponses éclairées,
Amicalement,
Gus
13/10/2009 à 15h24
si c'était à refaire....je referais....sûr à 2000%...
maintenant, si tu cherches un peu moins "enclavé" et dans un département assez voisin comme situation géographique (avec des commodités comme par ex le TGV...) tu peux me PM...çà fais 6 ans que je recherche un associé...
13/10/2009 à 17h56
J'ai créé il y a 10 ans en rural, moins isolé que ton projet cependant, avec quelques confrères autour. Je referais la même chose aujourd'hui. Les patients sont fidèles, sympas et reconnaissants. J'applique le traitement global et même si au début les patients me regardaient d'un air suspicieux, maintenant les nouveaux viennent pour cette façon de travailler.
Bref que du bonheur. La seule ombre au tableau est la charge de travail qui ne cesse d'augmenter et heureusement mon épouse vient me rejoindre dès que l'extension du cabinet sera achevée.
Fonce !
13/10/2009 à 18h14
>et heureusement mon épouse vient me rejoindre<
?............................................................
............................................................?
13/10/2009 à 18h35
le milieu rural, c'est aussi:
Accepter d'être un personnage publique: jugé, dévisagé dans la rue, dérangé chez toi le week end. idem pour ta femme et tes gosses: "c'est le fils du dentiste", "t'as vu la voiture du dentiste?", "t'as vu, il fait des travaux dans sa maison!"
accepter de faire des pseudo consult pendant tes courses ( y faut que j'vienne vous voir!", "regardez, là au fond, j'ai un trou!")...
Faire face à l'abattage de rendez-vous avec son cortège de détartrage et de pedo...("quoi? un rendez vous que dans 6 mois?") et de ce fait, trainer sur les gros plans de traitement.
Ne jamais être vraiment accepté, car "tu viens de la ville"
Monter une expédition pour allez à une formation...(voiture, train, hotel...)
Participer aux vide-grenier, choucroutes dansantes et autres foire aux bestiaux...
Faire avec des autochtones archaiques et bornés...
Prévoir que le SAV matériel, la livraison des prothèses est ravitaillée par les mouettes.
Avoir ta femme qui se fait chier parce qu'il n'y a rien à glander dans ce blede de m....! et que les commères à la sortie de l'école n'ont rien d'autre à foutre que de médire sur l'épouse de ce cochon de dentiste...
toujours tenté?
--
N.Hum
13/10/2009 à 19h01
en milieu rural : c'est aussi :
- dépendre parfois d'un seul prothésiste avec des tarifs exorbitants...mais heureusement que les transporteurs privés existent...
- se taper tous les extract du coin parce que le stomato : y a pas et même les petites chir que tu ne faisait jamais avant...
- faire parfois de la "bricole"...l'horreur..?
Mais pour rien au monde je n'irai m'installer en ville.
13/10/2009 à 19h09
J'ai fait les deux.
Collabo dans un bled de 2000 hab, premier relais à 10 km, et installé apres en ville, Communauté Urbaine de Bordeaux.
Pour ce qui est du boulot, la seule différence est entre tes deux oreilles.
Pour le reste, question de point de vue.
Si tu aimes les grands espaces, fonce.
13/10/2009 à 19h19
Merci pour vos réponses encourageantes. Il est vrai que j'exerce actuellement dans un milieu urbain saturé en professionnels de santé. Je vais donc faire le chemin inverse de beaucoup de praticiens.
Petite précision, je me considère encore comme un jeune praticien (33 ans) et je souhaite encore me perfectionner dans les domaines que je ne maitrise pas encore comme l'implanto que j'espère pouvoir pratiquer dans mon nouveau cabinet.
Je dois rencontrer le précédent praticien la semaine prochaine sur place. Il a quitté le coin car il voulait faire implanto exclusif mais il m'a dit qu'il posait des implants dans ce cabinet.
--
Amicalement,
Gus
13/10/2009 à 23h39
Heureusement qu'il y a des gens comme toi qui regardent vers la campagne.Car elle se dépeuple en praticiens,les confréres qui partent en retraite ne recédent pas leur cabinets et dans certaines régions c'est le désert médical (La Meuse par exemple)
Tu risques d'avoir trop de travail au début,mais tu t'organiseras.
Les patients font confiance quand il se sentent "aimés".Moins de CMU qu'en ville ?petits inconvénients décrits par des confréres grincheux.
Mais je ne changerais pour rien au monde et puis quand je viens à l'ADF chaque année,je suis content de ne rester que 3 ou 4 jours.
