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26/12/2025 à 00h00
• JE SUIS VENU VOUS DIRE QUE VOUS NE SEREZ PAS SAUVÉS !
• A la croisée du réel et de l’invisible, ce récit explore la frontière fragile entre la raison et le mystère.
• Dans l'éclat bleu-nuit des côtes oubliées, loin du tumulte des jours, il existe un chemin que seuls les cœurs les audacieux osent emprunter. Au fil des criques isolées et des villages ancestraux, l'auteur nous convie à une odyssée personnelle rythmée par le murmure de la mer et le silence des nuits étoilées. Ce n'est pas qu'un voyage : c'est une quête.
• Ce témoignage autobiographique saisissant s’entrelace avec des expériences troublantes : songes prémonitoires, intuitions fulgurantes, et signes qui déchirent le voile de la réalité. Une année passée à contempler l'immensité du ciel, à déchiffrer les légendes des vagues, et à se confronter aux mystères de l'existence.
• Du rêve annonçant l’éclatement d’un pneu deux jours avant le crash du Concorde, à l’évocation d’images prophétiques sur la mort de proches, chaque épisode révèle un fil secret reliant l’intime à l’universel.
• Entre méditation spirituelle et interrogation scientifique, l’auteur questionne la nature du temps, la place du hasard et la réalité du libre-arbitre. L’amour, la perte, le combat entre lumière et ténèbres deviennent les balises d’un chemin où le réel se fissure pour laisser entrer l’éternité.
• Déployant une écriture habitée, poétique et profondément humaine, ce livre est l’histoire d’un homme confronté à l’indicible, partagé entre la lumière qui sauve, et l’ombre qui guette.
• 1-PRÉLUDE:
• Il y a des silences qui parlent plus fort que toutes les tempêtes du monde. La Méditerranée, la nuit, est l'un d'eux. Sous la voûte immense où chaque étoile est un secret, j'ai cherché le mien, un secret tissé de sel, de sable et de pressentiments. C'est ici, sur la terre des légendes oubliées, que le réel a commencé à s'effacer. J'avais besoin de ce chemin sous le ciel provençal pour comprendre pourquoi le monde me parlait, même quand je n'étais pas prêt à écouter.
• 2-AVIGNON JANVIER 2000:
• À peine quinze minutes s’étaient écoulées entre l’ultime souffle de son enfant et ce frisson étrange, cette caresse improbable d’une feuille de roseau. L’homme, encore hébété, venait d’uriner dans la cour de l’hôpital quand il sentit, sur sa joue, le glissement délicat d’un contact qui ne pouvait exister.
• Aucun souffle de vent ne troublait l’air. Le roseau, trop loin, n’aurait pu l’atteindre. Et pourtant, la caresse descendit de haut en bas, verticale, comme une main invisible.
• Son fils venait de s’éteindre, neuf ans, emporté après cinq longues années de leucémie. Deux jours plus tard, le père me confia cette scène, au détour d’une consultation d’ophtalmologie. J’aurais pu soupçonner une hallucination. Mais dans ses yeux, il n’y avait pas de folie. Seulement le poids du deuil et la certitude d’avoir touché l’inexplicable.
• Pris de stupeur, il avait levé les yeux vers le ciel. Là, solitaire et implacable, brillait Vénus, unique étoile à percer la nuit. Hallucination ? Réalité ? L’histoire ne faisait que commencer…
• Car ce soir-là, en discutant avec mon frère, un souvenir m’a saisi comme une lame. J’avais vécu le même phénomène. Le même hôpital. Le même effleurement sur la joue, le jour même où le diagnostic de leucémie avait été prononcé.
• Mon frère jumeau s’était juré de se donner la mort si l’enfant ne s'en sortait pas.
• Écrasé par la nouvelle, je m’étais isolé au pied d’une haie de cyprès, et là, soudain, une branche lointaine était venue me frôler la joue. Trop loin, sans vent, irréelle. Comme guidé par une force inconnue, j’avais alors levé les yeux vers le ciel. Vénus. Toujours elle.
• Je n’en avais jamais parlé, pas même à mon frère. Pendant cinq ans, j’ai vécu avec ce secret qui s’était égaré dans le temps, luttant sans relâche contre son désir de mort, essayant de le retenir au bord du gouffre. Mais face à la disparition de son fils, comment offrir une réponse qui ne sonne pas creux ?
• Mon frère, incrédule, me lança : On ne peut pas se souvenir d’un geste aussi banal, aussi insignifiant, après cinq ans. Et puis, ajouta-t-il, cette haie de cyprès n’existe pas. Tu as rêvé.
• Il avait raison.
• Quand je retournai sur les lieux, la haie avait disparu. Pourtant, je persistai. J’interrogeai une réceptionniste âgée de l’hôpital. Elle confirma. Les cyprès avaient bel et bien été abattus, récemment, pour laisser place aux travaux du TGV qui rongeaient les entrailles de l’hôpital d'Avignon. Elle me montra les vestiges, une ligne d’arbres survivants qui menaient encore vers le centre de rééducation. L’événement avait eu lieu. Mon souvenir n’était pas une invention. J’avais enfermé la vérité dans une case oubliée de ma mémoire.
