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Oubli antibioprophylaxie risque endocardite infectieuse
16/01/2023 à 21h09
Bonjour,
Je reçois un patient ayant prothèse valvulaire (bioprothèse).
Une endo étant necessaire je réalise la cavité d'accès et le revois 3j plus tard pour terminer le traitement (problème d'edt pour se voir avant).
N'ayant pas percuté sur les 2 moments, je réalise seulement en sortant du cabinet que cet acte est contre indiqué.
J'ai cependant réalisé l'endo sous digue et sur dent vivante.
J'ai beau chercher je ne trouve pas le dosage d'amoxicilline à donner au patient pour après l'intervention (6g en 24h en 3 prises ?)
Je sais que j'aurai du faire plus attention, mais j'ai vraiment besoin d'aide svp.
Merci d'avance
16/01/2023 à 21h18
Il faudrait peut être revoir ses bases !!!
Amox 1g par jour pendant 3j et de rien
17/01/2023 à 07h43
Disons que sur dent vivante et sous digue tu risques pas grand chose...
Ça te servira à y penser la prochaine fois...
--
On a toujours le choix mais entre quoi et quoi?
Vas-y boulégue et l'avenir te le dira!
17/01/2023 à 07h52
Cedrix écrivait:
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> Il faudrait peut être revoir ses bases !!!
> Amox 1g par jour pendant 3j et de rien
Comme tu dis...
17/01/2023 à 08h23
sauf que c'est du post op... et la de suite je connais pas la posologie
--
On a toujours le choix mais entre quoi et quoi?
Vas-y boulégue et l'avenir te le dira!
17/01/2023 à 08h46
Ne t'affole pas, tu as fait ton endo dans de bonnes conditions. . Mets une posologie normale , pas un truc de 1 a 3 jours qui favorise les antibioreistances. 6jours 3g/j et c'est du tout bon!
Si tu n'as pas en pharma, clyndamycine ou dalacine 6/j /7 jours.
L'extraction systematique en maladie oslérienne ou autres risques valvulaires ne concerne que les dents avec des problemes apicaux chroniques ou necrose pulpaire.
17/01/2023 à 09h13
De toute façon, tous les patients à pb ont une carte de leur cardiologue qu'ils te présentent avec la conduite à tenir.
17/01/2023 à 10h08
On est quand même là chez un patient à "haut risque".
Les recommandations "officielles" existent, ici c'est trop tard pour une antibioprophylaxie et comme adhoc, pour rattraper un peu le coup 2g à 3 g par jour semblent le plus adapté.
En revanche aujourd'hui la reco c'est 7 jours.
Et rapidement, pas dans 2 jours.
Aucun intérêt de donner seulement 3 jours, plutôt contre-indiqué même.
Après, le traitement a été fait sur dent vivante, sous digue, le risque me semble limité.
--
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& l'aide au choix prothétique.
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17/01/2023 à 10h09
BONNET jc écrivait:
---------
> De toute façon, tous les patients à pb ont une carte de leur cardiologue qu'ils
> te présentent avec la conduite à tenir.
A ma connaissance, ce cas n'existe pas dans les recommandations officielles...
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17/01/2023 à 10h14
L'antibioprophylaxie à postério n'existe pas, par définition.
Je rejoins adhoc, fait une prescription propre, juste pour te couvrir.
Pour rappel, les recos françaises sont délirantes (et normalement devraient changer cette année suite à saisie de la HAS par quantité de collèges de praticiens à la fois dentaires et cardio).
Théoriquement, ton endo était contre indiquée car la HAS considère que nous ne sommes pas capable de garantir une endo en une séance sous digue sur une pluriradiculée.
En pratique, seule la France a des recommandations si strictes, le risque est théorique (jamais prouvé, la seule chose c'est qu'on a retrouvé des bactéries similaires à celles impliquées dans les pathologies dentaires dans les endocardites; le lien épidémio est hyper faible, bien que l'arrêt de l'ATB prophylaxie tenté en grande bretagne semble avoir montré une augmentation des endocardites; donc ils l'ont rétabli); partout ailleurs tous les actes sont autorisés sous ATB-prophylaxie.
Note aussi que la HAS indique que le risque de bactériémie d'une endo sans dépassement est de 0%.
Concrètement: pas d'inquiétude, tu files les ATB uniquement pour te couvrir juridiquement si jamais il fait une endocardite dans les 6 mois à venir; mais il est à peu près impossible que ton intervention puisse faire quoi que ce soit.
