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Mes patients les plus mémorables... et les vôtres?
12/10/2007 à 02h23
J'ai eu mon compte de patients perturbés:
- Alors que j'étais encore à la Fac:
- une patiente débarque un jour en salle de dépistage accompagnée de deux dames que je pris d'abord pour des parentes à elle; elle était vêtue entièrement de blanc et portait une croix autour du cou; je remplis le questionnaire comme d'hab et elle commence à me donner des réponses qui n'avaient aucun sens, puis me regarde d'un air entendu et sur le ton de la confidentialité m'avoue qu'elle est la Vierge Marie, qu'elle me protège et que "de toute façon, elle n'a pas peur des hommes en blanc ". Un doute émerge lentement dans mon esprit embrumé par une soirée dentaire arrosée la veille et je m'empresse de lui demander: "Est ce que par un curieux hasard, vous ne seriez pas hospitalisée en ce moment ?".
Dans un éclair de lucidité, elle reconnait venir de l'hôpital psychiatrique du coin. Comprenant alors mieux la présence de ses deux "gardes du corps', je commence mon dépistage et là, horreur, elle ne connaissait plus l'usage de la BAD depuis certainement des années, voir deux milles ans au moins si elle disait vrai.Le coeur au bord des lèvres,j'essaye de la motiver à l'usage immodéré de cet ustensile fort utile, mais quelques séances plus tard, démotivé, je finis par lui dire que j'avais entendu des voix qui m'avaient dit qu'il fallait absolument qu'elle se brosse les dents.
Regard en biais de l'immaculée patiente que je ne reverrai plus jamais...
- Un autre jour, toujours en dépistage, une patiente se présente: interrogatoire classique: elle me réponds RAS à chaque question. Un peu suspicieux,je lui demande à la fin de l'interrogatoire si elle avait déjà été hospitalisée: elle me dit alors du bout des lèvres qu'elle est en soin psy (toujous au même hôpital...), qu'elle est maniaco-dépressive, qu'elle s'est jetée deux fois du 3° étage, qu'elle a été admise aux urgences avec un trauma crânien, un enfoncement thoracique, les jambes brisées,qu'elle a avalé une boite de Lexomil qqs jours avant de venir,etc, etc... J'ai donc repris mon questionnaire depuis le début...
- Une patiente un peu (très!) simplette avait l'habitude de venir aux consultations en fin de matinée, après avoir fait des ménages, un bonnet sur la tête, des pantoufles aux pieds, armée d'un balai, d'un seau, et d'une serpillère et faisait le tour du service en hurlant mon nom...
Le jour où j'ai, volontairement je l'avoue, manqué un RV avec elle, les secrétaires de la FAC m'ont maudit pour plusieurs générations...
- Le patient clodo qui se brossait la dent qui lui restait au charbon et au Paic citron en m'assurant que "ça marchait vach'ment mieux que le dentifrice".
En m'installant, j'ai crû que la poisse allait enfin me lâcher: GROSSE ERREUR!
- L'un de mes patients,placé sous curatelle, s'étonnait que je lui ai fait placer des dents blanches sur son appareil: il en aurait voulu des noires!
Il m'explique alors qu'en fait c'est un agent secret, qu'il a vécu en Afrique, que sa vraie couleur de peau, c'est le noir et qu'en fait des chirurgiens lui ont remplacé sa peau.
Alors que je le raccompagne à la porte fermement,il me dit: " vous croyez que je suis fou? ".
Je m'empresse évidemment de le rassurer...
A midi, je le croiserai sur le parking de la Résidence, marchant à quatre pattes entre les voitures pour se cacher et tordant les antennes de radio des mêmes voitures...
Par la suite, il nous laissera plusieurs messages incompréhensibles sur le répondeur qu'il ponctuera systématiquement de ces quelques mots: "nom de code, minou...".
Mais peut être que c'était réellement un agent secret!
- Un autre, toujours sous curatelle, arrivait régulièrement bourré au cabinet en se tenant au mur.
Un jour, il commence à me raconter l'agression dont il avait soi disant été victime la veille, se lève au milieu du soin pour me montrer ses points de suture sur le cuir chevelu, commence à partir à la renverse, tente de se rattraper au rideau et moi dans un réflexe ultime pour préserver mon mobilier lui retire le dit rideau: le bonhomme se ramasse alors sur le coin du bureau en s'amochant les dents que je venais de lui soigner...
J'en ai encore des dizaines comme ça...celles ci sont peut être les plus lights.