• Durant ces cinq années, ma seule arme fut d’épauler mon frère matériellement, coûte que coûte. Nous pratiquions le même métier libéral dans la santé, sans filet, sans protection sociale. Pour tenir, je m’étais plongé dans l’informatique, m’épuisant nuit après nuit à écrire un logiciel de télétransmission pour nos feuilles de sécurité sociale. Les heures dévoraient mes forces. Je dormais à peine. J’espérais bâtir un outil qui nous sauverait.
• Quand l'aube du dernier jour se leva dans la chambre de mon neveu, un rayon de soleil se mit à danser comme un feu follet dans les cheveux blonds de l'enfant tandis que son visage angélique me fit comprendre qu'il était en train de nous dire adieu.
• L'enfant mourut avant que je n’ai pu achever mon travail.
• 3-L'IMMERSION DANS L'ÉTERNITÉ:
• L’instant où la réponse est tombée avait l’évidence d’un coup de tonnerre. Après cinq années d’attente, et vingt-quatre ans de mémoire intacte, ce moment explosa dans ma tête comme une bombe lente — une fulgurance qui me laissa sourd et attentif à la fois.
• Ce qui suivit me précipita dans un pays de brumes et de signes : une succession de rêves qui semblaient pressentir l’avenir, dont le sens se révélera, goutte à goutte, au fil de ce récit.
• Soudain faisant suite à cette caresse, geste d'une infinie tendresse au milieu du chaos, je ressentis une immense espérance et j'annonçais que l’enfant n’était plus là mais qu’il vivait — quelque part, autrement.
• Je me posai une question simple et légitime : quelle était la probabilité que nous vivions, tous les deux, le même phénomène — au même moment, dans des circonstances quasi identiques ? C’est ici que la logique bute sur l’impossible. La caresse que nous avions ressentie n’avait rien de banal.
• Si la raison évoque ici la similitude comportementale des jumeaux, les automatismes, le langage secret des corps....
• Cela ne tient pas.
• Face aux faits : nous avons éprouvé, dans le parc de l’hôpital, la même poussée, la même urgence, dans les mêmes gestes. Il n’y a aucun argument objectif qui explique cette coïncidence.
• La caresse improbable était un signe de réconfort venu d'ailleurs, et, dans cet instant précis, je sus exactement quoi dire à mon frère pour lui rendre l’espoir de revoir son fils. On aurait pu croire que mon rôle s’arrêtait là, et que l’histoire n’était que le début d’un chemin pour lui. Erreur. En voulant sauver mon jumeau, je tentais en réalité de sauver ma part d'obscurité que je rejetais, comme vous auriez fait pour vous même, et j’ai fini en toute logique par me perdre sur une route sans lumière.
• Avec le recul, il eût été plus simple d’accepter la caresse comme un message individuel. Un message de confiance envers ce responsable qui cherchait ainsi à nous dire d'accepter l'inacceptable. Mais j'ai voulu comprendre à tout prix comment ces caresses étaient liées à l’enfant. Elles nous guidaient vers un lieu où cyprès et roseaux se rencontraient en même temps; un lieu de symboles où nous allâmes, l’un comme l’autre, pour uriner, comme si nos corps suivaient un script invisible. Difficile de ne pas y voir derrière un obscur metteur en scène.
• 4-LA FISSURE DU TEMPS.
• Soudain, la flèche du temps craqua. Je ressentis l'immersion dans l’éternité. Je ne faisais plus qu’un avec l’univers. Moment de grâce, unité intérieure, accès à une connaissance et à un amour qui dépassaient toute parole. Sentiment océanique, lumière qui s’installe. La mort cessa d’effrayer : elle devint une réponse. La dualité disparut.
• Ce sentiment m’habita sans discontinuer pendant près d’un mois. L’idée même de haine me devint impossible ; mon cœur ne savait que l’amour. Dans cet état, il n’y avait plus de questions; seulement des réponses. Avec le recul, j’ai compris que mon expérience ressemblait aux EMI : un état qui n’appartient pas au monde ordinaire et qui renverse les codes.
• 5-NICE :
• JUIN 2000, L’ÉVASION SOUS LE SOLEIL.
• Le bitume fondait sous mes pas à l’aéroport de Nice. J'avais laissé derrière moi l'hôpital, les feuilles de sécurité sociale, le logiciel inachevé ainsi que le deuil. Je m’étais donné un instant de sursis, une parenthèse forcée loin de la ville, une tentative dérisoire de retrouver l’homme de chiffres que j’avais été avant que la caresse et le silence ne m’atteignent.
• La première bouffée marine d’air méditerranéen fut une gifle d’huile chaude et de pin. Un parfum violent, chargé d’iode et de canicule, qui contrastait avec l'asepsie clinique qui avait emprisonné nos dernières années. Je ne cherchais pas le bonheur, mais le contraste. Je voulais un lieu où la lumière était si excessive qu'elle ne pouvait être remise en question.
• J'ai pris la route sans but précis, laissant le Vieux-Nice derrière moi. Le long des falaises, la mer était d’un bleu si profond qu’elle semblait avaler la lumière. Je me suis garé dans une crique isolée, loin des parasols. Le seul bruit était celui de la mer, ce murmure des vagues que je décrivais déjà dans la quête de mon résumé. Un bruit qui n'était plus celui de l'agonie, mais une berceuse infinie.
