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C'est Pal à peine!
13/06/2016 à 08h06
Faut toujours se méfier du con, dira t-on.
Robin Merdalors est un grand dindon à la mine réjouie qui doit se peigner sans les mains, juste en pétant dans son col roulé. C’est pas le mauvais bourrin, remarquez, il aurait même plutôt une bonne proue au premier abord, mais il se révèle zarbi au second, puis exponentiellement chiatique aux suivants.
Comme il avait posé une rafale de questions imbitables au bigophone, l’assistante lui avait dit qu’il était toujours préférable de voir de vive voix.
Mais j’ai vite senti que j’avais encore tiré l’as de pique :
« Bonjour, Monsieur. »
« Bien, et vous ? »
« ?! …Allez-y, c’est par là. »
« Tant mieux, moi aussi ! »
« ?! »
De taf, le mec est archi. Y a pas de honte. Mais dès qu’il a commencé à me raconter ses séries de méchefs dentaires, j’ai bité que c’était sûrement pas lui qu’ avait inventé le fil à plomb ! Extrait d’anamnèse :
« J’ai un bon ami dentiste qui me suit depuis longtemps, c’est lui qui m’a fait tous ces résinages en amalgame composite, ensuite deux dents à pivot devant, mais presque aussitôt, j’ai fait un rejet. Le maxillo a été obligé de me rogner l’os deux fois. »
« Mais pourquoi vous ne retournez pas voir votre ami ? »
« Eh bien c’est pas que je n’aie plus confiance, mais je trouve qu’avec lui c’est vraiment trop long. Et je voudrais tout remettre en état assez rapidement. »
Mouais…. Le mec a pas une grignoteuse de motivé : tout est dévitalisé sous gisement calcaire, une vraie nécropole, avec des bousards informes de matériaux inconnus et des mognons découronnés depuis des lustres.
Le nazebroque ayant déjà tendance à me baver sur les rouleaux avec ses feuilletons d’ostéopathes, homéopathes, naturopathes et autres poilopathes, je lui moule les deux arcades à la volée et l’envoie fissa en salle pano. Je le congédie aussi sec en lui promettant pour le rencard suivant une communication tout ce qu ‘il y a de magistral, avec exposé, commentaires et budgétisation d’un plan de traitement ultra pro. Il biche.
Au vu de la pano, ceci dit en toute confranginité, le pote du sujet n’est sûrement pas un compacteur guttesque de haut-vol. En tout cas pas de la caste des Rootschilder’s qui facturent mille balles par canal et scrutent à la lorgnette pour en dégotter un de rab. En revanche, pour foutre des pivots en traviole, y a pas à tortiller, c’est un meussieu !
Le surlendemain, moulages sur Quick en pognes et pano devant le pif, je cogite à l’élaboration d’une tagadac-tactique opératoire associant efficience et diligence. J’ai beau faire appel à la quintessence de mes facultés analytiques, j’en défèque, tant le chantier est complexe : la Spee est spé, ça gîte en sagittal, le calage est décalé, la DVO dévie, bref c’est le boxif dans tous les sens.
Huit jours plus tard, le zigomar est installé sur le monte à regret et bigle aussitôt l’écran à sa gauche, tous neurones en éveil.
Nous entreprenons (enfin, quand je dis nous, c’est moi, mais c’est pour faire ponte) de capter quelques rétroclichés complémentaires. Sensibilisé de frais aux périls radioactifs, je sollicite l’index du patient pour me glisser derrière l’oculus (NB : ça n’est pas sale). La tentative est couronnée d’échec : le minus est infoutu de rester en place quatre secondes et par trois fois, je dois balancer la radio foirée au dépotware.
Je sais que c’est pas très sain de s’ioniser les tripes, mais souvent l’omnidentiste n’a pas le ouach !
Ôôô sacrifice et don de soi, noblesse et gloire de notre confrérie…médité-je….
Mais sur mes nerfs, le nigal poursuit son travail de sape. Alors que je lui demande de garder la pose, il a les deux mirettes complètement désaxées pour bornoyer l’écran, et à la seconde où il aperçoit un truc s’afficher, il tourne brutalement le bocal sans me laisser le temps de lui dégager le capeteur de l’embouchoir.
C’est qu’il tient absolument à briller en posant des questions sagaces à sa guise, ce gus.
« C’est une carie, là ? »
« Ah pas du tout ! » °°°° Et enlève ton doigt de ma dalle, pignouf ! °°°°
« Mais c’est tout noir !? »
« Normal, y a rien, là, c’est l’espace inter dentaire ! »
« Aaaah, d’accord… » Souffle t-il d’un air pénétré, tout en demandant à sa petite cervelle de lui envoyer une autre question à la noix.
« …mais… ça, là, c’est l’implant ? »
« Ah pas du tout, ça s’appelle un pivot ! Bien, je vais vous expliquer ce qu… »
« Oui, dites-moi tout ! »
« Mate ce wax-up, toto, et acoustique bien mon plan, y a du turf : phase 1, je te récure la bétoire de fond en comble. Phase 2, je déstructure tous les mortiers de ton pote pour aller défienter les fondations. Phase 3, je te colle par là-d’ssus et en bonne place une vingtaine de chayottes dignes de ce nom. Phase 4, tu zingues l’addition et tu t’arraches. C’est clair ? »
« Bon, d’accord ! Mais pour le moment, on va juste faire celle-là. »
« Pardon ?? »
« Je disais : on va commencer par celle-là. »
« Mais….. vous m’avez dit que vous vouliez tout revoir et rapidos !? »
« Oui, mais je préfère y aller progressivement. »
Ah putoche, c’est pas vrai, j’ me suis encore fait macaroner ! Encore un serial casses-burnes que j’aurais dû lourder depuis le premier jour à coups de ribouis dans le proze !
13/06/2016 à 10h25
La bétoire, j'ai du aller me renseigner, ca serait du patois normand pour une espece de grosse fosse géologique.
pal, ta culture est abyssale :-)
Merci.
13/06/2016 à 11h49
« Les cons ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît. »
Pour ce qui me concerne, j'essaie de me faire un avis définitif sur un nouveau patient dés le premier rendez- vous.
Si je sens que c'en est un qui va me pourrir la vie sur le fauteuil, je fais en sorte de lui donner l envie d'aller voir ailleur , que je n'y suis pas ;-))) .
C'est Pal à peine d'aller plus loin.
Je me souviens d'avoir adresser une lettre recommandée à une patiente aprés son premier rendez-vous pour lui signifier que je n'étais pas en mesure de m occuper d'elle et que je lui recommandais vivement d'aller se faire soigner ailleurs, là où je je suis pas ;-))) .