Tous les forums
langue lésions?
02/06/2011 à 17h18
bonjour,cette patiente ,80 ans, se plaint de douleurs de type brulures
pas de mycose à l'analyse
la gastroenterologue l'oriente vers le maxillo,
langue avec zones de cratérisation ,
la patiente porte une prothèse totale refaite il y a 6 ans
les photos sont basiques mais devraient vous aider
merci de me donner vos avis éclairés
02/06/2011 à 18h00
Ressemble bcp à une langue géographique = glossite exfoliatrice migratoire.
Vérifier si lésion migre car pathognomonique.
Demander au minimum NFS avec recherche anémie biermer ou parabiermerienne ou anémie ferriprive (NFS, Vit B12, folates, ferritine)
Très peu probable que signe de sensation de brûlure soit en relation avec langue géographique dans tous les cas donc ne pas se focaliser sur ce signe.
02/06/2011 à 18h56
merci
,j'avais effectivement vue sur un petit recueil sur les lésions de la muqueuse buccale (lotfi ben Salama)la langue géographique,qu'il décrivait comme non douloureuse.d'où mes doutes;la patiente m'ayant dit que les douleurs la rendait folle.je vais donc lui demander les analyses recommandées .
02/06/2011 à 21h14
Ne pas négliger le "syndrôme de langue de feu", souvent présent chez des femmes plus âgées en relation avec un terrain dépressif connu ou non.
Les patientes décrivent une brûlure de la pointe de la langue qui peut être associée à une irritation mécanique liée à une parafonction, parfois très invalidante.
Un stomato d'ici traite par antidépresseurs (si si ça marche ), si c'est une douleur "supportable" je conseille la propiolis, d'éviter les vinaigrettes et tout ce qui peut irriter les tissus.
Il existe une association loi 1901 qui regroupe ces patients en rapport avec des centres hospitaliers anti-douleurs.
02/06/2011 à 21h44
à première vue c'est une stomatodynie/glossodynie assez typique.
l'aspect de langue géographique n'est pour moi qu'un épiphénomène.
pas de traitement fiable à ce jour.
je dirais plus qu'il faut éviter des traitements médicamenteux ou tout agent local.
une petite prise de sang par acquis de conscience comme mentionnée plus haut.
et puis un peu discuter avec le patient, gratter en surface. s'intéresser un peu aux conditions de vie actuelles, relations familiales. patient souvent cancérophobe => rassurer.
évolution favorable spontannée mais ça peut prendre 3 ans.
--
Canin
02/06/2011 à 22h20
Il peut s'y ajouter une glossodynie.
Tu peux faire un interrogatoire orienté psy(changement dans la vie personnelle...)
La douleur peut disparaitre au cours d'une activité et repas.
Un des ttts est le Rivotril. Je ne me souviens plus de la poso mais ce sont des gouttes directement sur la langue.
Sinon ok pour la langue géographique.
03/06/2011 à 00h44
Hebken écrivait:
----------------
> Ne pas négliger le "syndrôme de langue de feu", souvent présent chez des femmes
> plus âgées en relation avec un terrain dépressif connu ou non.
"Le syndrome de langue de feu" n'existe pas en tant qu'entité médicale. Je pense que tu veux sans doute parler du syndrome de sensations de brulure buccale (SSBB) décrit par Van der Waal que l'on dénomme Burning mouth syndrom chez nos amis anglosaxons.
Cette pathologie n'est pas nouvelle puisque dérite par Vigier au XVI° siècle sous le terme rhumatismus linguae... Pour autant elle est mieux connue aujour'hui où toutes les dénominations glossodynies, glossopyrosis, dysestesthésie linguale, paresthesie buccale psychogène etc.. doivent être abandonnées du fait de leurs insuffisances.
Il faut préférer le terme de paresthésie buccale d'origine médicalement inexpliqué ou paresthésie buccale idiopathique.
Il existe une dichotomie entre 2 écoles scientifiques : L'une se positionne en considérant que le symptome de sensations de brûlures buccales est une composante d'un syndrome anxio-dépressif et une autre école (Lamey et Lamb, Bergdhall, Lewis...) que ce symptome n'est pas une composante d'une dépression à masque somatique.