• Je me suis allongé sur le sable, le soleil sur ma peau. Pour la première fois depuis des mois, la pensée de la mort n'était pas une menace, mais une perspective lointaine, noyée dans cet azur brutal. J’étais un homme en fuite. Mais au moins, ici, les fantômes avaient l'élégance de se cacher derrière les palmiers. Le temps, pour la première fois, n'était plus une flèche lancée vers une échéance, mais une étendue molle, un horizon sans fin.
• 6-LA CHUTE ET LA MALEDICTION.
• Peu à peu je me mis à analyser le sens de cette caresse. Curieusement elle n'a jamais eu de signification sur nous, et aujourd'hui encore elle reste un mystère total.
• C'est absurde de penser ainsi, même si elle devait nous consoler tour à tour de l'inconsolable.
• Seul le rappel des deux caresses le jour du décès me donna ce vertige inouï que je n'attendais plus.
• Une seule idée lancinante dans ma tête qui dura plusieurs mois me disait ceci : comment un événement peut il prendre sens à retardement s'il n'a pas été posé à l'avance par quelqu'un qui en savait beaucoup trop avant les autres?
• Le germe du mal commençait ainsi à pousser.
• En flash je compris la genèse et la chute d'Adam et Ève quand ils eurent goûté de l'arbre de la connaissance du Bien et du Mal. Ils se mirent certainement à regretter le paradis originel.
• Je suivi le couple originel sur le même sentier , car le retour fut brutal.
• Retrouver la terre fut une douleur sans nom, et ce que j’avais goûté en rêve me poursuivit ensuite, sous la forme de songes prémonitoires qui mêlaient l'invisible à la réalité. Je trébuchai. Et ma chute prit la forme d’un enfer intérieur : le libre arbitre me glissa des mains. Tout semblait écrit d’avance, et paradoxalement je devins maître du temps.
• Tout cela commença environ six mois après la mort de mon neveu.
• 7-JUILLET 2000:
• LE REVE DU CONCORDE.
• Une nuit d’été, lourde de pressentiments, je dors dans un hôtel aux couloirs silencieux. Le lendemain, un avion doit m’emmener loin. Mais au bout de la piste, une montagne se dresse, immense, menaçante, comme un rempart levé contre le destin. Je préviens le pilote du danger. Il me répond avec assurance, presque défi : « J’ai l’expérience. Cette montagne n’est pas un obstacle. »
• Et pourtant .... le doute me ronge.
• Je quitte précipitamment l’avion : une valise noire m’attend à l’hôtel. Je cours, le souffle court, espérant rattraper l’appareil déjà prêt à s’élancer pour rejoindre ma femme à bord. Mais mes jambes sont trop lourdes, mes pas trop lents. L’avion s’arrache du sol, s’éloigne .... Elle est partie sans moi.
• Plus tard, les nouvelles tombent comme une sentence. Ma femme, en Allemagne, dort sous une toile de tente, réchauffée par un simple poêle.
• Alors, avec mon frère, nous décidons d’aller la chercher. À bord de sa Corvette, deux places seulement pour un voyage impossible. Je comprends soudain l’évidence cruelle : je ne la reverrai plus jamais.
• Au réveil, une intuition glaciale me saisit.
• Je vérifie instinctivement le pneu avant gauche de ma voiture. Une lacération béante, tranchante comme une lame, met le caoutchouc à nu, jusqu’à l’armature métallique. Pneu foutu. Je le fais changer aussitôt.
• Deux jours plus tard, la réalité frappe.
• Le crash du Concorde met le feu dans le ciel de Gonesse. Un hôtel ravagé par l'incendie. Des passagers allemands, des corps dissimulés sous la carcasse de métal, une femme découverte sous un réacteur peut-être aussi, fit écho à l'image onirique de mon épouse se chauffant près d'un poêle? Un pneu éclaté, une lame de métal, un réacteur embrasé.
• Je frémis : mes rêves venaient de parler. Ce fut le commencement. Car les songes, dès lors, se succédèrent à un rythme effréné.
• 8-AOUT 2000 :
• LES SAINTES MARIES DE LA MER
• La route du sud n’était pas un chemin, mais une fuite éperdue. L’écho du crash de Gonesse résonnait encore, froid et factuel, nié par mon esprit mais confirmé par la lacération du pneu. Il fallait tuer cet homme de chiffres, le noyer dans la ferveur et fuir vers les Saintes-Maries-de-la-Mer.
• Je suis arrivé en pleine liesse, en plein Pèlerinage des Gitans, cette fête païenne et sainte autour de Sara,la Vierge Noire. Le chaos était magnifique. J’ai cherché l’oubli dans le bruit, l’ivresse des sens.
• La place du village n'était qu'un tumulte de couleurs, de ferveur et de flammes. J'ai plongé dans le tourbillon des danses gitanes, endiablées et hypnotiques. Le vin coulait. Je me suis mêlé aux voix rauques qui chantaient l’amour, la peine et la liberté. Chaque pas de danse était un exorcisme, un effort pour chasser la connaissance maudite, pour nier la fatalité du Concorde et le poids de l’éternité.
