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Ameli
08/04/2014 à 17h37
un bon rétablissement à toi ameli, de tout cœur et arrête de vouloir retourner au boulot!
09/05/2014 à 16h33
Quelqu'un a t'il des nouvelles d'Ameli ? Après un réapparition furtive et énigmatique , il s'est évaporé de nouveau .Alors ?
21/05/2014 à 20h35
Il faut que je signale que je suis là.. et surtout que je dise merci à tous.
Vous n'imaginez pas l'aspect rassurant, le bien que ça fait quand on est atteint, et profondément démoralisé par un persistant complexe de culpabilité après une épreuve qui vous a mis à plat, quasiment KO à vie.
Je suis maintenant totalement remis, et en parfaite santé, bien que toujours hospitalisé en "journées".., davantage par prudence que par besoin. Je dois, parait-il, dormir beaucoup, et à vrai dire, je ne peux pas faire autrement : si je ne le fais pas, je m'endors n'importe où : je l'ai fait à table au milieu du repas chez des amis, et une fois pendant une conversation avec un copain ! Bof, le toubib m'avait prévenu, ça durera pendant encore un mois, je m'en fiche. Ce qui m'étonne, c'est que je n'ai jamais faim et oublie de manger souvent. Pareil, ça passera surement. Tiens, je n'ai encore rien mangé depuis hier midi, va falloir que je me force un peu ce soir...
Ma culpabilité, dont j'ai fini par me débarrasser, vient de mon premier mois : je ne sais rien, mais j'ai appris, petit à petit, ce qui s'est passé, et je l'admets mal.
J'ai eu un un trauma cranien grave, violent, assorti de fractures, et d'un coma que quelques jours, si j'ai bien compris. C'était début mars. Je ne sais rien de la cause, rien de rien, je n'ai aucun souvenir.
Mon premier souvenir, très court, date de fin mars. Je me suis réveillé dans un hôpital. Je me demandais ce qui j'y faisais : je n'étais ni malade ni blessé, aucune raison d'y être. Je me suis lavé, ai été surpris par des fils de suture sur le crâne et ai pensé à une gaffe d'un coiffeur. Me suis habillé, me suis sauvé, et suis allé au boulot. Je n'ai reconnu personne, me suis engueulé avec des secrétaires incapables de faire un café correct et d'autres parce que mon ordinateur était bloqué.Les pompiers sont venus me chercher et m'ont ramené à l'hosto : j'étais furieux.
Le lendemain, pareil, direction le boulot dès le réveil, retour immédiat par les pompiers.Un médecin me gronde et me questionne : comment ai-je trouvé mon boulot, à pieds, alors que je suis incapable de me promener dans l'hosto sans me perdre ?
Le surlendemain, je suis en rage : je ne veux pas voir les pompiers. Donc, aller en ville, acheter le journal, et boire un jus dans un bistrot. En sortant du magasin, mauvaise surprise, un médecin de l'hosto m'attend et m'impose de rentrer de suite, sinon, il prévient les pompiers. Je suis en pétard, et menace d'informer le directeur de l'hosto : il n'a rien à foutre avec moi, mais doit être dans sa salle de consultation à l'heure-là ! En réponse, il me convoque, je n'ai vais pas, mais y vais le lendemain.
21/05/2014 à 20h38
Ce fut chaud. Très chaud. D'abord, il me dit qu'on est le 25 mars, je proteste, on est le 6. Il tente de me démontrer qu'on est le 25, me montre les dates sur son ordinateur, mon téléphone. Je ne le crois pas. Il me montre un extrait de rapport du CHU : trauma crânien grave, inconscience prolongée... mais j'ai un mal de chien à lire, je n'y arrive pas. Mais je reconnais certains mots. Je suis perturbé. Je retourne dans ma chambre d'hosto, et m'y enferme pendant un jour. Ce n'est pas possible : serait-ce vrai, ce qu'il m'a dit, ai-je raison ou tort ?
J'admets, au bout d'un jour, avec beaucoup de mal, que je peux être en tort : si les dates sont vraies, c'est moi à qui il en manque, des dates.
J'envoie un SMS à une copine, la mispette : "je n'admets pas la gravité d'un trauma que je viens d'apprendre, et suis mal barré pour trouver une réponse ou une guérison, viens me voir, mais je ne connais pas le nom de cet hosto". Une heure après, la réponse "je sais depuis le début, je sais où tu es, mais tu en sortiras maintenant, tu es physiquement fort, mentalement et intellectuellement très fort".
