Patiente alcoolique

Bonjour,

J'ai reçu hier une patiente, qui était noté sur le carnet de rdvs avec un petit logo qui signifie "attention ! ". Je demande à l'assistante des explications et elle me dit que la patiente est alcoolique, adressée par l'ORL.

Bref la dame arrive, très confuse, avec un dossier médical qu'elle me tend. Je le prend et on va au bureau. Je recherche alors la lettre du confrère, pas moyen de la trouver. La dame s'agite et me jure avoir donné deux dossiers en arrivant. Après 5 min de recherche je lui répond fermement qu'elle a oublié son dossier et que je vais devoir appeler l'ORL pour en savoir plus. Elle gémit et pleure, elle a trop mal.

L'ORL m'explique le cas très simplement "c'est une dame pourrie avec une bouche pourrie". OK...

Je la met sur le fauteuil et regarde en bouche... une catastrophe, toutes les dents en vrac, des restes alimentaires de quoi nourrir le tiers monde. Une odeur... je crains rien mais là... Je la préviens que si elle brosse pas plus je la prendrais plus.

Second rdv pour lecture panoramique : je veux préciser une image avec une radio. Elle manque de vomir sur le fauteuil, pourtant je suis plutôt douce. Les mêmes restes alimentaires que la dernière fois.

J'ai ciblé en priorité une dent à extraire (38) et une dent sous couronne métal dévitalisée à retraiter (36). Mais j'ai peur que ça pisse le sang pour l'extraction et je me sens pas capable de faire un RTE dans ces conditions.

Je sais pas quoi faire, pas moyen de l'adresser à la fac c'est à deux heures de route.

et puis , pas sûr qu'elle y arrive !!!

AH.... ne soigner que des gens en bonne santé avec de bonnes dents

zolimome écrivait:
------------------
> AH.... ne soigner que des gens en bonne santé avec de bonnes dents

C'est déjà très bien de ne soigner que des gens qui ont la volonté de se soigner.

Ne soigner que des gens en bonne santé bucco-dentaire n'est pas mon but. Seulement, selon moi, cette dame manque à ses obligations en n'assurant pas le brossage (quelle pérennité des soins derrière ?) et venant au cabinet manifestement alcoolisée (quid de son consentement ?).

Même techniquement je sais pas comment l'aborder sans pouvoir faire de rétros-alvéolaires, avec un état émotionnel totalement instable, une discussion très limitée vu qu'elle ne fait que marmonner et ne m'écoute pas quand je parle.

A coté de ça je soigne un toxicomane en sevrage alcoolique qui s'est bien repris en main, au départ pas facile à aborder car refus de ma part de prescrire des opiacés mais maintenant tout est clair, il brosse, il vient sobre et pas sous influence alors je le soigne, mais lui a mis de la volonté, ce que je ne sens pas chez cette personne alcoolique.

Patient alcoolique = difficulté anesthésique (polynévrite) et risque hémorragique qui peut éventuellement être gravissime: en 15 ans d'hosto, j'ai vu plusieurs cas qui ont bien failli emmener le patient vers la sortie ...

Donc faire un bilan de coagulation dans un 1er temps:
NFS avec plaquettes, Temps de Quick ou TP et TCA (Temps de céphaline activé) + dosage des transaminases (SGOT-ALAT-SGPT-GGT) + phosphatases alcalines pour voir l'état hépatique.
Si trop dégradé il vaut mieux l'adresser à l'hosto.

De même si elle arrive alcoolisée au cabinet ça peut vite devenir ingérable donc là aussi -> hosto où on a +/- l'habitude de gérer ce genre de difficultés (-> toutectomie sous AG au bloc !)

PS: à la fac ... ils n'en feront pas grand chose.

pluton

20/04/2016 à 17h16

+1...tu adresses à l'hosto...question de sérénité pour toi et de sécurité pour ta patiente
"Mme, compte tenu de votre état de santé, je préfère vous adresser à un centre hospitalier qui pourra gérer vos problèmes en toute sécurité pour vous..."

adhoc

20/04/2016 à 18h59

Hosto, deux complets / partiels en gardant les 3 etqques autres piliers sains si possible. Pas la peine que ses dents aggravent son état le restant de sa vie. Elle doit etre entourée.

Guillaume T

21/04/2016 à 02h43

Avec la meilleure volonté du monde, tu ne peux pas aborder en pratique libérale un patient d’addicto qui n’a pas été préparé par une équipe spécialisée.
La prise en charge des foyers infectieux et leur éradication, s’impose, certes, mais tu ne vas pas pouvoir gérer ça en cab.
Manifestement, ta patiente n’est pas « préparée » par l’équipe médicale.
Priorité : PEC en charge de l’addiction, et élimination des foyers infectieux .
L’AG me semble effectivement la meilleure solution d’urgence.
Reste le suivi...

J'ai trouvé quelqu'un pour la prendre sous AG, reste a bilanter ce qu'on garde pour optimiser la prise en charge, merci pour vos réponses.