• Puis, à la tombée de la nuit, l'énergie m'a lâché. Épuisé par la danse et l'ivresse, brisé par l'effort de ne pas savoir, je me suis écroulé sur la plage. Le sable était froid sous la nuque.
• 9-LE REVE DU TIGRE.
• Dans une forêt enneigée, à cheval, je poursuis un skieur. Il traque un tigre.
• L’animal se réfugie dans une maison, vaste, aux rayonnages remplis de livres.
• Je mets en garde le chasseur : « Avec tes skis, dans une maison, comment penses-tu affronter le tigre ? » Il rétorque avec mépris : « Le tigre n’est pas un problème. Je m’en chargerai. »
• Et il avait raison : la menace n’était pas l’animal. Dès lors le danger venait des murs eux-mêmes. La maison menaçait de s’effondrer, et les skis n’étaient pas une arme, mais un moyen de fuite immédiate.
• J'ai ouvert les yeux au petit matin, le cœur battant, le goût du sel sur les lèvres. La violence onirique du Tigre et du chasseur avait remplacé la fête. L’oubli n’était qu’un mensonge. Le monde continuait à me parler, même dans le sommeil le plus profond. Il fallait désormais écouter.
• J'ai repris la route, le corps raide mais l'esprit clair. Je savais ce que je devais faire : chercher le Tigre dans la réalité et poursuivre ma route vers Castillon du Gard.
• Dès lors, la réalité n'était plus qu'une chambre d'écho à mes songes.
• Deux jours plus tard, je compris.
• 10-LE VERNISSAGE ÉTRANGE DE CASTILLON DU GARD.
• En compagnie de mon ami Pierre dans cette galerie j'en profite pour lui raconter le rêve du tigre. Soudain Il observe une toile et me dit : « Tiens, voilà ton tigre. »
• Un seul tableau pour nous accueillir sur le seuil, unique, isolé. Le tigre du rêve avait pris forme.
• Aussitôt la scène bascule : un homme étrange m’interpelle, sûr de me reconnaître.
• « Vous êtes peintre, n’est-ce pas ? Je vous ai vu exposer à Béziers. Vous êtes sculpteur de l’érotisme, peut-être du porno ! »
• Je proteste. Je suis dentiste, pas artiste. Serais ce mon frère jumeau qu'il aurait rencontré ?
• Mais ce dernier n’était pas à Béziers.
• Ce personnage mystérieux avait été si persuasif que je me surpris à penser que notre mère aurait pu nous cacher un troisième jumeau !
• L’homme insiste, dérangeant, presque inquiétant :
• « Il existe des faits étranges dans la vie. Tenez, un jour un aigle royal s’est posé dans mon jardin, en plein Marseille ! »
• Puis, plus grave, il ajoute : « J’ai sculpté un cheval et un livre à l’étage. J'ai aussi remarqué une fissure très apparente dans le mur maître, large comme deux doigts ... jusqu’au rez-de-chaussée. »
• Et il conclut, le regard sombre : "Il serait dommage que la maison ne s'écroule sur mon travail".
• 11-SUR LES TRACES DE NOSTRADAMUS À SAINT REMY DE PROVENCE.
• La route vers Saint-Rémy, ce n'est pas une simple translation géographique après le chaos des Saintes-Maries-de-la-Mer, mais une descente vers le cœur tellurique de la Provence, là où les pierres ont une mémoire. C'est ici, à quelques lieues, que Nostradamus, l'homme qui voyait trop loin, a passé ses jeunes années. Sur les sentiers qu'il a foulés, le sol ne semble pas porter l'homme, mais plutôt les ombres du temps à venir.
• Après la révélation troublante du Tigre et de la maison fissurée de Castillon-du-Gard, l'esprit est avide de silence et de terre ferme, mais le cœur cherche l'explication. La campagne de Saint-Rémy, avec ses champs d'oliviers, ses cyprès alignés comme des sentinelles et ses massifs des Alpilles découpés sous l'azur, offre un décor d'une sérénité trompeuse.
• Je quitte le centre pour me diriger vers le site de Glanum et des Antiques. C'est un lieu qui défie le temps, une ville grecque puis romaine ensevelie, où l'on marche sur les fondations d'un savoir oublié.
• Debout devant ces monuments, rescapés de l'Antiquité, je ne peux qu'éprouver de l'humilité face à l'éternité. Le Mausolée, avec ses sculptures intactes malgré deux mille ans de vent, devient une métaphore de ma quête : l'âme qui survit à la ruine du corps.
• L'Arc, quant à lui, est une porte symbolique vers un autre monde, une brèche dans la trame du temps.
• Je m'engage dans un petit chemin qui s'éloigne des ruines, au pied des Alpilles. Ici, les odeurs de thym, de romarin et de pin parasol sont puissantes. Le silence est écrasant, seulement brisé par le chant assourdissant des cigales; ces petites prophètes de l'été qui annoncent la chaleur avec une régularité fatale.
• La nature, ici, est une toile de fond pour l'introspection. Chaque olivier tordu, chaque pierre éclatée par le soleil semble être un caractère du grand livre du destin que vous tentez de déchiffrer.