J'ai mis 3 jours à comprendre. Au début je ne savais pas le lire, mais c'est venu. D'abord, je ne me comprenais pas moi-même : pourquoi un message à elle ? c'est une copine que je n'ai pas vu depuis 3 mois au moins, pas une famille, pas une compagne, pas même une maitresse, juste une amie que je taquine ? Pourquoi ai-je envoyé ça à cette mignonne nana, quoique bon médecin urgentiste et pourquoi une telle réponse ? Comment est-elle au courant, et me comparer à Hercule et Einstein, faut pas déconner !
21/05/2014 à 20h40
J'ai commencé à chialer. Qu'est-ce qui m'est arrivé ? Elle est venue le dimanche et a commencé à m'expliquer, à expliquer mes blessures, mon comportement. Et mon début de guérison. Elle m'a confirmé m'avoir escorté au CHU, avoir passé des jours avec moi, elle m'a raconté mes dérives : je ne reconnaissais personne, ni elle ni mon fils, ni les multiples copains qui sont venus. Je lui disais que j'étais en prison, j'étais extrêmement violent en langage, menaçant envers le personnel que je traitais de nazillone pour les médecins-femmes, de gestapistes tous les autres. Je refusais toute nourriture, tout vêtement, destinés à des prisonniers, et pas à moi. J'étais nu, attaché par les pieds et les mains dans mon lit, par prudence et par des menottes. Je faisais de la musculation des bras et des abdos pendant 12h par jour, afin de mieux leur casser la gueule. J'ai engueulé des visiteurs, n'ai pas reconnu mon fils, n'ai reconnu personne mais été gentil avec tous, et les ai invité à bouffer une choucroute dans un troquet...
Quand je l'ai taquinée sur ma prétendue force, elle m'a demandé si je m'étais vu depuis ? que je n'ai rien mangé pendant 12 jours, rien de rien, et arraché les perfs ! Me suis foutu à poil quand elle est partie. Je n'en revenais pas : j'ai perdu 8 ou 9 kg, suis musclé davantage d'un ado ! Y a plus un gramme de graisse !
Je n'y comprenais plus rien, mais tout revenait vite. Je me souvenais du passé et ai appris à relire très vite, et à écrire, mais je multipliais les fautes. Du vocabulaire me manquait, la grammaire était absente. Et je n'avais aucune patience, j'étais extrèmement nerveux, râleur.
21/05/2014 à 20h41
t'aurais pas pris un coup de batte de base ball par des colleurs d'affiche avant les municipales ??? :-))
bon rétablissement
21/05/2014 à 20h43
Au bout de 8 jours, visite au CHU. J'ai commencé par une colère peu polie : 80 minutes d'attente dans la salle d('attente. "vous demandez que les patients vous respectent, mais vous ne les respectez pas, vous être une emmerdeuse" ai-je dit à la professeur... Elle a pété de rire, et m'a invité à m'asseoir et ajoutant que je serai le personnage clé du service pendant l'année, après mes multiples menaces anti-nazies. Je ne savais pas que je la connaissais : je ne la reconnaissais pas. Elle m'a montré une radio, une IRM. Je l'ai regardée, lue. Je lui ai dit qu'elle se gourait de dossier, cette radio là est celle d'un mort ou d'un futur mort. Elle m'a dit : "bonjour, m le mort, vous comprenez mieux pourquoi vous êtes chanceux et nous heureux ? on croyait que vous étiez foutu, et vous êtes en train de guérir à une vitesse incompréhensible et médicalement impossible. Savez-vous que vous ne prenez aucun médicament ?" Je lui ai rappelé que j'avais du mal à lire et à écrire, elle m'a répondu en me montrant d'autres IRM : je suis passé de droitier à gaucher et suis redevenu droitier, donc mon cerveau a compensé et ça va revenir vite, si je bosse.
Je me sentais mal. Pourquoi ? pourquoi moi ? pourquoi aucun souvenir, pourquoi une telle violence alors que je suis un calme et non batailleur, pourquoi une telle motivation, moi qui n'en ai rien à foutre de moi-même ?
Et ma culpabilité est venue, avec lourdeur, pleurs : je me jugeais mal. Je n'y comprenais rien, ni ma violence, ni mes oublis de tout, ni ma propre guérison.
