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Prescription homéopathie
16/05/2010 à 14h32
Ce qui m'amuse toujours, c'est que ceux qui prônent les solutions "alternatives" rejetées par la communauté scientifique cherchent toujours à se poser en victime pour susciter la bienveillance.
Et, comme si c'était la preuve qu'il ont raison, à se comparer aux grands esprits qui se sont vus eux aussi rejetés autrefois : Galilée, Semelweiss...
Un raisonnement aussi biaisé que fallacieux.
Parfois, c'est même le contraire qui se produit : on croit longtemps dur comme fer à certains trucs, et puis il y en a qui vous démontrent que c'est de la foutaise.
En ce moment, Onfray s'en prend au père de la psychanalyse
Pour moi, Hanneman et Freud, c'est du même tonneau.
16/05/2010 à 14h47
biodent écrivait:
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> certaines minorité on parfois raison face à des majorités pleines de certitudes.
Dans la liste non exhaustive des techniques de manipulation, cet argument s'appelle le syndrome de Galilée:
http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article69
De toute façon, une théorie ne peut être considérée comme scientifique que si elle répond à la logique, la falsifiabilité, la réplicabilité et l'exhaustivité, tout le reste est du ressort de la foi.
16/05/2010 à 16h51
On peut se dire aussi que si la thérapeutique était totalement efficace, l'émergence de démarches suscitées par l'insatisfaction n'aurait pas de raison d'être.
La remise en question ne doit pas être considérée automatiquement comme sacrilège, au contraire, comme le rappelait Améli, elle doit être permanente. Révisionnisme de bon aloi.
La seule certitude, c'est l'incertitude.
Nous devons observer et pouvoir expliquer raisonnablement l'observation. Si l'explication tient la route, elle doit pouvoir résister à l'expérimentation.
L'amélioration de la santé d'un patient ne sera jamais un critère recevable pour démontrer la validité d'une technique, trop d'intervenants à la cause.
Et en rester à "ça n'existe pas pcq ça n'a jamais été démontré" serait d'un immobilisme stupide.
Personnellement je ne trouve pas ceci inconfortable : j'observe, je ne peux pas expliquer avec ce qui a déjà été écrit, mais je continue à observer même s'il n'est pas possible de proposer aujourd'hui un modèle indiscutable.
Observation- hypothèse-contrôle.
Si le granule, qui est un choix thérapeutique orienté, n'est pas systématiquement efficace, il y a un défaut dans un des deux premiers termes. Rédhibitoire ? Pas sûr, mais il faut avoir l'humilité de l'envisager.
16/05/2010 à 17h44
Tu peux observer pendant mille ans si ça te fait plaisir. Il n'en ressortira rien, que des sentiments mitigés et des incertitudes.
On n'est plus au moyen âge. Pour se révéler, la vérité scientifique nécessite d'autres outils que le regard unique d'un petit dentiste au fond de son cabinet.
16/05/2010 à 19h00
"vérité scientifique révélée", ça fait très XIXe, époque glorieuse pour les croyances en tous genres. C'est bien de prendre un peu de distance.
On raisonne plutôt en adéquation de modèle.
Pourquoi de l'agressivité, sans arguments, contre Freud ? Le terrorisme psychanalytique est imbuvable, bien d'accord (paraît qu'il n'y a plus qu'en France...). Mais peut-on nier un certain apport dans une réflexion qui est loin d'être terminée ? Même si avec le recul il n'avait servi qu'à montrer que ce n'est pas une bonne direction, nous lui serions un petit peu redevables. Je ne comprends pas la comparaison avec le fondateur des granules.
17/05/2010 à 10h32
Les points communs entre l'homéopathie et la psychanalyse sont nombreux. A commencer par la tendance des adeptes à ériger le gourou - pardon le fondateur- de leur Eglise - pardon de leur discipline - en gourou, en génie, en icône intouchable. Tendance à se poser en victime de la science présumée "officielle", tout en cherchant à se revendiquer du sérieux de la science, tendance à devenir agressif à la moindre critique argumentée, sans jamais y répondre sur le fond.
