Cookie Consent byPrivacyPolicies.comFaut être sec! - Eugenol

Faut être sec!

PAL

26/09/2008 à 14h14

Si y a un truc à retenir en matière de gestion de clientèle, c’est qu’y faut être sec, sinon on se fait bouffer jusqu’au trognon.
C’est l’expérience qui cause. Moi, maintenant, quand je tombe sur un outrecuidant, je lui fait biter rapidos que c’est pas à un vieux singe qu’on apprend à tomber de la dernière pluie !

Illustration : Marad, vingt deux balais et des beurouettes, se présente comme un petit râblé à coup de taureau, le tif noir, ras et dru façon moquette grand passage.
Sur les douze derniers rencards qu’on lui a filés, il a en loupé neuf ! Il a du fion que toute la smala soit dans le fichier, sans quoi on l’aurait lourdé depuis belle lurette.

Et pourtant, entre parenthèses, la smala, faut s’ la coltiner, c’est pas d’ la tarte ! Le vieux, par exemple, c’est Morrrramed, le pire casse-roupettes de l’hémisphère Nord. Vu que ( enfin, attendu que) il est aveugle d’un oeil et non-voyant de l’autre, il déboule n’importe quand, sans prévenir, escorté par la première mémé au grand cœur qui aperçoit le mistouflard brandiller sa canne blanche au milieu du carrefour. On se retrouve avec le boulet planté au milieu du couloir, flanquant des coups de canne dans les murs et le mobilier. Toujours soucieux de pas déranger, il se fout aussitôt à postillonner haut et fort des tirades imbitables, sans points ni virgules, dans une sorte d’espèce de genre de dialecte franco-bédoin. Au début, on a bien essayer de le blackbouler en douceur sous prétexte qu’on n’avait pas le temps, mais gaffe, il est pas à prendre avec du pain sec ! A chaque fois on a eu droit à un sacré schproum, avec vociférations et procès en bicophobie jusqu’à ce qu’on canne ! Comme, en prime, il embaume un mix de jus de kébab et de chaussette de marathonien, nous n’avons finalement d’autre option que de mettre en œuvre, toutes affaires cessantes, le traitement d’urgence triphasé suivant :
Un : tout en le noyant d’amabilités pour ne pas le laisser en placer une, je l’empoigne fissa par la manche et le plante sur la première chaise.
Deux : je fais mine de lui zieuter dans la boulotteuse et lui assure que tout baigne.
Trois : je lui refile un échantillon quelconque. A ce moment-là, il est ravi, j’ai pu qu’à le pousser dans l’ascenseur et appuyer sur le bouton eject.
Je sais pas si vous savourez tout le fignolé de la manœuvre, mais maintenant que j’ suis rôdé, le tout ne dure pas cinq broquilles.

Mais fermons la parenthèse et revenons, si vous le voulez bien, au cas Marad dont je vous entretiendais ci plus haut.

L’autre jour, le zig déboule inopinément en fin d’aprème, comme de juste en plein coup de bourre, tirant pour nous apitoyer une tronche de mendigot cafardeux à faire sangloter un néonazi.
« Chtrô mal, chpeux pô t’nir, fô m’souagner ! »
En dépit d’une extrême envie de l’envoyer loufer vu son pedigree, l’assistante se décarcasse à lui dégotter un créneau le surlendemain, et lui propose même quelque médication anti-douillage en attendant. Macache ! L’autre insiste :
« Meunon, j’ peux pô prendre de câchets, c’est l’ ramadan ! Fôdrait m’souagner maint’nant, c’est pour ça que chui v’nu ! »
Y a pas à tortiller, c’est bien le fils de son père, ce pignouf !
Pour m’épargner un coup de sang aussi vain que délétère, je consens malgré tout à lui inspecter vite fait la grotte, histoire de repérer quoi qui n’y a. En un éclair, je pointe 34, cavitée et posée sur une pêche pourrie, complètement morticrosée.
« C’est quoi, ce pansement ? »
« Ben c’est passque t’étais en vââcances, j’té obligé d’voâr une aut’ deentiste, »
D’accord ! C’est pas de ma faute, mais pas loin ! Bon allez ça va ! D’un seul coup de fraise, pichsssss, j’envoie tout voler, le cavit et la boulette de coton faisandée sous-jacente, puis - admirable conscience professionnelle - j’y passe un coup de goupillon dans le bouillon de culture et lui délivre l’antibio idoine.
« Mais j’peux pô prendre les câchets, c’est l’ râmâdan ! »
« C’est comme tu veux, mahométan… pis pour toi si tu continues à boursoufler de la terrine ! »
Au moment de filer sa carte vitale et son attestation de CMU, le sarrasin reprend son air contrit :
« J’ l’ai pô pris, j’avais trop mâl, M’dame, mais promis, sûr-sûr, j’ l’ apporte lundi ! »

