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Une mine d'or dans la mâchoire des pauvres (Le Canard Enchaîné)
01/10/2012 à 19h03
Une mine d'or dans la mâchoire des pauvres (Le Canard Enchaîné)
Des dentistes entreprenants croquent à belles dents dans les remboursements de la Sécu.
C'est ce qui s'appelle transformer le plombage en or. Deux centres dentaires installés à Bondy et Aubervilliers, communes qui comptent parmi les plus pauvres de la Seine-Saint-Denis, ne désemplissent pas depuis leur ouverture, voilà deux ans, et font le bonheur de leurs patrons. Ces établissements sont pourtant spécialisés dans l'accueil des plus fauchés parmi les pauvres: les bénéficiaires de la couverture médicale universelle (CMU). Des patients le plus souvent traités en pestiférés, et que nombre de médecins et dentistes refusent tout net, en violation de la loi.
Quel est le secret de ces centres dentaires qui accueillent presque exclusivement ceux dont personne ne veut?
Leur fondateur, Patrice de Montaigne de Poncins, prétend agir de manière parfaitement désintéressée. « Patrice est un saint laïc. Il fait de l'économie sociale solidaire », s'extasie son attaché de presse. Le saint homme, qui n'est pas dentiste de profession mais simple vendeur de produits dentaires, a pourtant compris que la CMU pouvait rapporter gros. Au point d'écrire noir sur blanc, en janvier 2009, dans un document destiné aux investisseurs tentés par l'aventure, qu'ils pourraient gagner en cinq ans de onze à quatorze fois leur mise initiale. Pas mal, pour une oeuvre charitable ... « Jetons un voile là-dessus, c'était exagéré », avouet- il aujourd'hui au « Canard ».
Marmaille pas rentable
Premier avantage de la CMU : c'est la Sécu qui règle l'addition. Le risque d'impayés est donc absolument nul. Deuxième avantage, le client, qui n'a rien à débourser, s'abstient en général de chipoter sur la qualité du travail.
Pour améliorer le rendement, le travail est exécuté quasiment à la chaîne par des dentistes salariés. Par mesure d'économie, les patients sont traités en un minimum de séances, lesquelles peuvent durer plusieurs heures. Patrice de Poncin jure qu'il n'a jamais reçu de réclamations. Enfin, pour maintenir la cadence, les cas d'urgence sont systématiquement renvoyés vers les hôpitaux publics ou les dispensaires communaux.
Associations en toc La loi exige que ce genre de structure soit géré par des associations sans but lucratif. Mais, le plus souvent, ce ne sont que des dents creuses, si l'on ose dire. L'association Addentis dirige les centres d'Aubervilliers et de Bondy (et bientôt de Bobigny), mais ne possède presque rien. Elle loue tout son matériel à une société - à but lucratif, celle-ci - contrôlée par De Poncins. Cette boîte facture des frais de gestion et de relations publiques ... et pompe les bénéfices.
L'un de ses anciens associés, Pascal Steichen, a ouvert sur le même modèle ses propres centres spécialisés à Paris, Lyon, Marseille, Lille ou Bordeaux. Plus prudent que son ancien compère, il jure accepter tous les patients, y compris les enfants. Mais - pas de chance pour les mouflets - ses cabinets sont fermés, eux aussi, le mercredi et le samedi.
Pascal Steichen vise également une clientèle plus large, en proposant la pose d'implants dentaires à prix cassés, mais hors CMU. Notre homme, qui est dépourvu de tout diplôme médical, certifie que ses dentistes peuvent, en une seule séance, arracher une dent et mettre un implant à la place. Une pratique qui fait sursauter de nombreux spécialistes, mais Pascal Steichen renvoie ces "incompétents" à leurs études et jure que « [ses] 33 dentistes sont les seuls honnêtes en France ».
