Tous les forums
Collage composite sur composite
06/02/2018 à 20h00
Salut tout le monde,
Voilà, en fait on sait que quand on fait un composite, les incréments successifs collent entre eux car la couche superficielle de composite - au contact de l'oxygène - ne polymérise pas, du coup il reste une couche de monomères prête à se lier au nouvel apport de composite.
Sauf que depuis quelques temps déjà, je fais quasi systématiquement un IDS (scellement immédiat de la dentine) à la suite de mes préparations de restaurations partielles collées, avec un léger apport de composite flow afin de "régulariser" la préparation et combler les petites contre-dépouilles résiduelles. Je termine par une polymérisation sous glycérine puis je retravaille la marge amélaire pour enlever tout excès d'adhésif/composite à ce niveau avant de faire l'empreinte.
Le composite étant entièrement polymérisé, je me demande :
1/ quel protocole utiliser pour coller sur ce composite déjà polymérisé
2/ quel mécanisme est impliqué
3/ que se passe t'il quand le composite est au contact du gel de mordançage
Pour le moment, lors du collage (Multilink), je nettoie la préparation à la brossette puis je fais le protocole de collage classique (mordançage, rinçage, adhésif, Multilink).
Merci
06/02/2018 à 22h39
J'aimerais bien connaitre ta source pour :
"les incréments successifs collent entre eux car la couche superficielle de composite - au contact de l'oxygène - ne polymérise pas"
06/02/2018 à 23h24
C'est ce que j'entends dire depuis la fac et dans toutes les formations et tous les congrès... Mais je chercherai sur NCBI
06/02/2018 à 23h52
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19595445
Dent Mater. 2009 Nov;25(11):1338-46. doi: 10.1016/j.dental.2009.06.003.
Oxygen inhibition and incremental layer bond strengths of resin composites.
OBJECTIVES:
When dentists light cure resin composite restorations in increments or after contouring the surface layer to shape with a hand instrument the surface layer is exposed to air during polymerization. The presence of an oxygen inhibited resin surface layer may impact on clinical performance. Conflicting data has been produced in vitro regarding this topic.
METHODS:
To shed further light on this subject the current investigation assessed the thickness of the oxygen inhibited layer (OIL) and subsequent interfacial bond strength at various times post-cure of an "initial increment" for a range of experimental and commercial resin composites. The latter included conventional methacrylate-based composites and a novel low shrink Silorane resin chemistry product.
RESULTS:
A decrease in composite viscosity brought about by an increase in diluent monomer content in the matrix for the experimental composite formulations led to increase in OIL thickness. The OIL surface layer thickness for the commercial methacrylate-based RBC specimens cured in air were 19.2+/-6.3 and 13.8+/-5.3 microm, respectively and 9.0+/-6.6 microm for Silorane. No test material exhibited a measurable OIL thickness polymerized in the nitrogen atmosphere.
SIGNIFICANCE:
From the current findings it may be concluded that incremental bond strength is not wholly reliant on surface inhibition since no differences in bond strength following immediate placement were observed between air and nitrogen atmosphere for any experimental or commercial material. For large restorations requiring multiple increments which are placed on fresh material, the bond strength between successive layers of Silorane should be no different to conventional methacrylate materials. Repair and bonding to aged Silorane restorations may be more problematic as inferior incremental bond strengths ensued when addition was delayed.
Bon alors a priori la couche inhibée par l'oxygène existe bel et bien, mais ce n'est pas elle qui explique l'adhésion des incréments successifs car quand tu fais un composite sous azote ça marche aussi...
Une autre étude : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2843537/
J Conserv Dent. 2008 Oct-Dec; 11(4): 159–161.
doi: 10.4103/0972-0707.48840
PMCID: PMC2843537
Evaluation of the effects of the oxygen-inhibited layer on shear bond strength of two resin composites
CONCLUSION
Under the limitations of the present study and contrary to common perceptions, it can be concluded that the oxygen-inhibited layer is not necessary for bonding with the composite resin.
Et une autre : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/20582218
J Conserv Dent. 2010 Jan;13(1):39-41. doi: 10.4103/0972-0707.62635.
Role of oxygen inhibited layer on shear bond strength of composites.
CONCLUSIONS:
The presence or absence of oxygen inhibited layer made no significant difference in shear bond strength of composite resins.
07/02/2018 à 00h44
>Bon alors a priori la couche inhibée par l'oxygène existe bel et bien, mais ce n'est pas elle qui explique l'adhésion des incréments successifs car quand tu fais un composite sous azote ça marche aussi...
C'est bien ce qu'il me semblait ;-)
07/02/2018 à 01h26
L’inhibition de la polymérisation des composites par l’oxygène de l’air a fait l’objet de nombreuses publications et les coffrets haut de gammes proposent en général un gel d’isolation en général à base de glycérine.
Ce problème n’est pas sans conséquence sur la polymérisation initiale des adhésifs avant apport de la première couche de composite . C’est ce qui confère une certaine supériorité aux adhésifs chargés qui ont une couche plus épaisse permettant une réelle polymérisation de la couche hybride.