Racontez moi les histoires que vous avez vécues...que je me sente moins seul...
12/10/2007 à 14h50
une petite vieille qui vient régulièrement. elle rentre dans le cab où j'ai deux écrans d'ordi; elle "découvre" le 1er (qu'elle a djà vu ...) :
"ooohhhh!!! vous avez la télévision ici! c'est bien , c'est moderne"
" non, madame, c'est l'écran informatique , c'est pour le travail"
elle regarde alors vers l'autre écran
"oooohhhh! une autre télévision , que c'est bien ,ici"
...
un moment après, à la fin du soin " c'est fini, vous pouvez refermer la bouche"
"hé non, je peux pas" dit elle désolée
je m'affole" ah, bon et pourquoi?"
"ben je sais plus comment on fait..."
un autre jour, elle revient, je vais la cherhcer dans la salle d'attente et dit "allez, à nous, on va jusqu'au cabinet" (le couloir fait environ 6 mètres)
réponse " on y va en marchant?"
et là je pense mais ne dis pas :" ben , oui, je préfère, parce qu'en rampant , ça va être plus long"
12/10/2007 à 15h07
une autre (pas en france) se munissait d'une casserole dans laquelle elle se cachait la tête qd on lui faisait des radios.
la casserole anti radiations. franchement, pourquoi s'emmerder avec le plombage des murs ?
une autre ( en france): "il faut absolumment m'enlever tous les plombs de la bouche parce que je me sens mal qd je passe près de mon micro onde...c''est à cause de amlgmes car ils conduisent les mauvaises ondes à travers mon corps et parfois j'entend la radio qd je marche dans la rue..." c'était une vraie patiente dans un vrai cabinet où j'étais remplaçante.
et les bains de bouche avec du ???? ( je me souviens plus du nom, désolée), c'est bien , non? euh, c'est quoi ? c'est à base d'algues et d'argile...!!!!! bain de bouche à la boue.... heureusement, j'avais le masque pour masquer mon sourire.
une autre ( mais c'est pas forcément marrant): évelyne vient pour une rép de sa pap, elle est en minijupe skai noir, bas noirs, etc...je la met sur le fauteuil, j'examine la bouche. je remarque que ce matin, évelyne a les joues floues, un peu grisailles malgré le maquillage. un peu comme mon mec la matin au réveil. barbue quoi. !!! je descend le regard le long du corps d'évelyne : évelyne est un garçon. en tout cas en bas . stupeur! j'avoue que je m'y attendais pas et j'ai été très très surprise. pourtant évelyne était gentille, pas la mauvaise fille. pour ma défense , j'ai pas l'habitude de reluquer les filles donc là j'ai eu un comportement pas très humain, je l'avoue. le top, c'est qu'un jour à la pêche, je siestais tranquille et mon mec péchait. et là arrive évelyne qui commence à se le draguer. et moi, j'étais écroulée de rire, planquée dans les hautes herbes. l'avais péché la baleine, mon homme!!!
13/10/2007 à 03h11
Toujours dans le registre " mais pourquoi ça m'arrive à moi, pourquoi? ":
- Il y a une dizaine d'années, coup de téléphone au cabinet; en l'absence de mon assistante, je décroche: une dame se présente comme une amie de la dentiste qui m'avait précédé et demande un Rv pour son mari; je lui propose un RV deux jours après et là, elle se met à crier: "Mon dieu, mais c'est trop loin,c'est pas possible, etc, etc...'.
Un peu surpris par son hystérie et encore marqué par le semblant de compassion que l'on peut encore éprouver pour les patients quelques années après la Fac, j'accepte de le voir dans l'après-midi.
A 14h00, on sonne à la porte; j'ouvre et découvre un couple d'octogénaires: lui: la lippe pendante, l'air perdu, l'oeil vitreux; elle: les cheveux en pétard, les yeux exhorbités, un affreux caniche frisé sous le bras.
Alors commence une longue plongée dans la 4° dimension, un épisode de X-Files en plus croquignolet: le mari commence un monologue interminable à la vitesse d'un TGV sur sa vie,les dentistes ,la météo, la Sécurité Sociale, la conduite automobile ("et moi je vais vite", me dit-il en mimant un pilote de rallye).
Pendant un quart d'heure, il ne va pas quitter le mur derrière moi des yeux, je ne vais pas arriver à l'interrompre malgré toutes mes tentatives, sa femme se met alors à le frapper à coup de sac sur la tête, en lui hurlant "Mais tu vas la fermer, nom de Dieu!", tout en essayant de retenir Médor qui était parti chercher un coin pour pisser dans le bureau.
