Cookie Consent byPrivacyPolicies.comProsopagnosie - Eugenol

Prosopagnosie

6szjws718sv1jksw54v4mpj3a6cu - Eugenol
vulpi

04/11/2015 à 22h45

(trouble de la reconnaissance des visages rendant difficile ou impossible leurs identifications)

Moi, j'en ai connu un, un médecin roumain, je m'en souviens bien.
Mais avant, faut que je dise, je souffre de prosopagnosie. Ma première grosse crise c'était pendant le concours. J'étais en avance, pour me détendre j'ai marché. Et là, dans une ruelle d'Arcueil, un bon copain de lycée, pas vu depuis deux ans. Je traverse, fonds sur lui, tends la main. Le copain y se colle au mur... étrange... à bien le regarder, après le temps de la réflexion, c'était p'tête pas lui, c'était même pas lui du tout! Excuses de mises, une erreur et puis voilà.

Plus tard à Londres, avec une amie nous visitions le musée de la torture. Elle regardait un tableau montrant l'usage des brodequins, un peu long à mon goût, je la prends par la hanche et lui dit "tu viens", et là sur son visage de l'incompréhension, de la peur... ben c'était pas elle. Me suis excusé, pas facile, elle n'était pas française, encore moins anglaise, non c'était une hollandaise! Étourderie, défaut d'éclairage, enfin elle m'a pris pour un dégueulasse.

Mon épouse ça l'agace. Dans les magasins elle voit bien que je cherche quelqu'un. Je lui passe devant, je continue mes recherches... Alors elle me dit "bonjour" et très professionnellement je réponds "bonjour madame", et je continue à la chercher.
En plus, pour elle, c'est du souci. Et oui! Si un jour je me trompai, et que j'en prenne une autre pour elle, j'm'en rendrais pas forcement compte, pour peu que la fille soit malhonnête... c'est du tracas. Ce serait même pas de ma faute.

Ma dernière crise, c'était quand maman était malade. Depuis quelques temps ça n'allait pas fort, et puis un jour hospitalisation, intervention en urgence... Alors j'ai annulé mon après-midi du lundi pour aller la visiter. Maman elle voulait pas, que j'avais du travail, des patients, que ça c'était important. Eh! N'importe quoi! Chez nous on sait ce qui est important, et la mamma c'est important. Suis venu quand même.Et c'est là que je l'ai vu le médecin roumain, ou plutôt le chirurgien roumain. Y a une chose qu'est sûre, un chirurgien c'est pas un médecin, la médecine y connait plus, oubliée. C'était un un petit bonhomme, pas engageant, peu expressif, l’œil clair. Un Poutine des Carpates. Et puis là, ça n'allait pas, pas la bonne référence de bas ou de bandage que mon père avait acheté, que c'était pourtant bien marqué sur l'ordonnance, sauf que l'ordonnance... plus là. J'ai toujours trouvé étrange de disputer un patient la veille d'une intervention, pour une bêtise qu'il n'a pas faite qui plus est.
Pour le chirurgien, il faut reconnaître que j'étais pas impartial, on les connait les roumains dans notre profession, en plus sur nonol on se gênent pas trop pour les débiner, alors forcément j'avais un a priori... un mauvais pressentiment.

Mardi opération, mercredi, jeudi réa pour être sédatée, vendredi retour en chambre, samedi plus de tuyaux, juste une perf. Maman m'a autorisé à venir la voir. Je me suis perdu dans les couloirs, et puis une porte ouverte et dans la chambre maman sur son lit. Je rentre joyeux "bonjour maman". Dans la chambre il y avait quatre personnes qui me regardaient étonnés, moi c'est sûr je les connaissais pas... et puis maman... les cheveux oui d'accord, le reste y avait quelque chose c'était certain, mais c'était pas elle. Me suis encore excusé, je préfère pas savoir ce qu'ils ont pensé de moi, là vraiment c'était délicat.
J'ai fini par la trouvé, nous avons pu discuter, puis j'ai pris congé "à mercredi maman", parce qu'en cette fin de mois de novembre, dimanche c'était paramétrage des plus de la CCAM.

Le lundi, à la visite, le roumain a dit à maman qu'elle sortirait mercredi. Ah la bonne nouvelle! Ses sœurs étaient contentes. Elles avaient perdu un frère un an plus tôt, alors un doublé... Mon père est parti préparer la maison, il fallait, maman elle galopait pas. Et moi j'étais soulagé, je la verrai mercredi à la maison, c'est mieux qu'à l’hôpital, en plus jeudi c'était l'anniversaire de ma dernière, ça tombait bien. Un répit au minimum. Me suis couché soulagé, en plus qu'est-ce qu'on est injuste avec nos Confrères roumains.

Bon, ce qu'il y a c'est que le mardi matin à 10 heures elle était toute morte maman, alors forcément le mercredi elle était pas à la maison, elle avait une bonne excuse.


olivier

04/11/2015 à 23h49

Mes condoléances...