Autre point commun: des monceaux de littérature, de discours, de colloques, mais le vide sidéral quant à un début de résultat clinique probant. On "analyse" durant des années, on prescrit des granules pour tous les tracas, dérangements, bobos et préventions imaginables, cela fait un bien provisoire au moral des patraques, des hypocondriaques et des narcisses, ainsi qu'à l'ego et au compte bancaire des exploitants, mais on attend toujours la démonstration qu'il s'agit d'autre chose que d'une banale écoute psychologique avec mise en scène et quelques rituels de guérison. Deux habiles ( mais mensongères et dangereuses ) exploitations de l'effet placebo qui se parent des plumes du paon en se donnant de grands airs de science et de médecine pour initiés.
18/05/2010 à 03h01
Antépathie : nf, maladie française, souffrance devant le futur. Obsession à retourner vers avant.
L'antépathie est une angoisse sourde transmutée en phobie profonde. La monde contemporain, c'est apocalypse now. No future.
L'horreur est économique, le CAC claque, le soleil chauffe, l'atome irradie, le médicament tue, l'ordi bugue, la bourse se vide, les bulles pètent, la pollution pollue, les cochons ont peur de la grippe humaine, la crise crispe.
On ne croît plus, donc, on croit.
Le présent n'ayant pas de futur, retournons au passé simple. Le raisonnement se tient : le passé est un futur antérieur qui a fait ses preuves.
Le génie français a du bon sens. Son bon sens est la marche arrière. Il copie les civilisations anciennes, singe les bonobos, plagie les sorciers navajos, imite les mages antiques et de préférence lointains.
L'antépathe veut retourner dans le passé et remonter dans son arbre. De là haut, il regardera ce monde inquiétant et matériel foncer vers l'apocalypse, car l'antépathe est sage, lui.
18/05/2010 à 03h07
Mais une herméneutique du soupçon doit nous conduire à une relecture symptomale (Althusser).
Ça mérite en effet une analyse.
L'antépathe est reconnu par quatre symptômes principaux.
Le syndrome des choristes.
C'est le retour à l'adolescence. Les tee-shirts familiaux sont mis en indivision. On suce des Chupa Chups. Les enfants emmènent les parents au Mc Do pour leur apprendre à manger avec les doigts. Le vocabulaire et la syntaxe s'adaptent au style SMS prépubère. Babar entre à la Bibliothèque Nationale. Le choriste s'épluche la peau, se dégraisse, se silicone, pour devenir Peter Pan.
Le syndrome lingettes.
C'est le retour au berceau. La lingette est la grande invention de la fin de siècle. Elle n'est plus réservée au décrottage de fesses ou à l'hydratation des vieux. Elle impose désormais son asepsie humide en tous lieux, malgré son coût vertigineux.
Mais la lingette évoque pour l'éternité l'offrande du fessier rougeaud du nourrisson.
L'antépathe lingettes retombe en enfance et aime les ou. Il a conservé son doudou. Oui, mes zouzous, il a aussi un toutou, à qui il donne des bisous. Et pour ses gosses, il a des joujoux et une nounou 95C. Il a fait entrer la nounou (en français : nourrice) dans le Petit Robert (85A).
Il vit dans le monde des bisounours.
Le syndrome Jeanne Calment.
L'antépathe vit au rythme de ce sédatif. C'est l'amour immodéré de ce qui est vieux et usé : la vieille ville, le vieux port, le vieux remède, les vieilles charrues, les vieux pots, les vieux potes, le vieux pané, les vieilles maitresses.
Tant qu'ils sont là, les vieux, c'est qu'ils ne sont pas morts, et c'est qu'on est bien en vie. C'est la conservation du vieux qui conserve vivante l'image adorée de l'avant.
La conserve revient à la mode. Pour conserver les vieux, il faut les humecter, et les aérer de temps en temps. On les envoie en excursion.
Le syndrome Alexandre Dumas.
C'est le retour aux origines de l'histoire. Dumas a été déterré et panthéonisé afin de lui rendre hommage.
L'homéopathe est atteint de ce syndrome. Il s'est installé dans cette machine à remonter le temps, revit l'histoire et la réinvente. Avant, c'était mieux, et surtout beaucoup moins dangereux. Curieusement, cet antépathe est kleptomane, il fait table rase du passé, et se raconte une histoire, se l'approprie, et la revend.
(texte très librement archi-résumé et grossièrement adapté du « petit précis d'antépathie contemporaine », de Fournier, ed Points)
19/05/2010 à 12h20
Ameli,
Portrait bien torché, on sent le vécu.
