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Une histoire .. qui nous concerne un peu quand même...
07/02/2018 à 17h16
Lu dans Prescrire Février 2018
"Exercice de littératie
Ces temps-ci je fréquente Paulette, ou Polet75, pôle de ressources en éducation thérapeutique d’Île-de-France . Avec eux je rencontre des gens, soignant·e·s ou non, qui se préoccupent de l’avis des patient·e·s . J’apprécie surtout les patient·e·s . Avec eux pas de discours sur l’observance, la compliance, mais des angles de vue que je n’imaginais pas
Ils ont un nouveau concept : la littératie . Si je comprends, c’est la capacité des gens à s’approprier les informations médicales (écrites, mais pas seulement) pour gérer leurs problèmes de santé . On dit que 60 % des Français ne savent que faire des informations contenues dans un texte de plus de deux paragraphes concernant leur santé . Cela relativise l’intérêt des articles de Prescrire que je leur donne pour les convaincre d’arrêter un traitement .
Le mois dernier, je suis partie une semaine en vacances . En abandonnant une de mes fidèles patientes, qui a une maladie pulmonaire mystérieuse et immunologique (elle dit que c’est de l’allergie) qui la fait tousser plus que de raison, jusqu’à ne plus pouvoir parler ni monter ses six étages . Je l’avais envoyée faire un bilan à l’hôpital, ils ont voulu la garder . Étant dans les Alpes, je ne pouvais pas aller la voir . Un soir elle me dit au téléphone : « On m’a fait signer un papier pour un examen demain, je ne lis pas tu le sais, il paraît que je peux mourir » . Trop tard pour joindre un médecin . Elle trouve un infirmier dans le couloir : « C’est une mesure endocavitaire de pression dans l’artère pulmonaire, par voie radiale ou fémorale . Elle devra rester allongée toute la journée » . Je traduis : « Ils veulent voir si votre poumon fatigue votre cœur, ils vont mettre un tuyau dans vos artères, soit au poignet soit à la cuisse, je ne crois pas que ce soit trop douloureux » . Je l'appelle le lendemain : « Je reste allongée comme ils m’ont dit . Je n’ai pas eu mal, ils ont été très gentils » . Plus tard dans la semaine : « Ils veulent me faire une chimiothérapie parce que la cortisone déséquilibre mon diabète, est-ce que j’ai un cancer ? » . J’arrive à joindre son pneumologue : « Elle est sortie en permission et reviendra pour des perfusions d’Endoxan° » . Je lui apprends qu’elle est encore dans son service . Il va la voir et lui explique, elle est ravie . Après sa sortie, nous reprenons nos repas hebdomadaires (c’est une cuisinière hors pair) . Je monte les six étages en soufflant, elle se moque : «Tu es vieille… » . Puis : « Mes amies sont bizarre, elles me disent des choses qu’on dit à quelqu’un qui va mourir : il faut pardonner, je te pardonne… mais je ne suis pas bête, je sais que je n’ai pas un cancer » . Je raconterai ça à Paulette quand je les rencontrerai…
Martine Lalande"
Ne pas oublier qu'être compris par nos patients est incertain et surtout pas inutile...
07/02/2018 à 17h34
Évidemment que ça nous concerne aussi mais tu le prends ou le temps d’être certain que le patient a bien compris ce dont tu lui parles?
Certes certains « docteurs » sont de sales cons imbus de leur personne mais la plupart du temps c’est le manque de temps pour expliquer et écouter qui fait tout foirer.
Et ce manque de temps est ce la faute au soignant ou à la somme minable octroyée pour une consultation?
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On a toujours le choix mais entre quoi et quoi?
Vas-y boulégue et l'avenir te le dira!
12/02/2018 à 12h51
Nous avons forcément des patients comme cela .
Personnellement, cette histoire m'émeut, tranquillement.
Et puis il y des gens bien, quand même...
12/02/2018 à 13h35
Algi écrivait:
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> Certes certains « docteurs » sont de sales cons imbus de leur personne
je me sens pas trop imbus de ma personne perso.
J’explique tout ce que je fait en continu, ça m’évite d'oublier un truc (la drogue... tout ça). Les patient me demandent de la fermer, ils flippent.
Du coup je chante.... et je me fait insulter à la fin du rdv..
je crois que je vais devenir imbus de ma personne et que je vais plus rien dire ;)
pour rester dans le sujet: il faut tout expliquer. Si le mec à compris et que le ton de ta voix lui convient ( je retrouverais l'étude, c'est plus important que le sens) ça roule toujours et t'as des chocos à Noël.
12/02/2018 à 14h23
Franchement, lardonbis : Génial !! le rapport avec l'histoire du début ne m'apparait pas flagrante ! Mais génial quand même !
J'adore cet idée que ce qui est important pour nous , notre message, n'est pas ce qui compte réellement pour le patient !
Il y a dans le domaine de la psychologie de tous les jours un certain nombre d'étude de ce type : par exemple, celle du "Bon Samaritain" et sur le héros de tous les jours... Je retrouverai les références quand j'aurai le temps...
12/02/2018 à 14h58
on s’étonne de voir certain praticien faire du bof bof bien tranquille et d'autres se faire emmerder par 2 patient par ans pour des histoire de fracture sous I.C et autres truc random alors qu'ils travaillent mieux que 90% de leur voisins.
cette étude vaut ce quelle vaut mais on le ressent tout les jours. Expliquer n'est pas tout, être un bon gars, ça paye plus ;)
la patiente de l'histoire je suis sur que parler avec sa prat, même sans tout capter lui aurait suffit.