Cookie Consent byPrivacyPolicies.comLe filou pro - Eugenol

Le filou pro

PAL

24/08/2010 à 13h29

J’avais dit à l’assistante :
- « Si jamais je croise un jour c’ t’ enflure, il va regretter d’avoir blousé Pal ! ».

Bon, là-bas, au carrefour, c’est lui ! Je n’ sais pas ce qui me retient… La pétoche, peut-être…je vais plutôt changer de trottoir. Foin de sauvagerie primitive ! Ne nous laissons pas emporter par l’ire ! Laissons la procédure aller à son terme. Faisons confiance en la justice ….

Ouais, c’est ça, casse-toi ! T’as du fion d’être plus balèze que moi !

De toute façon, même si j’étais bâti comme le grand Douillet, j’irais pas l’attraper par le colbac. Y a deux ans, un de mes patients, pourtant maillé comme un bahut breton, a voulu encastrer un marron dans le tarbouif d’un misérable vermisseau qui asticotait gravement sa promise. Eh ben à l’heure qu’il est, le nabot est en cabane, soit, mais c’est Goliath qu’est faisandé six pieds sous terre !
Quelle époque ! De nos jours, les mecs défouraillent la navaja et t’ouvrent la panse de haut en bas pour un regard de traviole ! Ah c’était le bon temps quand on pouvait, sans risquer de prendre une dragée dans le buffet, abreuver le connard d’injures raffinées, « Vil pourceau ! Gueux ! Vilain ! Foutriquet !». Il n’y avait que dans les cas graves qu’on était amené à souffleter le manant. Tiens, si qu’on était en 1706, je m’approcherais de cette fripouille et comme Haddock, j’ y postillonnerais : « Et va donc, hé, pauvre cagou ! Spèce de grinchisseur ! Stellionataire !

Ah cré nom de djiou, ça me reste quand même sur le gésier ! C’est bien la peine d’avoir vingt berges de bouteille odontique ! Sur ce coup-là, je me suis fait madoffer comme un pigeonneau de l’année ! Et encore ! Le plus niais de la couvée !
A ma décharge, il faut quand même reconnaître que cet emmanché nosocomial est un as de l’abuserie et du filoutage. Même le limier du contentieux lui tire sa gâpette de tweed : y a aucun moyen de l’alpaguer ! Sa technique ? Il vit à la colle trois mois avec une niaisouse subjuguée par sa frime - car ce boy est un véritable amuse-girl - il la parasite jusqu’au trognon, puis il s’évapore avec les breloques, les cartes, les chéquiers et l’oseille. Pas de famille, pas de boulot, pas d’adresse !

