Cookie Consent byPrivacyPolicies.comLes bidochons, le retour - Eugenol

Les bidochons, le retour

doagui

10/07/2014 à 15h52

Je viens de voir un bien joli couple !

Une dame avait RDV en début d'après midi pour la première fois. Elle se pointe donc naturellement avec 15 min de retard.

C'est une dame âgée, je me dis qu'elle se déplace peut-être difficilement, admettons. Je lui fais tout de même la remarque, elle me répond qu'elle ne trouvais pas son sac à main , qui était finalement sous les draps dans son lit (!!!!). Ca aurait dû me mettre la puce à l'oreille dès le début, a postériori je me dis que c'était le moment de m'alarmer !

Je n'ai pas précisé le tableau, la dame n'est pas venue seule, mais avec son fils... lui-même accompagné d'un petit chien. Une espèce de bâtard émacié maladif détrempé qui pue à 20m. J'invite la dame passer en salle de soin, tournant bien le dos au fils, pensant naïvement qu'il lirait entre les lignes, mais que nenni, il s'apprête à rentrer aussi ! Je lui dis que non, définitivement, un chien dans ma salle de soin c'est pas possible, il me répond '"ah bon, bah y'a bien une salle d'attente alors"... Les cons ça ose tout, c'est bien connu ! Je lui dis que oui mais non, le chien n'entrera pas non plus dans ma salle d'attente toute belle et toute propre, et qu'il faut l'attacher à l'extérieur. Réponse immédiate : "ah bah non moi je peux pas la laisser seule", qui déclenche immédiatement un "et bien vous n'avez qu'à sortir également lui tenir compagnie" bien sec de ma part.

Le mec ronchonne et se dirige vers la sortie en maugréant.

Je demande à la dame ce qui l’amène. Elle dit qu'elle est gênée par quelque chose de coincé entre les molaires en haut à droite (vous voyez la scène, avec le doigt qui soulève la joue pendant qu'elle parle, genre "mais si docteur, regardee, LA!"). Je fais bien exprès de ne pas quitter ses yeux du regard. C'est décidé, je refuse de regarder dans la bouche des gens en dehors du fauteuil, sinon c'est la porte ouverte à toutes les fenêtres ! Elle s'installe donc sur le fauteuil, en marmonnant "ah oui c'est vrai, faut s'allonger, c'est pas agréable...". Un bonheur de la recevoir qu'on vous dit !

Elle ouvre et là, c'est le drame. Une horreur infâme, un truc immonde, une infection abominable, des vieux chicots mobiles recouverts de tartre, un parodonte en guenilles, des morceaux de saucisson dans tous les espaces imaginables. Je lui dis "ah bah oui en effet, il y a des petites choses coincées oui !". Je réajuste bien mon masque, je sors des lunettes de protection (si une goutte de salive sortant de cette bouche devait me toucher je crois que je pousserais un cri), et j'entame le chantier, détartreur à la main.

Et là c'est parti pour le concert. Et vas-y que ça mouille de trop, et que ça vibre beaucoup, et que ça fait du bruit, et que y'a trop d'eau dans ma bouche, et que c'est pas sur cette dent-là que je vais ai dit, et que vous avez même pas de crachoirs, et que je veux un mouchoir pour y foutre mon glaviot, et que non je vous rend pas le mouchoir pour le jeter parce qu'on a pas encore fini et que vous avez même pas touché à la dent que je vous ai dit, et que je vous ai dit que j'avais pas mal par là, et que je comprends pas pourquoi vous vous occupez pas de la dent qui me gêne, et que et que et que...

La chieuse de compétition !

Je laisse tomber mes idées saugrenues de vouloir lui récurer tout le bec et je lui fais sa 16. Et bah non, ça ne va pas pour autant, Madame sait qu'il reste quelque chose sur sa dent, elle le sent qu'elle me dit. Je lui assure que je sais encore ce que je fais et que non il n'y a rien, je lui tend un miroir pour qu'elle voit d'elle-même (facile de voir, y'a des diastèmes assez larges pour passer la spatule de bouche de biais), elle refuse, ça ne l'intéresse pas de regarder, elle SENT qu'il y a quelque chose !

Là je perds patience, je lui dit que non non non, foi d'expert en décapage oral, il n'y a plus rien sur cette dent-là (le reste ça... c'est un autre débat) et je la redresse avant qu'elle ajoute quoi que ce soit. Je l'accompagne vers l'accueil et hop hop hop, dehors tout le monde.

Je tombe alors sur son fils qui bien sûr a trouvé que dans mon escalier on était beaucoup mieux que dehors. L'assistante était à la sté, elle ne l'a pas vu embaumer tout notre accueil avec la puanteur de son clébard qui moisit sur pattes. Trop tard, le mal est fait, l'air est vicié, les rideaux sont imprégnés, les plantes ont trépassé, l'encre des stylos a viré a l'ocre et tout le consommable dentaire a périmé instantanément. Le drame est arrivé. Les bras m'en tombent, je jette l'éponge, je refile le bébé à l'assistante en lui disant de me virer et l'un et l'autre.

Elle fait la paperasse et fait régler. Puis me glisse à l'oreille qu'à son avis c'est pas le chien mais bien le fils qui refoule.

Sale journée.


Dsc05680 medium aphmfg - Eugenol
BasArtDentaire

10/07/2014 à 16h15

Raconter votre histoire à du faire autant de bien, que j'en ais eu à la lire.

C'est le genre d'histoire qu'on a tous de temps en temps (pas trop tout de même).

Je perçois tout de même une faille... ou un oubli dans l'histoire. Expliquer ce qu'il en ait de l'état, de ce qui va être fait.
Sa évite d'aller plus loin parfois.