14/10/2009 à 08h30
pour rejoindre pluton humator et les autres , j'exerce moi aussi dans un cabinet rural, les prétendues différences de comportement des patients (réticence vis à vis de certains tt lourd et importants) existent bel et bien...au début de ton exercice par la suite (la confiance aidant) ces réticences s'éloignent et tout le monde progresse ensemble (je vais oser -gagnant-gagnant)
pour éviter le problème de patientélisme auquel humator fait allusion tu peux aussi choisir de vivre loin de ton cabinet (mon choix personnel ayant "subi" cela gamin ) et au final 16 ans après aucun regret, si ce n'est que je suis un peu éloigné pour faire plus d'implanto et ne rêve pas d'avoir un endo exclusif à coté...
Il est très important de savoir vers quelle pratique tu veux t'orienter et tu peux te dire que ou que tu sois tu pourras faire un peu tout mais de façon beaucoup moins exclusive....
bon courage dans ton installation future, et prépare toi à être vite débordé...
14/10/2009 à 10h04
N'est ce pas difficile justement de proposer de l'implanto, du cerec etc en exercice rural ?
Cela est souvent mis en avant par ceux qui critiquent l'exercice rural pour qui la technologie moderne n'est pas accesible aux non urbains. (ou pas acceptée par les "campagnards" ... )
14/10/2009 à 10h07
Merci pour vos réponses,
Fouilla, je pense (en tout cas j'espère) comme toi qu'il faudra un peu de temps pour que les patients adhèrent aux plans de traitement. Je sais très bien que je ne serai pas implanto exclusif (de toute façon pas envie...). J'espère juste que ce temps de mise en confiance des patients ne sera pas trop long! Et malheureusement je ne pense pas que cette donnée puisse se quantifier avant l'installation. Je pense aussi qu'elle dépend (un peu) du praticien.
Juste quand tu dis au début de ton activité, ça veut dire 1 an...où 5ans.
--
Amicalement,
Gus
14/10/2009 à 12h26
installé en milieu rural ,depuis 3 ans ,apres de nombreuses collaboration en ville je ne regrette rien,
je ne serai jamais implanto exclusif mais j'en pose.les patients acceptent generalement mes plans de traitement globaux, bien sur j'ai des refus mais j'en avais aussi en ville.Ne faut il pas mieux travailler a la campagne et etre debordé de boulots que d'attendre le patient en ville??
D'autre precision en mp si tu veux
14/10/2009 à 14h23
ayant fait les 2, je ne regrette pas d'être parti de plouc' city!!
meme si:
j'avais un super cab,
un très bon chiffre,
j'y ai perdu +++++++ de cash...
pour toutes les raisons évoquées + haut, et d'autres + perso.
si mon discours parait grincheux pour certains, il est à peine exagéré.
donc, conseil pour gus: fait comme fouilla: surtout n'habites pas ou tu exerces!
--
N.Hum
14/10/2009 à 14h38
Humator,
Je ne te trouve pas grincheux, tu partages juste ton expérience et je t'en remercie. Si j'ai posté ce sujet, c'est pour avoir des avis tant positifs que négatifs. Tu as exercé en milieu rural, tu es donc qualifié pour donner ton avis.
C'est juste que je risque de faire le chemin inverse de toi.
Des patients à problème, qui se foutent de leur état buccal, de leur hygiène et de nos conseils, j'en rencontre aussi en ville. Peut être qu'il y en a plus en rural, je ne sais pas.
Je pense qu'il y a peut être moins de nomadisme médical à la campagne et peut être qu'il existe encore un peu de respect pour les professions médicales.
J'ai déja une maison dans le coin où je souhaite m'installer et je prospecte les villages alentours. Mais effectivement, il est peut être préférable de ne pas habiter trop près de son cabinet.
Amicalement,
Gus
14/10/2009 à 18h24
si un jour on te dit : "mais docteur je ne comprends pas pourquoi vous n'habitez pas ici ? on a bien une pharmacie un médecin un collège etc..." réponds lui tout simplement que si ce soir tu veux pisser aux 4 coins de ton terrain tu ne veux surtout pas en entendre parler le lendemain je pense que le message sera très très clair (ça sent le vécu non ?)
plus sérieusement j'habite loin de mon cab et de la même façon je ne veux pas générer de patientélisme autour de mon domicile et je conseille et recommande bien des confrères locaux à mes voisins (comme ça le WE tu n'es pas de garde à domicile car leur S!!!!! de dentiste ne bosse pas (lui non plus!) le WE
quant à la technologie réservé aux citadins viens chez moi et tu seras surpris....
pour le reste il me semble que pour en parler avec des "citadins" le délai pour faire intégrer ta vision de la profession est similaire au notre : un certain temps praticien dépendant et je me demande encore aujourd'hui si j'y suis arrivé.
point noir important : trouver une AD formée qui veuille bien se "déplacer".... quand tu as à faire face à un congé (maldie+maternité+parental) là aussi y'a du vécu
14/10/2009 à 23h45
humator écrivait:
-----------------
>
> donc, conseil pour gus: fait comme fouilla: surtout n'habites pas ou tu exerces!