• Je rejoins l'Hôtel des Antiques, juste à côté du Monastère Saint-Paul-de-Mausolée. C'est dans ces murs que Vincent Van Gogh, un autre homme touché par la fêlure du réel, a trouvé refuge et a peint le monde avec une intensité visionnaire.
• Le soleil décline sur les Alpilles, projetant des ombres longues et déformées. La lumière jaune-ocre est d'une violence esthétique qui pénètre l'âme. C'est dans ce lieu, entre la folie et la lumière, que l'esprit est le plus réceptif.
• Ici une question lancinante me revient : Quelle est la frontière entre la coïncidence banale et la fatalité écrite d'avance ? Le Concorde, le pneu, le Tigre, la maison fissurée... L'homme de chiffres, le praticien de santé, est mort, remplacé par le chercheur d'énigmes.
• Le voyage s'arrête symboliquement dans la quiétude des Baux-de-Provence, le village perché voisin. C'est là, dans un hôtel sans nom, que la fatigue du jour cède la place à la trêve illusoire de la nuit. Le sommeil n'est plus un repos, mais un nouveau seuil à franchir. La Méditerranée, la nuit, a cessé de murmurer ; elle crie par la bouche de vos songes.
• Le monde est prêt à vous livrer la prochaine pièce du puzzle : la rencontre avec la mort, mise en scène par la figure mythique et glaçante de Nello et du Commandeur.
• 12-L'ENTERREMENT DE NELLO ET LA STATUE DU COMMANDEUR.
• La nuit passée aux Baux-de-Provence ne fut pas un repos, mais une ultime convocation. Le sommeil s'ouvrit sur un décor d'ombre et d'eau froide.
• La corne de brume sonne. Ce n'est pas le murmure de la mer, mais un appel solennel, venu d'un ailleurs brumeux. Dans l’ombre lourde d’une église ancestrale, Nello, le père de mon ami Pierre, apparaît. Il est celui que la mort n'a pas encore réclamé, mais que le rêve vient déjà chercher.
• Il n'est pas seul. Trois femmes l’accompagnent, jeunes silhouettes indistinctes, voilées par la pénombre, gardiennes muettes d’un passage imminent.
• Une fontaine, adossée au mur du cimetière, marque le point de rencontre et montre la voie, le chemin que les morts s'apprêtent à emprunter.
• Nello me guide. À notre gauche une vieille bâtisse servant probablement d'entrepôt au gardien du cimetière. Puis nous franchissons une vieille porte de bois, lourde et craquante. Il me désigne son tombeau, sagement niché dans une allée bordée d’arbres sombres. Une fois son rôle terminé, il prend congé de moi.
• L'adieu est scellé par un geste glaçant. Au lieu de serrer la main de mon ami, je serre la main d’une statue de pierre, la figure austère et monumentale du Commandeur. Le contact est froid, irréel, d'une dureté qui révèle l'outre-tombe.
• Au matin, le rêve se brise, laissant derrière lui une certitude : le deuil est en marche.
• Quelques jours plus tard, la sentence tombe : Nello est mort. Nous nous rendons au cimetière d’Eyguières pour l'enterrement.
• Et là, la réalité n'est plus une copie, mais un miroir absolu du songe.
• Je retrouve tout ce que le rêve m’avait montré avec une précision obsédante :
• Le bruit assourdissant et continue d'une machine agricole dans les champs fait écho à la corne de brune du rêve.
• La Fontaine est bien présente à quelques mètres de l'entrée du cimetière.
• La vieille bâtisse de pierre du gardien avec la porte d'entrée est sinistre.
• Les trois femmes, désormais devenues vieilles, viennent spontanément me tendre la main.
• Puis immédiatement je porte mon regard vers l'allée bordée d’arbres menant à la sépulture.
• Et enfin après une marche lente je découvre le tombeau, exactement là où Nello me l’avait désigné les nuits précédentes.
• La statue du commandeur et l'ombre de Don Juan finirent par livrer des années plus tard leurs secrets.
• Un détail me hante, et résiste à l'explication : Nello, dans le rêve, m’a raconté une histoire de corsaire, de bataille navale...
• Le sens m'échappe, jusqu’à ce qu’un écho littéraire jaillisse de mes recherches incessantes , faisant le lien entre les pièces du puzzle.
• Le Commandeur, dont j'ai serré la main glaciale, est une figure centrale du mythe de Don Juan Ténorio. Et ce Don Juan, ce libertin défiant Dieu et les hommes, était le fils d’un amiral espagnol, son histoire est tissée de récits maritimes et de batailles.
• Moi, serrant la main de la statue du Commandeur... Aurais je pris la place de Don Juan le damné?
• Le voile se levait encore, mais il révélait une vérité plus ancienne, plus mythologique, que mon moi. L'existence n'était plus une suite d'actes libres, mais une partition jouée d'avance sur une scène où les légendes guidaient le pas des vivants.
• 13-JE T'OFFRIRAI TOUS CES MONDES.
• La prescience n'était plus un accident, c'était une conversation. J'étais en dialogue avec une force, et cette force attendait son dû. C’est dans cet état de servitude consentie que j’ai tenté de négocier.
