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La fin des réseaux de soins dans 5 ans
27/07/2013 à 13h15
Vu la déferlante de sujets concernant l'avenant 3, le projet de loi Leroux et les réseaux de soins, il semblerait que le sujet nous donne du souci.
Pour redonner un peu d'optimisme avant la bataille qui s'annonce voici 4 raisons qui font penser que tout cela ne sera plus qu'un vilain cauchemar avant la fin 2018.
1- La Logique Libérale
Depuis des années, tous les praticiens (sauf "conseils" évidemment) se plaignent de la Sécu, de sa Nomemklature périmée, de ses tarifs opposables obsolètes... qui sont à l'origine de tous les maux de la profession. Aujourd'hui, la Sécu agonise, elle est exsangue. Elle va crever, c'est une certitude.
Au lieu de se réjouir, les libéraux que nous sommes sont d'autant plus méfiants du libéralisme d'Etat que du socialisme d'Etat. C'est juste que nous n'y sommes pas encore habitués et que, dans les mentalités sclérosées, le changement fait toujours peur.
L'échec des politiques de tous poils, de tous bords à réglementer tous les aspects de la vie indique que nous n'avons plus d'autre choix que de "laisser-faire". Et que l'on soit sénateur ou patient, quand on manque de clairvoyance, le meilleur moyen pour comprendre que c'est chaud est encore de se bruler!
2- Auchan : la Vie, la Vraie?
Il aura fallu 50 ans pour que l'on commence à comprendre ce que la grande distribution nous a servi comme bouffe cancérigène et nauséabonde, ses services après-vente pathétiques, ses caissières épuisées, ses normes auto-proclamées, ses fournisseurs étouffés et ses zones péri-urbaines déshumanisées. Heureusement pour nous, il faudra moins de temps aux patients pour réaliser les méfaits que les réseaux de soins leur auront collé dans la bouche. La durée de vie des soins dentaires tels qu'ils sont réalisés dans les centres mutualistes, l'incapacité de ces structures à trouver des solutions aux complications (car pas rentables) vont brutalement et rapidement réveiller tous ceux qui auront cru aux vilaines sirènes de la qualité pas chère.
3- Vous en Rêviez : SantéClair le fera
Le plus génial dans tout cela : nos cabinets se re-peupleront lentement mais automatiquement de merveilleux patients. Mutilés mais motivés, pleins de remords et de regrets, honteux d'avoir cru politiques, médias et assureurs et d'avoir autrefois dénigré la médecine libérale de qualité. Ces patients auront besoin d'aide et nous serons là pour les aider. Les autres, ceux qui se plaisent dans les réseaux de soins, ceux qui pensent gagner du temps à être soignés au quart d'heure, ceux que ça ne dérange pas de se faire expliquer le sinus-lift par le premier diplômé de l'Université Don Nessaizou, ceux là ne viendront même plus nous faire perdre notre temps.
4- Au Pays des Aveugles...
Alors, laissons-faire! Laissons les hordes de gogos se ruer dans les centres mutualistes où règne la logique du profit (qui n'est d'ailleurs pas la même chose que la logique libérale). Sous pression commerciale, financière, horaire... les praticiens de ces centres vont créer, jour après jour, la ressource inépuisable de travail que nous aurons à reprendre dans le futur. En attendant la fin de cette tempête, il nous faut garder le cap, coûte que coûte. Nous aurons peut être un peu moins de patients dans nos cabinets pendant les premières années. Est-ce une raison pour se lamenter? Non. C'est plutôt une opportunité pour renforcer nos connaissances, nos compétences techniques et relationnelles, se montrer à la hauteur des données acquises de la science et dignes de la confiance des patients qui nous seront restés fidèles.
Soyez prêts pour la bataille qui s'annonce car elle est inévitable.
Seuls les meilleurs survivront.
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www.thedentalist.fr
27/07/2013 à 16h05
Oui, on se met à la cape en attendant la fin de la tempête.
C'est peut-être le mieux à faire devant le rouleau compresseur qui nous attaque...
Mais cela sous-entend quand même une organisation: il faut bien pouvoir continuer à survivre en attendant.
Comment faire pour continuer à entretenir et améliorer nos savoir-faire dans des conditions économiques défavorables, et des contraintes asphyxiantes?
27/07/2013 à 20h11
Je pense que la dentisterie de qualité à un avenir plus que compromis :
Grâce, ou plutôt à cause de cette avenant , il va y avoir 2 types de cabinet:
-Les cabinets où les praticiens pactisent avec les mutuelles , à gros chiffre d'affaire .
Une liste d'attente à n'en plus finir , de la prothese de qualité plus que douteuse .
Tout le monde y trouvera son compte , les dentistes , les patients et les mutuelles, du moins les premiers temps .
Lorsque la mutuelle aura la main mise sur le dentaire , et que les patients devront tout refaire. Les dentistes n'auront que leurs yeux pour pleurer .
Les autres seront à la retraite pour les plus chanceux d'entre eux .
-D'un autre coté , il va y avoir les cabinets qui se foutent du reste à charge, des remboursements .
Le patient doit correctement honorer un praticien pour des soins de qualité .
Pour commencer à avoir son propre fichier de patient , il faut du temps , de l’investissent personnel , de nombreux efforts , se former continuellement ,etc ..
Les débuts sont difficiles , ces patients qui recherchent cette qualité de soin sont peu nombreux .
Lorsque le jeune de faculté va sortir, fraichement diplomé , il va se retrouver confronter à 2 options :
-Je bosse immédiatement , je gagne une tonne d'argent mais je fais de la prothese bas de gamme .
-Je ne fais que du détartrage dans un cabinet de "standing" et je mange des pates chez maman aprés 6 ans d'étude et un concours .