Deux jours après, l’assistante m’informe que le trouduc est arrivé, mais n’a toujours pas ses justifs! Aaaahhh, alors là ! Le piment me monte instantanément des arpions aux portugaises, et je déboule à grandes enjambées dans le sas d’attente, bien décidé à lui retarer les soupapes. Je trouve le foutriquet vautré dans la chauffeuse, le portable sur l’esgourde, hilare, en train de se bidonsker avec un de ses chums ! Chais pas ce qui me retient d’y balancer deux talmouses en travers de la chetron !
« Bon, t’as encore pas tes docus, alors on fait rien aujourd’hui, à moins que tu raques la note cash ! » fulmine-je.
Pensez-vous que ce wisigoth s’aplatirait et se confondrait en excuses ?
« Ouaaah c’est pô grave ! » se marre t-il, « j’ l’ amène la prôchaine fois ! »
« Ecoute, minus, tu te radines ici quand ça te branche, tu zingues rien, t’amène pas tes fafs et en plus, ça te fait poiler ! Tu m’ prends pour un lavedu ? »
« Oaaah non ! » rigole t-il encore comme si je plaisantais, « mais j’y ai pas pensé, c’est pô grave ! »
« Et ben on pensera à ta ratiche quand tu penseras à tes papelards ! Salut. »
« Ouaaah M’sieur, tchi m’ souagnes normâââlment ! Ma parôle que j’ râmène l’ pâpier d’main mâtin, à neuf heures, sûr , pas d’ prôblème, j’te l’ jure ! »
Ce bouffon, acteur-né, a repris en une fraction de seconde sa face de colique. Il me fixe avec le regard implorant d’un Golden neurasthénique, et je sens qu’il est déjà prêt à se jeter à genoux en poussant de déchirants couinements de détresse si je ne cale pas.
« D’acc, mais c’est ta dernière chance. Je m’occupe de ton chicot, mais si on ne te voit pas demain matin à neuf heures pétantes avec ta carte et ton attestation, ou si tu loupes encore un rendez-vous sans préviendre, tu te chercheras un autre dentiste. T’as capté ? »
« Ouaaah pas d’ prôblème ! Neuf heures, chuis lâ, M’sieur, tu peux être sûr ! »

Ca alors !!!! On l’a pas vu !

Le prochain coup, c’est clair, je le jarte. Parce que…. qu’on me prenne pour un con une fois, d’accord . Deux fois, j’ veux bien. Trois, fois, à la rigueur. Quatre fois, admettons. Cinq fois, à la limite. Six fois…..


Kon nx3ojp - Eugenol
tb

26/09/2008 à 14h21

gznial


Dr - Eugenol
JeRis

26/09/2008 à 17h10

... ça a l'air tellement vrai ... on dirait du vécu!

T'inquiète, il va reviendre en urgence, après le carême ... quand il aura de nouveau mal.


PopHip

26/09/2008 à 17h55

"Story of my life", comme on dit en Italie.


Avatar transparent iqadnc - Eugenol
adhoc

26/09/2008 à 20h42

J'attendais le cas Marad, il est venu, merci Pal!


Spriford

26/09/2008 à 23h14

j'me marr'adhoc :-))


Utilisateur banni

26/09/2008 à 23h50

PAL Ecrivait:

>
> Illustration : Marad, vingt deux balais et des
> beurouettes, se présente comme un petit râblé à
> coup de taureau, le tif noir, ras et dru façon
> moquette grand passage.
> Sur les douze derniers rencards qu’on lui a filés,
> il a en loupé neuf ! Il a du fion que toute la
> smala soit dans le fichier, sans quoi on l’aurait
> lourdé depuis belle lurette.
>
> Et pourtant, entre parenthèses, la smala, faut s’
> la coltiner, c’est pas d’ la tarte ! Le vieux, par
> exemple, c’est Morrrramed, le pire
> casse-roupettes de l’hémisphère Nord. Vu que (
> enfin, attendu que) il est aveugle d’un oeil et
> non-voyant de l’autre, il déboule n’importe quand,
> sans prévenir, escorté par la première mémé au
> grand cœur qui aperçoit le mistouflard brandiller
> sa canne blanche au milieu du carrefour. On se
> retrouve avec le boulet planté au milieu du
> couloir, flanquant des coups de canne dans les
> murs et le mobilier. Toujours soucieux de pas
> déranger, il se fout aussitôt à postillonner haut
> et fort des tirades imbitables, sans points ni
> virgules, dans une sorte d’espèce de genre de
> dialecte franco-bédoin.

Bon, alors là, PAL, il va falloir que tu me dises ce que mes patients font chez toi....
Ce sont MES CMUistes, rends les moi ste plait!
Enfin...non, pt'êt pas...;.)


cyberquenottes

27/09/2008 à 10h27

c'est le rocher de sysyphe ???


enfin dans l'genre...


Avatar transparent iqadnc - Eugenol
adhoc

27/09/2008 à 12h42

Un mythe, albert?


Utilisateur banni

27/09/2008 à 13h10

cyberquenottes Ecrivait:
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> c'est le rocher de sysyphe ???
>
>
> enfin dans l'genre...


http://sisyphe.org/spip.php?breve11


Utilisateur banni

27/09/2008 à 13h14

adhoc Ecrivait:
-------------------------------------------------------
> Un mythe, albert?


Un mythe errant après son rocher...
(Bouarf, j'ai déjà fait mieux à vrai dire...;.))