17/01/2023 à 10h31
De toute façon je ne vois pas pourquoi vous vous posez la question il n’y a plus d’amox et pour la dalacine ça commence à manquer :)
17/01/2023 à 10h34
Pour les curieux qui ont la flemme de chercher l'argumentaire HAS; en gros on bosse en 2023 sur des recos de 2011 basées sur des recos de 2001 basées sur des recos de 1992; alors que les connaissances ont largement évolué depuis:
La littérature permet de faire les constatations suivantes :
‐ il n’existe pas de preuve tangible quant à l’efficacité de l’antibiothérapie prophylactique [147]. Il est
utile de rappeler que 6000 patients par groupe seraient un minimum nécessaire pour réaliser un
essai clinique contrôlé et randomisé suffisamment puissant [143]. De ce fait, une telle étude ne
verra probablement jamais le jour, sans même parler de considérations éthiques ;
‐ le risque de survenue d’une endocardite infectieuse après un geste bucco-dentaire est très faible
[130-132] ;
‐ les activités quotidiennes (chewing-gum, hygiène bucco-dentaire...) sont associées à la survenue
d’une bactériémie d’intensité comparable aux bactériémies provoquées par un acte bucco-dentaire
[133-137] ;
‐ le risque d’effets indésirables mortels en rapport avec l’antibiothérapie prophylactique pourrait être
plus élevé que le même risque associé à une endocardite infectieuse [148]. Cependant, aucun cas
de décès lié à l’antibiothérapie prophylactique d’un acte bucco-dentaire par amoxicilline n’a été
rapporté à ce jour dans la littérature.
Sur la base de ces constatations, en 2002, la Société de Pathologie Infectieuse de Langue Française
(SPILF) était la première à nuancer les critères définissant la population à risque de développer une
endocardite infectieuse après certains actes bucco-dentaires et, de ce fait, nécessitant une recommandation
d’antibiothérapie prophylactique [145,146]. Cette liste fut encore réduite notamment par la British Society for
Antimicrobial Chemotherapy en 2006 [149], l’AHA en 2007 [150], puis de façon radicale par la revue de
littérature du groupe britannique National Institute for Health and Clinical Excellence (NICE) en 2008 [148].
Selon les auteurs de ce rapport, les publications existantes ne permettent pas de justifier une quelconque
antibiothérapie prophylactique chez les patients considérés à risque d’endocardite infectieuse. Les auteurs
proposent alors un suivi rigoureux chez les patients à risque d’endocardite infectieuse après un acte à
risque, afin de traiter le plus tôt possible les rares endocardites infectieuses qui pourraient en résulter.
Cette proposition, pour le moins radicale, n’a pas été retenue par la plus récente édition de
recommandations appuyée par un groupe d’experts internationaux, à savoir celle de la Société Européenne
de Cardiologie (ESC) en 2009 [127]. Les recommandations issues de cette dernière sont désormais mises
en application par toutes les sociétés nationales européennes de cardiologie. L’Afssaps a pris la décision de
s’aligner sur ces recommandations.
Désormais, dans le cadre de la prévention de l’endocardite infectieuse, l’antibiothérapie prophylactique ne
doit être réalisée que chez les patients à haut risque d’endocardite infectieuse (Grade C) [127].
Chez les patients présentant un risque modéré d’endocardite infectieuse, l’antibiothérapie prophylactique
précédant un acte dentaire bactériémique n’est plus recommandée.
En 2001, les recommandations de l’Afssaps portant sur la prescription des antibiotiques en odontologie et en
stomatologie [1] puis, en 2002, la révision de la conférence de consensus de mars 1992 portant sur la prophylaxie de
l’endocardite infectieuse sous l’égide de la Société de Pathologie Infectieuse de Langue Française (SPILF) [145,146]
reconduisaient la contre-indication de certains actes bucco-dentaires proposés dans le texte de consensus sur la
prophylaxie de l’endocardite infectieuse publié en 1992 [325].
Ainsi, chez les patients à haut risque d’endocardite infectieuse, l'anesthésie intraligamentaire, l’amputation radiculaire,
l’autotransplantation, la réimplantation, la chirurgie périapicale, la chirurgie parodontale, la chirurgie implantaire et des
péri-implantites, la mise en place de matériaux de comblement et la chirurgie préorthodontique des dents incluses ou
enclavées sont contre-indiquées ou formellement déconseillées. Quant aux soins endodontiques chez les patients du
groupe à haut risque d’endocardite infectieuse, ils doivent être exceptionnels. Ils ne peuvent être réalisés qu’après
vérification de la vitalité de la dent par les tests adéquats, sous digue, en une seule séance, en étant sûr que la totalité
de la lumière canalaire est accessible. Ce traitement doit donc être réservé aux dents monoradiculées et, à la rigueur, à
la première prémolaire si les deux canaux sont accessibles. La séparation des racines est un acte à éviter autant que
possible et n’est autorisée qu’en l’absence de toute atteinte parodontale [145,146,325]. Les pulpopathies, les
parodontopathies et les traumatismes nécessitent l’extraction. La séparation des racines est un acte à éviter autant que
possible et n’est autorisée qu’en l’absence de toute atteinte parodontale.