Le bonhomme sans s'arrêter de jacter met ses mains sur son crâne dégarni pour se protéger tout en m'assurant " qu'elle n'est pas toujours comme ça" et continue son monoloque avec des mimiques dignes de De Funes à sa grande époque.
Le chien s'empêtre dans les chaises, fait tomber la moitié du mobilier du bureau, sa patronne se met alors en devoir de tirer sur la laisse comme une malade, manquant de peu étrangler le canidé mal embouché, tout en continuant à assommer son mari, lequel, entre deux "aïe, ouille", persiste à raconter à mon mur tout ce qui lui passe par la tête.
Je finis, à bout de nerf, par l'empoigner par le bras, et à l'amener, de force, dans le cabinet et enfin sur le fauteuil tout en surveillant du coin de l'oeil sa mégère de femme et son ahuri de Ran-Tan-Plan frisé.
J'arrive, entre deux tirades, à lui faire ouvrir la bouche et constate la présence d'une dent à couronner; par pure honnêteté,je lui signale et lui conseille de revenir, mais alors dans très, très longtemps pour la faire.
Devant son insistance, je me résouds à lui faire une demande d'E.P.pour sa couronne: sa femme m'arrache alors la feuille des mains en me hurlant que "c'est pas comme ça qu'on fait!!!".
je lui reprends illico la feuille en lui disant de se calmer: crise d'hystérie de la vieille pomme tandis que son mari reprend sa diarrhée verbale et aussitôt, elle se remet à le traiter de tous les noms d'oiseaux.
Je fourre alors la feuille dans la poche de l'acariâtre mémé et les pousse tous les deux vers la sortie: " Puisque c'est comme ça,la feuille vous la remplirez, vous mêmes, adios".
Le vieux réalisant que je les prends pour ce qu'ils sont, à savoir deux timbrés, repart sur les chapeaux de roue:
Lui: "Mais, alors, vous faîtes comme l'autre dentiste; vous nous foutez dehors?"
Et joignant le geste à la parole,il tend son bras en l'air:
"Elle nous l'avait foutu comme ça!!!"
Finalement, ils quittent le cabinet sous les yeux horrifiés d'une jeune et nouvelle patiente qui ne ne reviendra plus jamais au cabinet. Et je croyais que l'histoire se terminait là...Erreur.
Deux à trois ans s'écoulent et, un vendredi après midi, vers 17H, alors que je me livrais à mon loisir préféré, à savoir la descente en apnée mais avec masque au fond d'un pulpe bien nécrosée, j'entends retentir la sonnerie: mon assistante ouvre la porte et là, je crois défaillir: la même voix de névrosée, le même délire verbal: c'est EUX, THEY'RE BACK.
La folle dingo réclame d'être vue tout de suite car, c'est très grave, elle a perdu une couronne en métal sur une molaire et elle ne peut pas rester comme ça, comme le confirme dans son delirium pas très mince le papy. Mon assistante leur propose de revenir le lundi matin, la vieille bourriche éclate en pleurs, son mari, énervé, se met alors en devoir de la tirer par le bras vers la sortie.
Je me précipite dans le bureau bien décidé à les foutre dehors sans RV et je découvre mon assistante, qui ne les connaissait ni d'Eve ni des dents, médusée, ne sachant pas quoi faire, contemplant la vieille, affalée, en pleurs sur le bureau, son mari, agrippé à son bras comme une arapède à son rocher, et lui fourguant au passage quelques coups de parapluie dans les côtes.
Moi: " Allez, Madame,maintenant, vous partez!"
Elle: "Nan, j'veux pas!!!"
Moi: "Ca suffit, dehors maintenant!"
Elle:"trois minutes, je me calme!"
Elle restera en fait près d'un quart d'heure, prostrée sur le bureau, la tête dans les mains, tout en vérifaint du coin de l'oeil si on la prenait au sérieux ou pas.
Finalement, alors qu'il regagnaient la sortie, le mari fait mine d'enlever sa veste pour se battre, agite ses petits bras maigres dans ma direction en m'assurant qu'"il était capable de se battre", puis s'approchant de moi et réalisant que 50 Kgs, 30 cm en hauteur et 40 ans nous séparent me déclare sur un ton badin:" alors comme ça, les affaires ça tourne?".
je les ai vu repartir tous les deux dans leur voiture,comme des fous, c'est le cas de le dire et je me souviens m'être dit: " ceux là,on va apprendre un jour qu'ils ont pris l'autoroute à contre sens et qu'ils ont fait des morts...".