L’individu, à moitié rastaquouère ascendant bicot, déboule au cab l’été dernier, la vingtaine dynamique, le tif gominé, la face réjouie, super à l’aise et mobile dans son petit costard à rayures et ses pompes vernies. Allergique aux freluquets envahissants qui surjouent dans le jovial et le contentement de soi, je sens déjà mon hémi-face gauche se figer en suspicion tandis que la droite essaie tant bien que mal de maintenir une expression de cordialité minimale. Le félon me bombarde d’amabilités, prétend être adressé par une amie ravie de mes services, puis expose son cas :
- « Alors, voilà, docteur, j’arrive d’Aix-en-Provence pour raisons professionnelles, j’ai des couronnes à faire et comme j’ai une excellente complémentaire- 400% -, je voudrais en profiter. »
Mmouais. On va voir. Ouvre donc la margoulette, margoulin !
Aahhh quand même ! Saperlotte de jarnicoton ! undeutroikatsinsi… seize !! Seize pavés tout compo en mal de silice frittée ! Dans un cas pareil, on retrouve vite des fulgurances en calcul mental ! Seize fois trois mille cinq cent balles égal……vachement de beurre dans les épinards !
D’habitude, pour coller un râtelier de base au péquin, il faut laborieusement communiquer, thèse, antithèse, synthèse, prothèse ! Là, y a pu qu’à ! J’ai déjà déhotté la fraise turbo, mais le guilleret m’arrête :
- « Docteur, je veux être honnête, je ne peux pas avancer tout l’argent, alors je préférerais qu’on en fasse la moitié d’abord, et dès que je serai remboursé, on fera les autres.»
Admirable probité, me dis-je, tant un fripon aurait soigneusement évité d’avouer sa déficience financière en préambule.
Et bien soit, qu’il en soit ainsi ! Paraphe ici, fringant damoiseau, et radine-toi dans trois jours qu’on décortique !
Je décide, en dépit de convictions libérales affirmées, d’appréhender le chantier par la gauche. Dans un souci de productivité maximale, je prends une plombe pour dégrossir, chantourner et chanfreiner les huit ratiches d’un coup, et procéder à une empreinte aussi extemporanée que sectorielle, technique fort économique dont je suis mordu.
Une semaine plus tard, tout est iono-cimenté en quelques minutes, et le résultat, manifestement, comble d’aise le métrosexuel en extase qui se fout à m’entartiner de compliments. Arrête ton cinoche, fayot, et file à la caisse !
Au guichet, toujours frétillant et charmeur, il s’excuse de n’avoir pas encore reçu sa carte vitale. La secrétaire lui refile donc le faf de remboursage modèle classique, présente la douloureuse et lui annonce le coquet montant à cigler.
- « Ah, mais … j’ai expliqué au docteur que je ne pouvais pas avancer l’argent, je viendrai régler dès que je serai remboursé! »
- « Tu t’ fous d’ ma poire ? s’écrie la préposée aux encaissements, nourrie au Pal et dressée par ses soins, avant de lui aboyer, selon la consigne : « Aboule les pépètes illico sans faire de rébecca ou gare au rififi ! »
Mais le scélérat prend un air navro-constipé : il n’a sur lui ni chéquier, ni carte. Sans se démonter, avec des accents de sincérité à vous arracher la larmichette, il se confond en excuses d’avoir mal compris, et promet de revenir dans la demi-heure avec un chèque de son frangin encaissable de suite.
Ça sent le roussi à plein nez, mais que faire sans faire gicler la fressure ?
Alors l’aigrefin s’en va, à tout jamais, et tout sourire :
- « A tout de suite, hein ! ».

On n’a même pas pensé à lui confisquer la feuille de remboursement ! Non seulement ce gibier de potence, j’en ai des furoncles, s’est fait offrir huit cérams, mais en prime, il a dû palper deux patates de sa mutuelle!

Quelques semaines après, je passe un coup de biniou à un pote confrangin pour lui raconter le sketch. Il venait de se faire entuber de deux cérams par le même zigomar !!

Ça console un peu.


Img 3657 cwjvqm - Eugenol
alapex

24/08/2010 à 13h57

Quand t'auras fini de faire de la pub...
http://www.pedigree.fr/produits-chien/produits-partype/produits-complementaires/default.htm


cyberquenottes

24/08/2010 à 14h44

une rentrée dans la bonne humeur ...


Avatar transparent iqadnc - Eugenol
adhoc

24/08/2010 à 18h24

> Alors, voilà, docteur, j’arrive d’Aix-en-Provence <

Deja, je me méfie :-)))

excellent, pal


Images 1 qtgoxf - Eugenol
ciwil

24/08/2010 à 18h53

" C’est bien la peine d’avoir vingt berges de bouteille odontique ! Sur ce coup-là, je me suis fait madoffer comme un pigeonneau de l’année !"

le voleur n'attend pas le nombre des années.
tome V ?


belette

24/08/2010 à 18h56

tome V date de mai 2009 déjà...

^ ... ^
Ô"""Ô
= o = . Tome VI ? :-)


Gaudi parc guell lezard  ntokms - Eugenol
lezard

24/08/2010 à 20h19

J'ai bien mon bréviaire du Capitaine Haddock illustré à portée de main sur ma table de nuit mais je ne connais pas stéllionataire , pourrais-tu nous éclairer un peu plus sur ce terme juridique immobilier, Tabernak !