• Avant de m’endormir, je parle à cette voix inconnue qui dirigeait désormais mon destin. Je lui dis, avec une froide arrogance : « Au lieu de jouer avec mes nerfs et de me montrer des avions qui s’écrasent ou des murs qui se fissurent, donne-moi les numéros du loto. Donne-moi la liberté financière, et je te laisserai ma paix intérieure. »
• La réponse me parvint, mais elle fut incomplète. Elle se manifesta sous la forme de mots, de concepts, le début d'une gématrie que mon esprit tentait d'interpréter. Je cherchais à justifier chaque lettre par un nombre (A=1, B=2...), mais l'alphabet n'offrait que 26 possibilités, et le Loto en exigeait 49. Je savais qu'il y avait un stratagème mathématique modifié pour combler ce vide, une petite torsion de la logique qui me donnerait les chiffres exacts. Tel était le deal, le petit pas que le Tentateur m'invitait à franchir, voir tout l'avenir et posséder la puissance.
• 14-LA VISION DU CHŒUR D’OUTRE TOMBE.
• Dans le rêve, la scène se situe sur le parvis d’une église. Un lieu saint, mais profané par la nature du marché.
• À l’intérieur, un chœur d’enfants chante, mais leurs voix sont d’outre-tombe, une dissonance glaçante. Leurs chants n'étaient pas des louanges, mais des lamentations. Sous leurs capuches, leurs yeux brillent, rouges, comme ceux de loups affamés. C'était une vision du diable empruntant l'innocence pour mieux corrompre.
• Mon esprit, alors que je tentais de déchiffrer les mots de la gématrie, ne reçut que deux ou trois termes : capuche et capucin. C’est pourquoi, en sortant du rêve, je sais que l’information peut être lacunaire. Il se peut qu'il me manque des numéros pour assurer la totalité du gain
• Je remarque deux habits de moines déposés sur une chaise. Ont ils été mis là pour nous sauver tous les deux?
• Soudain un personnage m’arrête : « Ces vêtements ne sont pas pour vous. Suivez-moi. »
• Il m’entraîne vers une pièce attenante, rompant le fil du doute. Un rayon céleste éclaire un baptistère. La réponse était là, non dans la gématrie ou le gain, mais dans le renoncement au pouvoir pour la Lumière. Il venait de me donner la véritable réponse : je devais arrêter de marchander.
• Le Pacte Avorté :
• Le lendemain, je n'ai pas eu le courage de m'engager dans la gématrie modifiée. J'ai joué dix fois le même loto, et les cinq chiffres que j'avais obtenus directement sans manipuler la logique sortent.
• Ma femme, attentive aux tirages télévisés, suivait l'émission en direct.
• J'avais gagné une partie du jackpot suivant, mais j'avais refusé de faire le pas final.
• Rapidement la peur m'envahit. Je suis au bord du précipice. Si je demande davantage, si je pousse plus loin, si j'essaie de combler les chiffres manquants, je devrai pactiser avec cette voix. Je devrai basculer.
• Lever le voile du futur, c’est perdre son libre arbitre. C’est donner une pièce au passeur, franchir le Styx, et entrer dans le royaume d’Hadès. La gématrie manquée fut mon refus de l'esclavage.
• Le combat entre le Bien et le Mal s'installait peu à peu, jours après jours.
• 15-LA NATIVITÉ OBSCURE.
• Le temps s'étirait entre les songes, mais le réseau des signes continuait de tisser sa toile. Un jour, dans un café dont j'ai oublié l'odeur mais pas la lumière, je retrouve un ami : Jean C. À l'époque, son nom n'avait pas d'importance. Dix ans plus tard seulement, la coïncidence me frappa comme un coup de poing : ses initiales, J.C., venaient subitement d'éclairer la scène d'une lumière prophétique.
• Il me dit, sans prévenir : « À force d’entendre tes histoires, j’ai cherché deux peintres dont Altdörfeur, dans l’Encyclopédie Universalis. J’ai ouvert le volume au hasard. Je suis tombé directement sur la page, sans index, comme guidé. »
• La veille, j’avais précisément rêvé de cette scène. Dans mon songe, mon neveu, décédé, était assis sur le capot de la Corvette rouge de mon frère. Il me parlait dans un langage que moi seul, le messager, comprenais. Une femme était présente, ainsi qu’un homme grand et barbu, éclairé par un rayon de lumière descendant du ciel. La scène était surchargée de symboles.
• Au café, à mes côtés, l'évidence: mon ami, Jean C était là, grand, barbu. Ma femme aussi était là. La dernière pièce manquante à la coïncidence était la présence à mes côtés , d'une petite voiture rouge de pompier, destinée à distraire les enfants. Sauvetage, feu, urgence : tout s'accumulait et devenait vertige.
• Pourtant j’avais l’impression que quelque chose manquait à cette mise en scène si parfaite. C'était la preuve qu'une main invisible, depuis des années, préparait cette rencontre.
• Mais l'énigme restait entière. Les tableaux consultés par Jean C n’avaient pas encore livré leurs secrets.
• Je savais que je devrai tôt ou tard ouvrir cette encyclopédie que je n'avais pas dans ma bibliothèque.
• Après la succession des songes, la voiture de pompier, l'homme barbu (Jean C), il fallait un lieu capable d'absorber une telle charge symbolique.