Parole d'arracheur de dents? De toute façon, ces centres dentaires spécialisés dans les soins à bas prix peuvent en prendre à leur aise, car les contrôles manquent singulièrement de mordant. La Sécu s'est abstenue, jusqu'à présent, de les inspecter et préfère concentrer ses maigres forces sur les dentistes libéraux (376 fraudes détectées en 2010). Comme le soulignait la Cour des comptes dans un rapport de septembre 2010, l'Assurance-maladie ne recrute plus aucun chirurgiendentiste conseil depuis 2005.
Quant à l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé, censée vérifier la qualité des prothèses et des matériaux, elle n'ajamais procédé à la moindre vérification. Pas très incisive, donc.
Mais Patrice de Montaigne, qui n'en est pas à son coup d'essai, a inventé d'autres règles pour améliorer l'ordinaire ... Ainsi, dans ses centres dentaires d'Aubervilliers et de Bondy, les enfants ne sont pas admis. Ce genre d'exclusion est interdit par la loi, mais, les gamins, ça rechigne à ouvrir la bouche, ça pleure, ça fait perdre du temps. Et ça plombe les résultats financiers, car, à ces âges là, on ne pose jamais de couronne, de pivot ou de dentier, prestations les plus chères et les plus rentables.
Pour être certains de ne pas être ennuyés par les marmots, les fauteuils de dentiste font, de toute façon, relâche le mercredi et le samedi, et tous les soirs à partir de 18 heures ... Au lieu de soigner des caries pour quelques dizaines d'euros pièce, Patrice de Poncins préfère assurer l'avenir et poser des prothèses au tarif CMU. " Elles lui seront payées entre 230 et 650 euros par la Sécu. "
ndlr : 1/ Les contrôles de l'AFSSAPS existent contrairement a ce qui est écrit ci-dessus (témoin le contrôle effectué en Chine et en France auprès d'un laboratoire de prothèse d'importation)
2/ Les patients bénéficiant de la CMU ne sont pas rejetés par les dentistes libéraux ; ils sont soignés de la même façon que tous les autres patients encore faut-il qu'ils respectent le seul devoir élémentaire qui leur est imposé, à savoir se présenter à leur rendez-vous !
3/ Qui se cache derrière cette société fantôme "loueuse de matériel sans but lucratif" ? Un fournisseur de matériel, un vépéciste....pourquoi maintenir le flou artistique alors que les dentistes libéraux ont une gestion transparente contrôlée.....y aurait-il 2 poids, 2 mesures ?
4/ "33 dentistes honnêtes" selon l'un des fondateurs de ces centres spécialisés (qui ne font que ce qui rapporte)...est-ce à dire que les quelques 38000 autres dentistes en exercice sont malhonnêtes ? Le Conseil de l'Ordre devrait poursuivre les personnes qui profèrent de telles affirmations mensongères....encore faut-il qu'il le veuille !
Hervé Liffran
01/10/2012 à 19h36
Les ndlr sont-elles parues aussi dans le Canard ou seulement sur le site de l'Actu dentaire? la portée auprès du public en serait largement différente.
Si, on en croit le Canard, cette affaire rejaillit encore défavorablement sur toute la profession alors qu'en grande majorité elle condamne ces pratiques.
01/10/2012 à 21h39
Ça ne m étonne qu à moitié ....
Mais chers eugenoliens , savez vous comment fonctionne le système penitencier français ?
J y ai travaillé 2 ans et demi, vous seriez outrés !
En matière de social on ne peut mieux....
Ils sont tous cmu ... Et la , c est pire !
Ce n est pas vous qui dictez et décidez du plan de traitement.... Ce sont eux
Et l état le sait bien....
Ça c est du système social haut de gamme ....
C est le détenu lui même qui dicte son plan de traitement ... Et vous devez vous y plier pour éviter les émeutes dans la prison, pour éviter les agressions du personnel médical ou des surveillants, c est la loi de la taule .... Elle est pas belle la vie....
Si un détenu vous demande un bridge complet tout Céram, même s il n est pas du tout justifié , vous devez lui faire, juste pour éviter le grabuge....
