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Ne bousez plus!
04/07/2016 à 17h21
Dans ma carrière, des poulets, j’en ai pas traité des compagnies. Peut-être un ou deux flicailloux de quartier en vingt ans. Je connais pas bien le milieu. Ni la périphérie d’ailleurs. Ma petite expérience d’usager m’a juste appris un truc : il n’est pas indispensable d’être con pour être flic, mais ça aide.
En tout cas, depuis que j’ai vu le débris qu’est devenu Robert à mi-retraite, j’ me gaffe que le taf est pas sain, surtout pour la santé.
Le pandore subalterne en question a remisé la pelure et le kébour depuis plus de dix piges, mais même en civil, avant toute anamnèse, à cent mètres, on devine qu’il est de la maison. Même pour un malfrat débutant, il est fastoche à détroncher, avec sa grosse moustache sous le tarbouif grumeleux et ses petits yeux rapprochés. Lui, c’est un vrai de vrai, le premier mot qu’il a prononcé, c’est pas « a-reuh », c’est « Papiers ! ». Tellement repérable qu’aucun chef l’a jamais collé à l’agachon ou à la filoche. Il a passé toute sa carrière à faire du bitume, ou le ventilo au carrefour.
Une première fois, lui étant indisposé, sa bonne femme s’était radinée pour faire rafistoler le vieux berlingot de Robert qui fissurait (pas Robert, le berlingot). Avant de refiler l’horreur au labo et d’appliquer mon meilleur taux de culbute, j’avais quand même gobillé l’objet, faut être sérieux. Et ben c’est un modèle unique au monde ! Si Bob est pas passé sous un bus, que j’ me suis dit, c’est qu’il a tâté de la boxe birmane. Il a dû se faire bigorner la mâcheuse par un sacré coup de chausson fouetté ! C’est vicelard, comme conception, un ring, t’as nulle part où te planquer. Alors les ratiches ont volé et l’arcade a plié en haut, à gauche, en traviole et en vrac. Même lui, il doit tourner encore son râtelier dans tous les sens à chercher l’endroit et l’envers avant de l’enfourner.
Six mois plus tard, même plan. Cette fois, j’explique au bigophone à la bourgeoise qu’un rebasage complet s’impose, « ceci, chère Madame, aux fins de réactualiser de façon optimum l’adaptation intime - et, par là, stabilisatoire - de l’artifice dento-prothétique aux surfaces d’appui périosto-muqueuses. » Bref, indisposé ou pas, faut rabouler Robert.
Le jour J, à l’heure H et demie, l’assistante m’annonce l’arrivée du binôme en se pinçant le pif. De fait, ça envoie du paleron à quinze mètres. Que flaire-je ? Qu’hume-je ? Je dirais comme un concentré d’huile essentielle de déripette de bouc, mais en plus âcre. Le temps que Robert arrive à se lever, sa rombière me glisse discrétos dans le pavillon:
« Excusez-nous, docteur, on est en retard, mais mon mari est incontinent, et en plus il a la gastro, vous comprenez… on a dû s’arrêter dans un café…. »
« Ben mon colon ! J’avais bien renifl…, euh, j’avais bien compris, Madame. »
C’est clair, le vioque a expédié les affaires courantes, et les commissions sont dans le filet !
A l’examen général, Robert ne ressemble à rien. Et il est pas de première fraîcheur. La vache ! Trente piges de service, ça vous abîme un bricard. Hors une perte totale de contrôle des sphincters, on note une guibole plus courte que l’autre, un bras mort, la tronche en biais. Au niveau cervelle, déjà qu’il avait pas inventé le fil à couper l’eau chaude, faudrait du dégrippant, la glie à l’air de coller aux engrenages.
A peine la porte du cab refermée, tout l’air commence à emboucaner acide. J’adopte une ventilation superficielle, et je sais déjà qu’on va pas s’étendre.
« Alors, faites-donc voir ça, M’sieur. »
« Voui-voui. »
Le brave pépère, de sa pogne valide, commence par me déposer sur le burlingue sa vieille gâpette de marin, noircie de crasse et de graillon capillaire, erk, puis il tente de se dégrafer le lardeuss. Alors qu’il merdoie sur le premier bouton, je sens l’hypoxie m’emballer le palpitant.
« Gardez-donc votre manteau, y en a pour une minute ! Allez vous installer ! »
« Voui-voui . »
Il est complètement gaga, ma parole ! J’y dirais n’importe quoi, clé de douze ou tarte aux pommes, y m’ répondrait voui-voui !
Une fois le viocard en place, à l’idée de me retrouver le blaire à cinquante centimètres au-dessus de sa couche Confiance emmouscaillée, je panique. En loucedé, je file un coup de spray anti-schmoute dans l’intrados de mon masque et me le colle sur la hure. Aussitôt je suffoque, mais la source toxique arrive encore à me piquer les trous de nase à travers le filtre ! A la volée, je lui plonge une paluche dans le collecteur et lui extirpe le dentier, collé à la purée du mois dernier. J’en peux plus. Je me rue dans le couloir en soufflant : « Je r’viens ! » et claque la lourde derrière moi. Je perçois « Voui-voui. »
Adossé au mur, j’halète trente secondes.
Sans même y jeter un zœil, je vais passer la cochonceté sous le robicot, et je la décape au Cif et à la brosse à ongles. Ah vérole, faut y retourner, alors que j’ai déjà des relents de vomissure au ras des amygdales !
Hyper ventilation, masque, go !
En apnée, je me rue sur le tiroir idoine, sort tout le bourrier à empreinte, spatule à six mille tours minutes un élasto light avec triple dose de catalyseur, j’en entartine l’intrados et lui fourre le tout dans la gobeuse. Il en a plein la moustaka., mais j’ai pas le temps de le débarbouiller. « Serrez-bien les dents, M’sieur, je r’viens ! »
« Voui-voui. »
Aaaah, de l’air !
J’ vous le garantis, mes confrangins, y a vraiment où tourner d’ l’oeil !
Après trois minutes de répit, je refais irruption dans la chambre à gaz, comme qui dirait une dernière entrée en matières, pour lui arracher le berlingue et le pousser vers la sortie.
« Vot’ dame pourra venir le chercher demain soir. »
« Voui-voui »
Si c’est pas malheureux, quand même, de finir les fesses dans la cliche, pour un argousin qu’a passé sa vie à demander des papiers !
04/07/2016 à 18h47
C'est pas fini Robert va revenir pour les retouches le joint périphérique ne doit pas etre au top ! -)))
Tu devrais te mettre à la chasse sous marine en apnée, ca aide dans ces cas là. Si tu tiens 2mn à l'agachon à 20 metres c'est bon tu vas pouvoir soigner Robert sans trop de problèmes ! -)
04/07/2016 à 20h51
Pour les nouveaux (plus ou moins nouveaux)
Pal , toujours modeste, n'ose pas, meme en signature, donner l'uRL de son site, qui présente des extraits de ses oeuvres, un petit miniforum pour chacun de ses textes (ou autre!) et les possibilités d'achat (pas cher, vraiment) de ses textes inclus dans de jolis petits bouquins tres sobres, qui ne déparent pas une bibliothèque, vraiment :-)
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