17/01/2023 à 10h57
Gabzou écrivait:
------
> Pour les curieux qui ont la flemme de chercher l'argumentaire HAS; en gros on
> bosse en 2023 sur des recos de 2011 basées sur des recos de 2001 basées sur des
> recos de 1992; alors que les connaissances ont largement évolué depuis:
>
Il y a des recommandations pour les patients à "haut risque" que personne ne semble contester, ensuite il y a les cas de patients à risque faible où il serait possible de ne pas donner d'AB mais je pense que les praticiens se couvrent "au cas où", personne n'a envie de se voir mis en cause...
Il me semble que la HAS devait sortir un truc en fin d'année 2022 mais on ne trouve rien actuellement.
https://docudent.fr/wp-content/uploads/2021/12/Endocardite-infectieuse.pdf
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17/01/2023 à 11h16
bill écrivait:
----
> Gabzou écrivait:
> ------
> > Pour les curieux qui ont la flemme de chercher l'argumentaire HAS; en gros on
> > bosse en 2023 sur des recos de 2011 basées sur des recos de 2001 basées sur
> des
> > recos de 1992; alors que les connaissances ont largement évolué depuis:
> >
> >
> Il y a des recommandations pour les patients à "haut risque" que personne ne
> semble contester
Cela relève plus du chamanisme qu’autre chose :))) il y a quelques chamanes qui se réunissent, qui jettent des osselets en l’air et qui décident que tel ou tel acte peut se faire , avec antibioprophylaxie ou non selon l’humeur du moment et de la position de terre vis à vis de la lune.
17/01/2023 à 11h22
Dans le document que j'ai mis ce sont les reco résumées de 2021 de la HAS.
Tu n'es pas obligé de les suivre si tu penses qu'elles ne sont pas adaptées.
On viendra te voir au parloir... :-))
--
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17/01/2023 à 14h02
Pour être exact Bill, ton document est une note de cadrage qui entérine la production de nouvelles recommandations, ce qui confirme que les recos actuelles étaient inadaptées et à réévaluer. 2022 c'était le retour des experts, d'où ma mention de changements qui devraient arriver en 2023, effectivement. Doc très sympa d'ailleurs.
Les recos complètes actuelles sont là, avec l'argumentaire dont j'ai cité des extraits:
https://ansm.sante.fr/actualites/prescription-des-antibiotiques-en-odontologie-et-stomatologie
Il n'y a plus de risque faible depuis longtemps, ni de risque élevé d'ailleurs. Il n'y a plus que 2 situations à risque avec ATBprophylaxie systématique: l'immunodépression dans 2 cas spécifiques (Deux catégories de patients ont fait l’objet de recommandations spécifiques : d’une part, les patients sous anti-TNF alpha et, d’autre part, les enfants atteints de syndromes drépanocytaires majeurs) et le haut risque d'endocardite dont nous venons de parler.
Les immunodépressions pour une autre cause, c'est au pifomètre avec le médecin, je rejoins un peu fripouille: "Le risque d’infection locale et/ou générale est désormais lié à tout facteur responsable d’une immunodépression. Lorsque le patient est considéré comme tel, la décision de l’inclure dans cette catégorie de risque doit être prise en bonne intelligence entre, d’une part, le chirurgien dentiste ou le stomatologue et, d’autre part, les médecins concernés. Cette décision continue d’être motivée par le terrain du patient et la sévérité du cas".
Ce qui revient à dire ATB systématiquement pour se couvrir je suppose...
17/01/2023 à 14h58
Et donc, imaginons qu'il faille dévitaliser une 46 suite à une carie ++ chez un patient présentant un haut risque d'endocardite infectieuse........vous extrayez ou pas ?
17/01/2023 à 15h18
bill écrivait:
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> Dans le document que j'ai mis ce sont les reco résumées de 2021 de la HAS.
> Tu n'es pas obligé de les suivre si tu penses qu'elles ne sont pas adaptées.
> On viendra te voir au parloir... :-))
J’ai toute confiance en nos chamanes pour changer les règles d’antibioprophylaxie. La terre , la lune et Mars seront alignées dans quelques années. Ça sera l’occasion pour eux de changer les règles .