Quand les professionnels et quand l'etat n''a rien a dire face aux jeunes agressifs et aux petits rebelles de banlieue de notre belle société ....
Il est pas beau le système français , elles sont pas super les prisons avec leurs stades de foot, salles de muscu, terrains de pétanque, salles de jeu avec Baby foot, salle informatique et cie....
Et les détenus qui vous disent, allongés sur le fauteuil, des que j ai fini ma peine, je recommence en sortant, je suis mieux loti ici que dehors .....
C est dur à dire , mais il est loin le temps du bagne ....
01/10/2012 à 21h43
Et bien sur, le message passe entre détenus, je n ai jamais fait autant de bridges longue portée qu en prison, ....
C est super quand on est jeune diplôme d aller bosser la bas, on progresse bien en prothèse,
Les stelittes sur attachement gratuit, la Céram de 17 à 27 :0)
Comment avoir envie de retourner bosser pour 1000 euros par mois quand ils ont connus tous ça en taule .....
Et ça ? Ça creuse pas la sécu ?
01/10/2012 à 21h56
Blette écrivait:
----------------
> C est dur à dire , mais il est loin le temps du bagne ....
Ou mais.. pour le sexe, c'est comment ?
Vaut mieux éviter d'être petit, non ?
02/10/2012 à 01h58
Blette écrivait:
----------------
> Et bien sur, le message passe entre détenus, je n ai jamais fait autant de
> bridges longue portée qu en prison, ....
> C est super quand on est jeune diplôme d aller bosser la bas, on progresse bien
> en prothèse,
> Les stelittes sur attachement gratuit, la Céram de 17 à 27 :0)
>
> Comment avoir envie de retourner bosser pour 1000 euros par mois quand ils ont
> connus tous ça en taule .....
>
> Et ça ? Ça creuse pas la sécu ?
Tout cela est absolument exact , j'ai un ami qui y bosse depuis quelques années : tout ce qui est prothétique , fixe ou amovible est gratis ; l'essentiel étant qu'il n'y ait pas de grabuge !!!
Curieusement personne n'en parle .... bizarre non ???
10/04/2013 à 00h37
Purée... je me rappelle maintenant pourquoi j'achetais le Canard.
Faut que je pense à l'acheter demain =)
12/04/2013 à 19h32
Bonjour
Ne voulant pas créer un autre sujet, voici une réflexion d'aujourd'hui:
Je rentre du salon des séniors à Paris ( eh oui , vive la retraite):
3 stands consacrés au tourisme dentaire.
Vous ne pouvez pas vous imaginer la foule devant ces stands.
- Un stand d'implanto dont je ne souviens plus de la provenance/ J'ai menacéla bonne femme qui m'a abordé de prévenir le Conseil de l'Ordre pour publicité déloyale:Elle a tourné les talons.
- Budapest: publicité " garantie à vie": j'ai provoqué un scandale en disant très fort que ce n'était que de la publicité mensongère, de l'arnaque et qu'en cas de problème, les gens n'avaient aucun recours. Un des sbires du stand m'a menacé et je lui ai sorti ma carte pro devant les curieux ébahis. Il s'est carapaté et le stand s'est vidé assez rapidement malgré les cadeaux qu'ils donnaient
- Institut d'implantologie dentaire basé à Elche ( Espagne).: même chose, pris d'assaut par les curieux. Ma femme n'a pas voulu que j'intervienne.
Tout cela pour vous dire que les gens sont fascinés par ces concepts et qu'en France seuls les dentistes libéraux ne peuvent pas faire de pub
12/04/2013 à 20h43
Merci Jacques !!!
Le CNO doit faire de la PUB pour nous puisse qu'il n'arrive pas à endiguer ce fléau.
Le minimum serait de communiquer sur les avantages à avoir recours à des soins prodigués par des praticiens engageant vraiment leur responsabilité.