Je vous laisse deviner quel cabinet sera choisi.
J'ai la chance d'exercer dans les 2 structures :
Je fais facilement 3 fois plus de CA dans le cabinet "mutualisé".
Je me sens plus épanoui dans celui où je me défonce pour les gens sans me soucier des impératifs financiers et les patients sont contents .
Ayant l'impression qu'on est parti pour 10 années de crises , j'aurais tendance à dire que les réseaux de soins ont de beaux jours devant eux .
28/07/2013 à 12h57
alapex écrivait:
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> La foi mon petit , la foi .
May the Force be with us
29/07/2013 à 19h48
Piccalilly écrivait:
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> Comment faire pour continuer à entretenir et améliorer nos savoir-faire dans des
> conditions économiques défavorables, et des contraintes asphyxiantes?
Einstein a dit que" la folie c'est de se comporter de la même façon est s'attendre à des résultats différents".
Alors, voici une piste :
approfondis tes examens cliniques et améliore tes diagnostics : la bouche de nos patients débordent de pathologies sous diagnostiquées. Nous n'en traitons même pas le quart tout simplement parce que les 3/4 restant ne sont pas pris en charge par la Sécu. Est-ce normal? 95% des adultes dans ce pays présente des signes de maladies parodontales. Est-ce normal? Une endo sur deux dans notre pays est mal réalisée. Est-ce normal?
Face à cette crise il n'y a que deux issues : celle par le haut et celle par le bas. Laquelle choisis-tu?
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www.thedentalist.fr
30/07/2013 à 10h39
Je pense que les cabinets et les praticiens membres de ces réseaux de soins n'auront pas d'autre choix que de travailler toujours plus vite pour être économiquement viables et pour absorber la masse de patients. Effectivement, cela risque de faire beaucoup d'insatisfaits...
Le vrai challenge sera pour nous de faire comprendre à ces patients ce qu'est la qualité et quel est son coût. Qui sait comment il faut s'y prendre?
30/07/2013 à 12h04
C'est marrant ce préjugé comme quoi pour etre rentable, il faut faire de la merde rapidement.
J'essaye d'etre le plus rentable possible ( il y a pas de honte a bien gagner sa vie et payer 3 assitantes ) et de faire le meilleur travail possible. C'est pas incompatible.
01/08/2013 à 15h30
jeff écrivait:
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> C'est marrant ce préjugé comme quoi pour etre rentable, il faut faire de la
> merde rapidement.
>
> J'essaye d'etre le plus rentable possible ( il y a pas de honte a bien gagner sa
> vie et payer 3 assitantes ) et de faire le meilleur travail possible. C'est pas
> incompatible.
Ce préjugé est effectivement faux car celui qui ne recherche pas la qualité doit faire face à :
- des patients qui reviennent en masse pour le SAV est qui surcharge le planning donc une perte sèche pour le cabinet
- une mauvaise réputation donc une perte sèche pour le cabinet
- une fatigue chronique et une mort prématurée... donc une perte sèche pour le cabinet.
On entend tout aussi souvent que la qualité coute cher mais la non-qualité coute encore plus cher non seulement aux protagonistes mais à la société toute entière.
Les cabinets qui décideront de jouer le jeu des mutuelles se rendront rapidement compte (mais il sera trop tard) que le modèle de gestion type hypermarché (marge bénéficiaire faible compensée par un grand nombre de consommateurs) n'est pas applicable à la médecine dentaire. Car quand un client de Carrefour trouve que son cordon bleu a un gout dégueulasse il ne le ramène pas à la caisse : il le fout à la poubelle. Un patient qui ne peut pas manger avec sa prothèse, il le fait savoir.
Comme chacun voit midi à sa porte, on peut d'ores et déjà prédire qu'il y aura bien deux types de cabinet dans le futur : les signataires et les libéraux. Arrêtons de penser que la profession va s'unir, lutter, se mobiliser, revendiquer etc.
Même avant les protocoles de mutuelles, les jeunes qui sortaient de la fac avaient le choix entre :
- bosser vite et mal et rouler en Porsche rapidement
- bosser rigoureusement dès le début, lentement, avec peu de patients et donc peu de revenus.
Quand un patient est mécontent il fait savoir à 10 personnes.
Quand un patient est satisfait, il ne le fait savoir qu'à une seule personne.
Faites le compte : la première option est intéressante à court terme. A long terme, c'est la seconde qui gagne, et haut la main!
Vous connaissez le test du marshmallow?
http://thedentalist.fr/le-test-du-marshmallow/
www.thedentalist.fr
01/08/2013 à 16h04
Effectivement nous nous dirigeons vers ces deux modèles.
Simplement 5 ans c'est long, très très long pour une petite entreprise.
Elle a le temps de crever trois fois et le jour où certains se rendront compte que la dentisterie fast food ça marche pas vraiment, nous serons nombreux à avoir deja reveti la casquette Mac Dent.
Face à ce changement de paradigme, il sera très difficile de revenir en arrière voir impossible.
If you can't fight them join them.
Pour le moment faut combattre, nous aurons tout le temps d'etre contraint de les rejoindre.
07/08/2013 à 13h56
Miser sur la qualité de l'accueil, du relationnel avec les patients, la propreté des locaux, la clarté des informations délivrées, le dialogue, le sourire, la disponibilité en cas d'urgence, la ponctualité, la compétence et la fiabilité de l'équipe soignante...
Les patients, qui se comportent de plus en plus des consommateurs (c'est un fait) sont de plus en plus sensibles à ces choses là. Notre métier ne se limite plus à la réalisation pure et simple de gestes techniques dans la bouche des patients. C'est probablement le moment où jamais de tirer son épingle du jeu...