17/01/2023 à 15h19
Tkt pas tuxt ,
C’est scientifique ce que je vais te dire.
Si ton patient porteur de prothèse valvulaire se coupe le doigt quand il cuisine, sa bactériémie est de combien ?
Quand il jardine ou qu’il bricole et qui se loupe ? Bactériémie ?
Et est-ce le médecin légiste qui le récupère ? Non.
Et s’il a une gingivite avec un inr à 3 et qu’il se brosse les dents, bactériémie ?
17/01/2023 à 16h32
Tous les ans je vois passer au moins un litige de RCP relatif à l’endocardite infectieuse après soins dentaires. Donc personnellement je préfère appliquer les recommandations même si le risque est très faible que ça va changer l’an prochain.
17/01/2023 à 16h44
sinuslift écrivait:
---------
> Et donc, imaginons qu'il faille dévitaliser une 46 suite à une carie ++ chez un
> patient présentant un haut risque d'endocardite infectieuse........vous extrayez
> ou pas ?
Les recos disent oui. Moi je dis que dans reco, il y a recommandation, pas obligation. Et parfois, quand les données de la science me disent que les recos ne sont pas valables, je suis les données de la science. Et je regarde l'intérêt du patient.
Tout ça pour dire que j'ai fait bien pire. Il y a quelques années, j'ai "retraité" un seul canal (ML oublié par un confrère, pas vraiment un retraitement, plutôt la fin d'un ttt en fait) d'une 36 présentant une lésion périapicale chronique, asymptomatique quand j'ai vu le patient. C'était le dernier calage postérieur du patient; je l'ai prévenu de tout ce que dit la HAS; et proposé de faire le ttt malgré tout. Il m'a dit qu'il me faisait confiance. Fait sous ATB. 3 mois après, quasi disparition de la lésion radiologique, pas d'apparition de symptômes. 6 mois après, plus rien à la radio. C'était son dernier calage molaire mandibulaire, support d'amovible, avec encore 3,5 parois complètes; je n'ai même pas couronné, juste un soin. Pas d'endocardite pendant l'année et demie de suivi avant que je quitte le cabinet.
Je ne l'aurais peut être pas fait si l'hygiène du patient avait été moins bonne, s'il y avait eu d'autres avulsions à prévoir, un autre calage molaire, si la dent avait été délabrée ou si le patient informé m'avait dit non. C'était une décision multi factorielle.
17/01/2023 à 16h49
Gabzou écrivait:
------
> Pour être exact Bill, ton document est une note de cadrage qui entérine la
> production de nouvelles recommandations, ce qui confirme que les recos actuelles
> étaient inadaptées et à réévaluer. 2022 c'était le retour des experts, d'où ma
> mention de changements qui devraient arriver en 2023, effectivement. Doc très
> sympa d'ailleurs.
>
> Les recos complètes actuelles sont là, avec l'argumentaire dont j'ai cité des
> extraits:
> https://ansm.sante.fr/actualites/prescription-des-antibiotiques-en-odontologie-et-stomatologie
Oui exact, j'ai mis ce document car il y a un résumé des reco actuelles (de 2011 effectivement...)
Il y a aussi un document de synthèse (de ces recommandations 2011) que j'ai déjà mis, envoyé par la sécu vers 2014 je crois, avec les posologies et les alternatives possibles en cas d'allergie, en 2 eme intention, etc.
Le problème à mon humble avis c'est que quand tu discutes avec un généraliste qui te dit "pas de souci, allez y" tu penses que si le problème survient ce sera pour ta pomme et donc tu te couvres, même si c'est inadapté.
Les mentalités seront dures à changer pour ceux qui sont en exercice depuis un moment, les récents diplômés seront sûrement moins frileux...
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17/01/2023 à 20h53
Un très grand merci pour tous vos messages, je n'ai quasiment pas fermé l'oeil de la nuit.
J'ai réussi à voir le patient le patient tôt ce matin, je lui ai donné une ordonnance d'1g d'amox sur 10j en me disant que je vais le traiter sur la durée. De plus, je suis supposé le revoir pour un détartrage la semaine prochaine (bcp de tartre) je lui ai bien entendu dis de faire la prophylaxie (2g 1h avant).
Le patient à de tt façon rdv avec son cardio fin janvier afin de faire des prises de sang et de tout contrôler. Je lui demanderai de me faire un retour pour m'assurer que tout va bien.
Je ne ferai pas 2 fois la même erreur , c'est certain ! Encore merci pour vos retours