>
> --
> N.Hum
Une grande partie des raisons que tu as citées sont dues au non respect de ce conseil... ;-)
15/10/2009 à 07h01
oui, sid, d'où mon conseil!
tiens, j'avais oublié le coup de l'assistante en congé mat et de son remplacement "casse tete"!
C'est du vécu aussi!
dis donc fouilla, on n'était pas dans le même cabinet des fois? :-)
--
N.Hum
15/10/2009 à 08h24
Salut,
Je propose une autre approche : pour moi, l'exercice citadin /rural c'est d'abord dans la tête. Ou tu es citadin ou tu ne l'es pas. Je n'ai vécu en ville que contraint forcé, (étude, rempla, formation etc...) J'ai débuté en rural entre Orléans et Montargis, j'habitais dans le village, j'ai été "dentiste-blouson noir", "dentiste motard", "dentiste planchiste" tou ce que tu peux imaginer y est passé, mais je n'ai jamais été "un cochon de dentiste" (çà me serait revenu aux oreilles". Au bout de 11 ans j'ai décidé de m'installer en ville (agglo dromoise de 40 000hab) histoire de ne pas mourrir idiot. Mais je suis allé habiter dans un petit village à 10Km de là. L'odeur du fumier me manquait sûrement, mais plus encore les gens de la campagne surtout me manquaient.Comme j'ai répondu à une patiente citadine qui me demandait qu'est que j'allais foutre dans un si petit village: en ville ce qui me manque le plus c'est que quand je pars le matin, personne ne regarde derrière ses rideaux quelle heure il est, ou quelle bagnole/moto je prends! Les vilageois s'occuppe de toi oui et alors? tu aimes ou tu n'aimes pas, en ville tu peux être crevé dans ton appart depuis 2 ans, personne ne s'en rend compte. En ville tu peux être totalement anonyme, en campagne non seulement, tout le monde te connaît, mais en plus il faut jouer le jeu et aimer çà. Visiblement, Hum n'aime pas, moi je me mêle d'animer le banquet du Carnaval local. Donc, depuis un an maintenant, j'ai quitté le centre ville pour m'installer avec mon confrère dans un village voisin(1Km) nous y faisons tout y compris les chir tordues, l'implanto, la paro, pas de CEREC, nous avons embauché 2 assistantes dont une qualifiée, recevons au moins une demande spontanée d'embauche par semaine, et un collaborateur qui ne touche déjà plus terre. Les Cmu se comptent sur les doigts de la main, les cabinets sont aux normes ERP5, pano et tout. Même mes associés citadins apprécient. Quand à la revente du cab, le fait d'être à la ville n'en garantit pas la faisabilité, l'an passé 4 cab en moins en ville et visiblement nous ne sommes pas les seuls.
Tu vois je pense sérieusement, que l'exercice citadin/rural dépendra plus de ta nature que du type d'exercice choisi.
15/10/2009 à 14h18
Merci pour vos conseils. Pour Chabit, je ne m'inquiète pas pour la revente de mon cabinet car je ne compte pas dessus. On verra bien et je ne pense pas que ce soit un argument décisif lors d'une installation.
De toute façon je vais sur place la semaine prochaine à la rencontre des villageois et surtout des maires des communes qui sont susceptibles de m'accueillir.
Je vous tiendrai au courant.
--
Amicalement,
Gus
15/10/2009 à 17h17
Je bosse depuis 10 ans sur le lieu de mes origines rurales... donc je suis l'autochtone dentiste un peu borné par moment...
Débordé depuis la première semaine de ma création, on s'adapte au fur et à mesure du temps... je vais du berlingot résine à l'implant unitaire (depuis la crise, c'est plus bridge sur dent vivante ou bridge collé)...
Depuis 10 ans, je n'ai rien laché, 1 k descellée 1 semaine aprés la pose, ça ne doit JAMAIS arriver ou alors, t'as intérét à pouvoir bien te justifier sur ce raté, sinon c'est ce patient plus tout ses proches qui se barrent... et des fois c'est un cousin au 3ième degré, ce patient...
C'est pour cette raison qu'il faut être d'une hônnéteté et d'une rigueur implacable sur ton boulot, dire ce que tu fais et faire ce que tu dis...
Ne pas prendre les gens de haut aussi, une jeune dentiste d'origine citadine installée récemment en a vite payé les frais, elle vivote dans un beau cabinet avec peu de patients, m'appelle pour lui en envoyer (véridic), mais se plaint toujours de notre éloignement géographique (80 kms pour un super to ou un super implanto exclusif) devant ses patients...
Bon j'avais un lapin mais 'faut que j'y retourne... à ce soir si pas trop fatigué