Je pleurais, le soir. Mais c'est passé. Et j'ai bossé. J'ai changé d'hosto, suis allé en interne dans un hosto de réadaptation, puis aujourd'hui en externe. J'y fais de tout, sauf de la kiné : je pète les machines, suis trop costaud et pas du tout handicapé. Je fais beaucoup de psycho, de l'ergothérapie (tests de mémoire), du sport-musculation, de l'orthophonie intensive. Le psychiatre ne veut plus me voir : je suis bon. Le médecin me voit souvent et m'énerve parfois : il vérifie que je connais les mots scientifiques. Il a une excuse, à mon entrée dans le bâtiment, je ne savais plus le mot "stéthoscope" ! Comme il m'a mis de mauvais poil à cause ce manque, je lui ai demandé qui de Platon et Aristote était le professeur de l'autre ? Lequel avait des idées politiques, et lequel avait des idées scientifiques ? J'étais content : à ma faille, je lui en ai collé une !...
21/05/2014 à 20h45
On verra désormais l'avenir. Je le vois bien, je suis en pleine forme, mon esprit est revenu, intact. Il faut juste que je tienne, que je conserve mon temps de sommeil pour garder ma mémoire intacte. Pour le moment, ça va.
Il y a une chose que je n'oublie pas : ma motivation à guérir ne vient non de moi, je ne supporte pas l'égoïsme ; elle vient des autres, de ma rare famille, de mes amis proches, et à un moment, du nonol... A ma première sortie d'hosto, je suis allé chez des amis, avec rien, et une tête à peine calmée. J'ai un peu lu, un peu écrit, avec un pseudo approximatif. Mais ça m'a remis les choses en place, et apporté un calme fou : je renaissais à la vie normale.
Merci. Ne pensez pas que c'est un merci non réfléchi. Si je reviens sur le nonol aussi vite, vous y êtes tous pour beaucoup.
Pas de pot pour certains, je vais recauser... pour dire des trucs qui ne font pas plaisir !
21/05/2014 à 21h25
Ravi de te retrouver Ameli ! Je vois que tu reviens de loin mais la vie n'en sera que plus belle !!! J'avoue que j'étais inquiet , mais je vois que tout baigne alors ,
Bon retour sur nonol !
21/05/2014 à 22h50
Bien le bonjour Monsieur Ameli ! et vas-y rentre leur dans le lard !!ha ha ha ...
22/05/2014 à 00h02
"De Platon ou d'Aristote, lequel a été le disciple de l'autre?"
Devant un chef de clinique, extra, améli!
22/05/2014 à 05h41
Il va falloir que tu actualises la "REVUE DE PRESSE" avec toutes les recommandations de l'HAS et de l'AFSSAPS qu'on a dû louper pendant ton absence!
22/05/2014 à 11h32
Bon retour parmi nous ameli, je constate dans un post d'une autre rubrique que tu as toujours la même verve et la niaque...même pas converti au libéralisme ? ...le cerveau est intact.
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« Dieu se rit des hommes qui chérissent les causes dont ils déplorent les effets. » Bossuet.
22/05/2014 à 12h09
bonjour Ameli,
cela tombe bien que tu sois là , j'avais justement une question sur la ccam,...
non je plaisante évidemment.
ton retour nous fait vraiment plaisir.
ménage toi pour nous revenir encore plus virulent que jamais
23/05/2014 à 01h58
lezard écrivait:
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> Bon retour parmi nous ameli, je constate dans un post d'une autre rubrique que
> tu as toujours la même verve et la niaque...même pas converti au libéralisme ?
> ...le cerveau est intact.
Et bonjour à tous, un bonjour heureux !
Bon, je le dis, mais ne le répétez pas : je suis heureux, content de vivre, en forme et de très bonne humeur. J'ai retrouvé ma jeunesse !
D'accord, sur certains posts, je me donne du mal à montrer une mauvaise humeur, un esprit maussade et grognon, et j'essaie de foutre un peu de m... poliment.
En fait, personne ici n'a le pouvoir de me mettre de mauvaise humeur ! je passe mon temps à rigoler... même quand j'écris des vacheries en faisant semblant d'être en pétard.
J'ai beau voler les plumes à certains, on reste des potes, non ?
On est là pour se détendre, et un peu, peut être, apprendre...
Et pis, j'ai toujours été un libéral. J'ai épousé et divorcé plusieurs fois, et suis très content de mes ex.
Et comme je reste libre et libéral, j'avais un repas galant hier, pas mal, merci, ça ira. Une consoeur, d'ailleurs, mais son sourire m'attire davantage que son boulot.
La liberté, c'est obligatoire.