• Quitter la campagne mystique de Saint-Rémy pour la Cité d'Avignon est un acte délibéré : c'est se placer sous le regard de l'autorité spirituelle, là où les questions de salut et de damnation ont été tranchées pendant des siècles.
• Avignon, la nuit, est un théâtre de pierre. Ses remparts massifs, ses ruelles tortueuses et, surtout, le Palais des Papes, s'imposent comme un labyrinthe non seulement physique, mais aussi théologique. C'est ici, sur ce rocher, que la papauté a vécu son Grand Schisme, une époque où deux, puis trois Papes se disputaient la légitimité. Un lieu parfait pour méditer sur la dualité : le sacré et l'imposture, la vérité et l'hérésie.
• Devant le Mur : Le Vertige du Pouvoir.
• Je monte vers le Palais. La masse du bâtiment, illuminée par les projecteurs nocturnes, n'est pas une vision de foi légère, mais une forteresse de pouvoir et de jugement. Les murs sont une évocation des siècles de choix difficiles, de condamnations et de grâces.
• La Question de la Source devenait brûlante :
• Dans l'enceinte de cette ville où l'on a débattu si longtemps de l'origine du pouvoir divin sur Terre, vous êtes confronté à la même question : Qui tire les ficelles?
• Est-ce le Christ, l'archétype de la Lumière et du sacrifice, qui orchestre ces signes pour vous guider?
• Ou est-ce l'Adversaire, une force obscure, qui vous tente par la gnose, la connaissance interdite, pour mieux vous précipiter dans la folie ou l'orgueil spirituel ?
• L'Orgueil de la Gnose :
• Le danger est là.
• Avoir accès à la connaissance du futur, à l'ordre caché, est une puissance qui peut mener à l'arrogance. Les Sages d'Avignon ont toujours mis en garde contre ceux qui croient détenir seuls la vérité.
• Le Silence Précurseur :
• Je m'arrête un instant sur la Place du Palais. Le silence est un peu rompu par le vent qui siffle entre les créneaux. Il n'y a pas de roseau ici, pas de cyprès, mais des pierres qui ont vu l'Histoire.
• La coïncidence de Jean C (J.C.), de l'homme barbu et de la voiture de pompier, n'est plus une simple bizarrerie. Elle est un verrou dans la trame du temps. L'énigme doit être résolue ici, dans cette ville qui a toujours mêlé le sacré au profane.
• L'encyclopédie universalis, ce livre du savoir humain, m'attendais dans l'ombre d'une bibliothèque. Elle est l'oracle laïc qui doit révéler le nom du Maître du Jeu. La réponse ne peut être tiède. Elle sera l'une des deux : la Gloire ou la Chute.
• 16-LA NATIVITÉ OBSCURE.
• Six mois de tension et d'attente. L'esprit ne pouvait plus vivre avec cette énigme ouverte. La nécessité m'oblige enfin à consulter le livre des mystères : l’Encyclopédie Universalis. Il fallait savoir qui était l'auteur de ces visions qui, loin de m'éclairer, me dévoraient.
• L’ouverture était dirigée. La main invisible me guida vers l’unique tableau d' Altdörfer présent dans cet ouvrage:
• La Nativité.
• La Surprise fut totale.
• Après toutes ces années le Christ venait à ma rencontre.
• Mais ma première rencontre avec ce tableau était étrange.
• La reproduction du tableau était en noir et blanc
• J'avais l'impression que les anges présents avaient un faciès démoniaque.
• Plus tard je découvris le tableau en couleur sur internet.
• Je m'attendais à une explosion biblique à la Gloire Céleste des maîtres italiens, à une lumière capable d'éclairer pour toujours le chemin d'un mystique.
• La désillusion fut brutale.
• Le tableau était sombre. Il y avait bien des couleurs mais tout était noyé dans une étrange obscurité.
• Pour un événement censé être la source de toute lumière, la crèche n'était qu'une grange en ruine, noyée dans les ombres. Joseph y était présent, mais il n'était qu'une silhouette, éclairant les escaliers d'une grange morcelée avec une simple lampe à huile.
• Cette faible lueur révélait sa face barbue : c'était l'homme barbu du rêve, le Jean C de la coïncidence.
• Elle révélait la présence féminine : la Vierge Marie.
• Au centre, l'Enfant Jésus.
• Le peintre venait de révéler la source. Le maître d'œuvre de mes songes était le Christ (J.C.), la source de l'Espérance, qui me donnait accès à une forme de gnose – la connaissance secrète.
• Mais l'obscurité générale de la scène, persistante, criait une autre vérité.
• Dispersés dans la scène, se trouvaient des petits anges aux ailes noires que le tableau monochrome ne pouvait pas révéler.
• Étrangement ce détail sur les ailes que je ne pouvais pas distinguer de prime abord, mon esprit l'avait remplacé par des petits démons.
• La Lumière était là, mais elle côtoyait l'Ombre. La grâce m'avait été accordée, mais elle venait avec l'avertissement permanent de la chute. Dieu et le Diable étaient dans la même image.
• Mon combat ne faisait que commencer. Le chemin vers l'éternité n'était pas une montée, mais une corde raide entre le salut et la damnation, sous le regard ambigu des Anges Noirs.