Mais pour quelle raison adopte-t-il cette démarche que tu présentes, si je ne me trompe pas, comme un refuge dans une illusion ?
Quelle réalité insoutenable fuirait-il ? Est-elle un traumatisme individuel répété autant de fois qu'il y a d'antepathes ou clairement une culture de fonctionnement ? Ou les deux ?
Et pour solutionner cette hypothétique réalité insoutenable, l'antepathie est -elle la seule shizophrénie utilisée ?
19/05/2010 à 14h23
L'antépathe a peur et est déçu par le monde qui l'entoure. Ce monde actuel, porté par la science, est froid, individualiste et, horreur, matérialiste.
L'antépathe est humaniste. Et pour lui, le seul véritable humaniste est celui qui fraternise avec les autres dans un lien fort et désintéressé( un lien qui relie, comme le "religare" latin), et qui méprise tout progrès matériel, car le progrès apporte le mal. Sa démarche est mystique, voire religieuse ou sectaire.
Car est religieux tout ce qui dépeint une vision apocalyptique du monde, qui cible le mal ou le péché ("l'allopathie " !), et qui méprise l'aspect matériel et charnel de l'humanité. La transcendance antépathique n'est pas déiste, elle est dans la vision paradisiaque, celle du paradis perdu. Et pour retrouver le paradis, il faut retourner d'où on vient, vers Adam et Eve.
L'homéopathie, qui une forme d'antépathie, relève du mysticisme religieux. Elle ment, est un déni de la science, et a une vision apocalyptique et méprisante de la science médicale.
Ce déni de la science n'est que la conséquence de la foi : Hors la nudité naturelle d'Adam et Eve, point de salut.
Je n'ai rien contre cette religion, ni contre les autres. Mais je ne veux pas que l'argent du contribuable la finance.
19/05/2010 à 14h38
ameli écrivait:
---------------
> Je n'ai rien contre cette religion, ni contre les autres. Mais je ne veux pas
> que l'argent du contribuable la finance.
il faudrait demander au contribuable ce qu'il en pense.
De toutes façons, il a le choix de ne pas aller chez les homéopathes ou ostéopathes ...
le contribuable n'est pas bête. Il a accès à l'information.
Et il sollicite massivement les médecines alternatives que tu le veuilles ou non.
19/05/2010 à 17h33
vitalic écrivait : il faudrait demander au contribuable ce qu'il en pense.
Etonnante démocratie que celle où le peuple aurait le pouvoir de censurer la science et de choisir la magie.
Montesquieu l'avait déjà prévu. C'est la différence entre la démocratie et la république. Le grand nombre n'est pas la garantie de la sagesse. Seul celui ayant reçu une éducation juste, fondée sur la seule raison, peut revendiquer l'honneur de devenir un citoyen.
Bien entendu, le parti des imbéciles et des religieux, porté par le nombre, est démocrate.
Les homéopathes, naturopathes, écolopathes, médico-sinophiles, etc, considèrent la vie comme une maladie mortelle, et la chasteté comme une précaution contre la sexualité.
Dans le doute, ils s'abstiennent ou retournent dans le passé. Ils sont passés de la prudence à l'inhibition et au nihilisme.
Or, dans le doute, il faut agir avec raison.
Notre société veut à toute force donner un contenu somatique et médical à la tristesse, au mal-être, à la nostalgie, à la mélancolie, à la rupture sentimentale. Mais la médecine a-t-elle pour vocation de donner le bonheur ?
Certains thérapeutes usent de cette vocation usurpée.
A mon sens, la médecine n'est pas une philosophie, une sagesse, une spiritualité, et la vie n'est pas une maladie.
La médecine n'est qu'une science, et c'est bien assez.
19/05/2010 à 17h45
ameli écrivait: Mais la médecine a-t-elle pour vocation de donner le bonheur ?
Bonne question ! La pilule du bonheur (prozac) n'est pas homéopathique que je sache... Et nous autres petits français, en sommes les meilleurs consommateurs.
" La médecine n'est qu'une science, et c'est bien assez."
Mais,les médecins sont-ils des scientifiques ???
^ ... ^
Ô"""Ô
= o =... "Science sans conscience ... " Tiens moi aussi , j'ai des lettres !!! :-))
19/05/2010 à 17h58
"Notre société veut à toute force donner un contenu somatique et médical à la tristesse, au mal-être, à la nostalgie, à la mélancolie, à la rupture sentimentale."