La deuxième école s'appuie sur des études qui montrent que 45% des patients atteints de cette pathologie ne répondent pas à la définition d'anxio-dépression à l'aide de multiples tests psychométriques... On ne peut donc pas imputer cette cause à au moins 45% de patients qui pourtant se plaignent de ce symptome.
Le malheur vient du fait que la première école principalement "française" est reprise par des praticiens aussi honorables que R. Küffer ou J. Samson...
Il ne faut pas perdre de vue qu'une étiologie inconnue ne le sera pas toujours et qu'il est sans doute possible de démembrer cette pathologie mal cernée actuellement.
Le propiolis n'est pas très scientifique mais peut fonctionner (décrit par l'association "Langue de feu").
En revanche on peut essayer un Antidépresseur tricyclique : ANAFRANIL à dose pleine ou non et RIVOTRIL 2mg à dilué dans un peu de bain de bouche pour faire un bain de bouche sans avaler (intérêt du bain de bouche).
Le traitement par RIVOTRIL se base sur des travaux qui montreraient une diminution des récepteurs aux benzo en bouche.
Le traitement par ANAFRANIL joue plus sur les centres de la douleur et de la dépression qui sont intimement liés d'où l'usage à dose pleine ou non selon l'étiologie suspectée.
03/06/2011 à 12h18
revue la patiente ce matin pour retouche sur une de ses prothèse, cratérisations moins marquées mais langue qui "pique"..(salive très collante).
prend du QVAR( cortisone voie buccal) pour asthme
m'a effectivement posé la question sur possible KC...
prélèvement en culture, résultat dans une quinzaine.
merci.
03/06/2011 à 17h55
La stomatodynie est caractérisée par une douleur spontanée et continue à type de brûlure, associé à une allodynie mécanique, localisée à la muqueuse bucco-pharyngée et sans cause organique connue. La localisation linguale est la plus commune. Il est nécessaire de la différencier des brûlures buccales symptomatiques ( anémies, carences, candidoses …).Classiquement elle est bilatérale et symétrique . Brûlure et dystestésie représentent la plainte principale et sont souvent associées à une dysgueusie et à la perception d’une salive anormale. L’intensité peut être extrême ou simplement génante. Classiquement, durant la mastication, la douleur diminue et peut disparaitre. Par contre, un repas épicé, poivré, acide, salé aggrave la sensation de brûlure. La fréquence a été estimée à 0,7% de la population adulte avec 3 à 21 femmes pour un homme. Les femmes sont en général ménopausée ou en cours de ménopause (âge moyen de 60 ans). Des désordres psychiques ( dépression, anxiété, cancérophobie) sont également rencontrés, parmi lesquels l’anxiété semble dominante. Du fait de l’absence de cause somatique objectivable et de la population concernée, le milieu médical a longtemps exprimé une attitude de rejet en considérant ces douleurs comme des « douleurs buccales psychogènes ».
D’après le livret de la Réunion de l’Ouest Parisien, « la douleur et le patient douloureux » du Jeudi 24 Septembre 2009Extrait de « Douleur orofaciale sans lésion bucco-dentaire : algorithme pour la pratique quotidienne » de Céline BODERE DDS, PhD, Paul PIONCHON DDS, PhD, Alain WODA
03/06/2011 à 21h21
Le livre de référence est de Van der Ploeg pas Van der Waal !
Un problème de liaison synaptique dans ma petite tête sans doute !
04/06/2011 à 10h02
au passage et pour info,
Pr Woda et son équipe ont récemment tenté d'unifier les deux "écoles" citées plus haut :
Journal of Orofacial Pain ;23(3), 202-210, 2009.
--
Canin
17/07/2011 à 16h46
bonjour, résultat analyse de ma patiente:
ferritine OK
vit B12 oK
folates serique OK
vit D2 et D3 Ok
donc pas de carence
revient demain avec demande de traitement...
17/07/2011 à 19h26
donc tout semble aller bien sur le plan somatique,
Qu'en est-il de sa vie perso ??
=> pas de traitement médical !!! tout au plus un suivi ou soutien psycho.
qu'elle évite les aliments qui piquent et qu'elle sorte prendre l'air de temps en temps, qu'elle trouve une activité pour penser à autre chose et qu'elle revienne te dire bonjour dans 6 mois.
--
Canin