Bon , je fatigue un peu, alors j'arrête pour aujourd'hui mes anecdotes, mais rassurez vous, j'en ai encore plein des comme ça!
Bonne nuit les enfants!
13/10/2007 à 12h42
excellent, sur le fond et sur la forme, naubru 40 :)))
J'ai bien envie de t'envoyer les parents de mes petits patients, tu te régalerais :))
13/10/2007 à 13h32
naubru340 Ecrivait:
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> une dame se présente comme une amie de
> la dentiste qui m'avait précédé et demande un Rv
> pour son mari; je lui propose un RV deux jours
> après et là, elle se met à crier: "Mon dieu, mais
> c'est trop loin,c'est pas possible, etc, etc...'.
> Un peu surpris par son hystérie et encore marqué
> par le semblant de compassion que l'on peut encore
> éprouver pour les patients quelques années après
> la Fac, j'accepte de le voir dans l'après-midi.
erreur grââââve, t'avais pas de Joker!
13/10/2007 à 15h03
Une autre de mes patientes à qui je venais d'extraire une 36:
Elle: "De toute façon, c'est pas grave; les dents, ça repousse..."
Moi, compréhensif malgré l'hilarité qui me gagne:
" Ah, ..., non,ça non, ça repousse pas les dents! Il n'y a que les dents de lait qui sont remplacées par les définitives, mais chez un adulte, non..."
Elle, l'air dubitatif:" Mais si ça repousse, enfin!"
Moi: " Ben non..."
Elle: "Et vous avez pas des livres là dessus?"
Moi, exaspéré: "Je n'ai pas besoin de livres pour vous dire que les dents, ça repousse pas!".
Quelques mois après, elle revient prendre RV.
Au moment où mon assistante prends le planning, elle lui déclare:
"Ah, non, vraiment je peux pas: maintenant que Jacques chirac est mort, je peux pas..."et devant mon assistante médusée, elle repartit comme elle était venue...
Depuis et jusqu'à nouvel ordre, Chichi semble avoir la forme...
13/10/2007 à 15h51
Dans le Sud...le soleil doit taper un peu fort...LOL, je ne serai pas plus précis des fois qu'un patient se pointe sur le forum et me reconnaisse... reLOL
13/10/2007 à 16h23
Dernièrement un patient a refusé les US pour le détartrage au prétexte que ça détruisait les neurones.
A lire cette rubrique c'est contagieux.
13/10/2007 à 16h36
naubru340 Ecrivait:
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> Dans le Sud...le soleil doit taper un peu
> fort...
hallboy, ça va?
13/10/2007 à 16h45
et moi j'ai une patiente qui croit savoir pourquoi elle est atteinte de parodontite......parce qu'elle a eu de gros problèmes relationnels dans une vie antérieure.
n'oublions pas de rajouter cette question à nos questionnaires de santé :))
ah et puis dernièrement une autre me dit en arrivant: "c'est aujourd'hui qu'on pose le filet mignon?" ....faux moignon Madame, faux moignon"
cette m^me dame, en partant , a voulu sortir par la porte du placard coulissant du hall d'entrée!!!...j'te jure!
enfin, çà permet de bien rigoler.
13/10/2007 à 18h33
moi aussi, j'en ai plein qui entrent aux chiottes en croyant sortir du cab... ils ressortent le rouge aux joues! la honte!
13/10/2007 à 18h34
Tant que c'est le rouge aux joues et pas le cigare au bout des lévres...
13/10/2007 à 19h03
et ceux qui s'assoient à plat ventre sur le fauteuil???
yen a un une fois il a fait ça, on a un peu éclaté de rire, il s'est faché, il a fallu appeler la police...
13/10/2007 à 20h49
n'en n'ai vu n'un une fois à plat ventre su' e'l fauteuil AVEC e'l casque e'd la mobylette.
un vainqueur!
13/10/2007 à 21h07
Le patient qui s'assoit à califourchon, façon pilote moto de grand prix, ça m'est arrivé deux, trois fois: à chaque fois, je leur ai expliqué que je ne m'occupais pas des hémorroïdes!
14/10/2007 à 02h31
quoi qu'il en soit, naubru, vu que tu sembles extrêmement averti, je t'adresserai désormais mes allumés et autres neuneus.
faut savoir déléguer, quoi!