A mon avis, améli, ta dichotomie est désastreuse. Il y a inévitablement une facture organique à payer à la tristesse et à la rupture sentimentale. Pour de simples raisons thermodynamiques.
Je te soupçonne de penser qu'il n'y a pas de support matériel à l'évocation mentale ou à la réflexion et qu'on peut penser sans consommer. Je me demande si tu n'es pas devenu religieux. Horresco...
Je pense aussi que c'est un lien évoqué depuis plusieurs millénaires, les auteurs ne manquent pas, donc pas forcément limité à notre société. En dehors de ton désir qu'il en soit ainsi, aurais-tu des arguments pour affirmer qu'il n'existe pas ?
"Seul celui ayant reçu une éducation juste, fondée sur la seule raison, peut revendiquer l'honneur de devenir un citoyen."
Tu as mille fois raison, et dire que toute cette racaille a le droit de vote...
Comprends-tu pourquoi je pense que face aux traumatismes fondamentaux il y a d'autres délires possibles, l'antépathie n'est sans doute pas la seule errance schizoïde sur cette terre.
19/05/2010 à 19h01
vitalic écrivait:
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> ameli écrivait:
> ---------------
> > Je n'ai rien contre cette religion, ni contre les autres. Mais je ne veux pas
> > que l'argent du contribuable la finance.
>
> il faudrait demander au contribuable ce qu'il en pense.
>
> De toutes façons, il a le choix de ne pas aller chez les homéopathes ou
> ostéopathes ...
>
> le contribuable n'est pas bête. Il a accès à l'information.
> Et il sollicite massivement les médecines alternatives que tu le veuilles ou non.
Du moment que c'est pas avec mon pognon, ils peuvent homéopathiser ou aller voir Mme Soleil, ça me dérange pas, des cons y'en a partout...
19/05/2010 à 19h16
C'est une vraie question : la tristesse est-elle une pathologie ?
Je ne conteste ni que le moral des troupes influence leur performance, ni qu'il existe des angoisses pathologiques avec de graves répercussions somatiques. Evidemment c'est de la compétence du toubib.
Mais il me semble que nous sommes dans une dérive : nous inversons fin et moyen.
Le but est-il le bonheur ou la santé ? Ces mots sont-ils synonymes, sont-ils interchangeables ?
Est-ce encore de la médecine que de réparer les chagrins d'amour ? Le médecin doit-il donner de sa personne dans les cas de frustration sexuelle ?
Il y a là un problème de limite. La société les fixe, mais la société change, et les limites changent.
L'exemple des anti-dépresseurs est révélateur. Il est évident qu'ils sont nécessaires, mais inévitablement un anti-dépresseur est un stimulant de la bonne humeur.
Où se termine le soin, et où commence le dopage ?
Et le Viagra ?
Le rôle du médecin est-il de prescrire de la bonne humeur ? La mauvaise humeur doit-elle être sanctionnée par des cotisations sociales plus élevées car elle est facteur de risques ?
Le médecin doit-il assumer la charge morale de modifier ce qui fait le charme et la noblesse de l'humanité : sa fragilité physique, et surtout psychique.
19/05/2010 à 19h29
vitalic écrivait:
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> le contribuable n'est pas bête. Il a accès à l'information.
> Et il sollicite massivement les médecines alternatives que tu le veuilles ou non.
Et c'est ça le pire....
Remarque, y'a des gens moins cons que les autres...
31/05/2010 à 19h59
Cette "antepathie" n'est que le retour de balancier aprés une époque (jusqu'à vers 1973) où le progrés matériel, l'éducation, etc, allait nous apporter le bonheur, on en était sur.
Essayez de voir sur l'INA un reportage des années 60 sur les barres en béton toutes neuves des banlieues qui remplacent l'habitat insalubre pour le bonheur de tous, qui aurait cru que ça finirait comme ça?
Qui aurait cru en 1970 que l'on se disputerait au 21eme siècle pour des histoires de ...religion?!
Qui aurait cru alors que tous les peuples de la terre ne souhaitaient pas forcément la démocratie et la liberté?
Qui aurait cru que tout tournerait aussi mal?
Les illusions de notre jeunesse ressemblent à un paradis perdu.