Les SAM non chargés, s’étalent en couche trop mince ne sont pour ainsi dire pas polymérisés en raison de l’inhibition due à l’oxygène, d’où l’intérêt du flow sur les marges cervicales, de premières couches les plus minces possibles etc …
De fait, « réparer » ou coller sur un vieux compo ne me semble pas très satisfaisant car la liaison entre le monomère et les « vieilles » chaînes polymérisées ne présentant plus qu’un tout petit nombre de terminaisons libres ( de l’ordre d 5% si mon souvenir est bon ) sera forcément le maillon faible de la restauration.
Beaucoup d’auteurs considèrent qu’il est utile de sceller les tubuli sur une prépa sur dent vivante, surtout si on a affaire à une dentine jeune. Le principe semble approuvé, reste la question des moyens, et là, la question du flow peut se discuter… Plus on aura de couches superposées, et plus on induira des risques sur la compatibilité chimique des monomères utilisés ( base Bis GMA, base UDMA etc etc … on s’y perd ). Dans le doute il me semble plus prudent d’utiliser un système cohérent avec des composants compatibles conçu par le même fabriquant.
Il faudrait revoir la littérature sur la façon la plus pérenne de concevoir une barrière étanche
Un mordançage total, un MR2 , une couche hybride polymérisée, certes, mais qui va s’hydrolyser ?
Un SAM après élimination des boues dentinaires qui va juste sceller les tubulis ouverts pour éviter la contamination bactérienne en inter séance et réduire les risque de nécrose ?
Ca se discute, bien sûr.
Très empiriquement, la couche de flow « je ne le sens pas trop ». Polissage et scellement des tubuli, oui ça me parle, je suis ainsi plus tranquille lors des inter-séances . .. et ensuite protocole de collage selon les indications du fabriquant.
Et dire qu’un scellement à l’oxyphosphate de zn pouvait durer trente ans… Il y a des jours ou je m’interroge…
07/02/2018 à 02h43
Salut T4xus, "les incréments successifs collent entre eux car la couche superficielle de composite - au contact de l'oxygène - ne polymérise pas" : c'est bien ça pour moi, il reste des radicaux libres en surface, c'est ce qui permet de pouvoir rajouter une couche de composite sans avoir à remettre de "colle" entre. Et la glycérine qui sert à mettre la surface en anaérobie.
ton IDS (CDI/SDI en français) tu le fais soit avec de l'optibond FL soit avec un sam2+flow, ce qui permet d'avoir une couche un peu épaisse dans les 2 cas
Disons que si tu as une épaisseur de 80µm d'optibond FL, ta première polym va te donner en moyenne une couche d'inhibition de prise de 40µm (la moitié !). Repolym sous glycérine, là tu descend à 10µm. Donc tu as une couche de 70µm d'adhésif performante.
Le jour du collage, après une semaine de temporisation, il peut y avoir une contamination bactérienne de la surface, c'est pourquoi on va "réactiver/décaper" l'adhésif. Le mieux serait de microsabler. Et là, l'avantage du CDI, c'est qu'on a pas une couche d'adhésif de 5µm qui va entièrement dégager... On va pouvoir décaper la surface de notre couche de 70µm d'adhésif performant sans tout enlever..
Bref je m'éparpille, voilà la fin de ton protocole de collage, sans le travail sur la pièce en céramique : sur le pilier :
- micro-sablage rinçage séchage
- total etch 30s rinçage séchage à fond (avantage du CDI, tu fais comme si tu étais sur du 100% émail le jour du collage)
- primer-bonding pas polymérisé (pour éviter que la pièce ne rentre plus) (coffret de collage type variolink avec un adhésif, excite ici si je me trompe pas, dual ou light cure jusqu'à 2mm d'épaisseur de céram..)
- composite : soit charger la pièce de compo flow comme celui du coffret variolink par ex, soit adhésif non polymérisé sur pièce en céram + compo de resto chauffé sur pilier
- placement, polym...
2/ quel mécanisme est impliqué -> pas sûr mais l’utilisation d’un silane assure la liaison chimique entre la surface du composite modifiée par impaction de silice (donc à la silice présente dans le matériau ou déposée par le biais du microsablage) et la résine adhésive
3/ que se passe t'il quand le composite est au contact du gel de mordançage -> pas grand chose je pense !
07/02/2018 à 02h47
et au final, dans mon cabinet, je n'ai pas de micro-sableuse, donc je fais comme junior, je dépolis simplement mon CDI avant de coller (on peut aussi utiliser une brossette avec de la pierre ponce je pense, mais c'est plus compliqué).
07/02/2018 à 07h33
Quand on dit depolir , c est rayer , en fait .
Et cela se fait avec la fraise grain fin si possible et avec un diamant en bon etat .
le but etant de multiplier la surface par les rayures + faire un effet de clavetage .
Si tu passes de l acide fluoridrique , tu fondras les particules de silices et cela augmentera aussi l effet de clavetage .