Toutes mes condoléances pour vos plantes. Au sujet de l'odeur, j'avais ouvert un post pour aider à faire partir l'odeur de clope...


Index vakr2r - Eugenol
pgc

10/07/2014 à 16h30

Je soigne un monsieur en ce moment qui schlingue atrocement.
La dernière fois j'ai mis de l'HE de laurier dans mon masque ce que je n'avais jamais eu à faire depuis que je fais ce métier. Mais les pieds+ la sueur + les dents pourries c'était à tomber.
J'ai passé tous mes WE d'enfant à la campagne, et mis à part les charognes, aucune odeur ne me fait reculer habituellement, y compris les abattoirs, les étables, le tas de fumier et les porcheries. Pourtant les gorets c'est du costaud en été.
On a droit à sa femme pour payer à chaque fois, et à eux deux c'est vraiment violent.
Lundi ils sont venus et ça ne sentait presque rien.
J'en conclus qu'ils se lavent le dimanche.
Donc: donner RV en début de semaine, surtout en été.
Amis de la poésie, bonsoir.


malaire

10/07/2014 à 16h39

Le pire que j'ai eu dans ma carrière c'était à l'hosto: une patiente entrée aux urgences avec un début de septicémie causée par une prothèse ...
Effectivement, en bouche, un stellite avec deux selles postérieures libres complètement enfoncées dans la gencive, on voyait à peine les dents et sans la pano j'aurai eu bien du mal à voir ce que c'était, les crochets sur 33/43 complètement enfoncés impossible à sortir.

Ni une ni deux j'extrais les deux dents support en coupant les crochets, mais le stellite ne vient toujours pas ... obligé d'inciser de part et d'autre pour sortir le berlingot comme pour faire un approfondissement du vestibule.
En dessous, une puanteur avec des asticots qui grouillaient: l'aide soignante des urgences qui était montée avec la vielle dame a vomi dans le cabinet et moi j'étais à la limite de gerber aussi.
Avec tout ça une méga hemorragie tellement c'était enflammé: ça pissait de partout, avec du sang qui lui coulait de la bouche malgré l'aspiration: une horreur.

On en a bien rigolé avec le recul mais sur le moment c'était pas triste.


Sinon en cabinet, les gens qui puent: je leur dit directement et je les préviens que s'ils sentent aussi mauvais la prochaine fois je ne les reprendrais pas. Et ça marche.

En plus pour la notoriété du cabinet, quelqu'un qui pue en salle d'attente, ça la fout mal.

On est déjà assez emmerdé par l'administratif, la CaCame, les PCR, le devis de mes deux et toutes les autres conneries qui nous sont tombé dessus ces dernières années, sans EN PLUS se laisser emmerder par les patients.
C'est vrai quoi! :-)



burnax

10/07/2014 à 16h49

Aujourd'hui, une patiente ,ex-cmu du marché, "retraitée" insistait qu'il existait une réduction pour les plus de 65 ans sur les soins, que le pharmacien et le médecin le faisaient.

Après une 1/4 heure de discussion tendue, j'ai finalement compris qu'elle parlait de 1/3 payant.Je lui expliquais que ce n'était pas une réduction d'une carte d'abonnement.

En partant, après avoir payé son reste à charge, elle s'exclama," vous voyez bien que j'ai raison, j'ai le droit à ma remise ."


Nouveau image bitmap fz77zh - Eugenol
Sethef

10/07/2014 à 20h05

Marrant, sur les odeurs, je ne suis absolument pas sensible à la transpiration, au tabac, la plupart du temps je ne m'en aperçois même pas.
Mais déformation professionnelle, l'odeur de la paro (si si vous la connaissez aussi) me débecte, je la repère déjà de l'autre côté du bureau. Quand je dis aux patients que je ne pourrais pas les soigner si leur HBD n'est pas irréprochable, c'est au sens propre...


Index vakr2r - Eugenol
pgc

10/07/2014 à 20h25

On dit bonjour, on leur sert la main, et on sait déjà qu'ils ont une parodontite carabinée.
L'avantage c'est que c'est assez facile à faire disparaitre, après la phase initiale ça ne sent plus rien.


Photo pluton1b h9n4ea - Eugenol
pluton

10/07/2014 à 21h33

vous vous souvenez de la pub pour un ticket de la Française de jeux à gratter "vegas", avec les personnages "Brendon et Brenda"?
bein j'ai mes mêmes...mais en vrai et pas des comédiens
le même "style" vestimentaire, le Yorkshire brossé tous les jours mais qui pue la pisse et la merde...et je vous raconte même pas le Beyrouth bucco dentaire....;-)


Darmon - Eugenol
Latin

10/07/2014 à 22h25

Excellent Doagui! Encore!

J'ai fini par virer un petit couple de babaches qui venait toujours à deux, et toujours très en avance, pour bien embaumer la salle d'attente. Une horreur! Si l'assistante les chopait à temps elle les renvoyait faire un tour. Sauf qu'en hiver ils lui répondaient qu'il faisait trop froid dehors. Dans ce cas là insister devient un peu délicat (ou pas!)

Sinon, ce qui m'inquiète c'est qu'après une demi heure de soin, en général on se fait tellement défoncer les récepteurs olfactifs pour qu'on ne sent plus les mauvaises odeurs... Ce qui est assez inquiétant quand votre assistante qui revient de faire la sté vous fait remarquer que là ce n'est plus possible...

Une fois une patiente crasseuse est revenue chercher son sac oublié dans la salle de soins alors que je l'avais déjà décontaminée au désodorisant senteur herbe fraichement coupée sitôt la porte refermée derrière elle. Elll m'a dit sans rire : "tiens? C'est marrant je n'avais pas remarqué que ça sentait si bon chez vous"