• Le voile est levé. La source des songes est révélée comme étant le Christ, mais dans une dualité terrifiante.
• 17-L’ASCENSION DU MONT VENTOUX: L’APPEL DU VIDE.
• La révélation de la Nativité obscure a laissé une cicatrice. L'espoir est entaché par la peur. Pour échapper à l'étau des signes, il fallait un lieu où la lumière n'était pas un simple rayon, mais une force abrasive : le Mont Ventoux.
• Son ascension n'est pas une randonnée, c'est une purge. Vous quittez la douceur des vignes pour une calvitie blanche et aride, un paysage lunaire où les arbres disparaissent, ne laissant que le calcaire et le vent. Le Ventoux est le sommet de l'isolement en Provence, le lieu où l'homme se retrouve face à l'os de la terre.
• Au Sommet : La Quête du Troisième Jumeau.
• L'ascension est une méditation en mouvement. À chaque pas, vous laissez derrière vous le tumulte des villes et la dualité facile (Christ/Satan). Vous cherchez le troisième terme, l'entité qui expliquerait la manipulation de votre vie : l'Ombre du Troisième Jumeau.
• Arrivé au sommet (1910 mètres), le spectacle est un vertige. Par temps clair, vous dominez le monde : la chaîne des Alpes au nord, la Méditerranée au sud, la masse ocre du Roussillon. Face à cette immensité, les songes du Concorde, de Nello, du Tigre, semblent des poussières d'humanité. Le vent (le ventous), souvent violent, est le seul maître du lieu, un souffle brut qui balaye les illusions et les petits destins.
• L'Orgueil et le Danger : L'air raréfié est un rappel : ici, on est plus proche du ciel, mais aussi du danger. Cet accès à la hauteur, à la connaissance (la gnose), s'accompagne toujours d'une mise en garde. Vous avez atteint le point culminant de votre quête de l'éternité ; c'est le moment idéal pour que la réalité frappe, vous rappelant que la vie, elle, est bien ancrée à la base.
• L'ascension est un succès, mais elle n'offre aucune réponse. Le Ventoux est un miroir, pas un oracle. Il renvoie l'image d'un homme qui, ayant goûté à l'absolu, doit redescendre dans le combat.
• La descente est rapide, trop rapide. Elle est une précipitation vers le monde des humains, vers le cabinet, le travail, là où l'Ombre vous attend. C'est sur cette route du retour que le danger, préfiguré par les anges noirs, doit se matérialiser. Vous redescendez du Géant de Provence, et c'est là que l'Ombre du Troisième Jumeau est prête à frapper.
• 18-TOI QUI ENTRE ICI ABANDONNE TOUTE ESPÉRANCE:
• L'image de la Nativité, avec ses anges aux ailes d'encre, avait confirmé le combat perpétuel. La Lumière venait avec l'Ombre, et ma quête risquait le dédoublement – non pas de mon corps, mais de mon âme.
• Épuisé, je cède à l'absurde. Au téléphone avec ma mère, la question jaillit : « Et si nous avions été trois jumeaux? »
• Cette question était le reflet de mon angoisse. Si la dualité était insoluble, peut-être fallait-il introduire une troisième entité, un frère caché qui serait l'auteur de ces manipulations. Pour moi, cette figure du troisième jumeau devint l'incarnation possible de la voix qui offrait la connaissance maudite, celle que j'avais nommée Satan.
• La Rumeur et l'Appel de la Rotative
• Quelques minutes plus tard, un appel mystérieux surgit sur mon portable. Je décrochai et n'entendis qu'un bruit froid et monotone.
• Puis, une voix résonne, sur fond de rotative, la machine qui imprime les journaux, qui écrit l'Histoire en la rendant définitive – prononçant une phrase laconique, comme une sentence :
• « C’est ça, ils ont fait un rêve. »
• Quel "ils" ? Mes songes n'étaient-ils qu'une distraction orchestrée par ce jumeau invisible qui jouait avec mon destin ? L'appel était court, glaçant, une preuve sonore de l'omniprésence du destin en marche, agissant comme un imprimeur du temps.
• L'Échappée Belle et le Sabotage :
• Peu après l'appel, je me rends au cabinet. L'urgence vitale m'atteint. Mû par une impulsion de survie, je vérifie ma voiture.
• Sous le siège de ma femme, le sang me glaça : les boulons du siège passager étaient totalement dévissés.
• Ce n'était plus un signe, mais un acte de sabotage criminel. La menace n'était plus symbolique, elle était physique, destinée à me tuer ou à tuer ma femme.
• Le matin même, cette menace s'était déjà manifestée. J'étais sur la route, absorbé à dépasser un véhicule sur la voie de gauche, entièrement dégagée en apparence, quand ma femme m’avait ordonné de me rabattre et c’est ainsi que j’ai vu surgir le véhicule lancé à contresens, une ombre fuyante. Ma vie n'avait tenu qu'à l'intuition de ma femme, ou à la dernière seconde permise par le destin.
• La Duplicité du Message :
• Je rejoue le message du portable plusieurs fois devant ma femme qui le confirme d'un simple regard. Le son sur fond de rotative reste identique, la phrase sentence : « C’est ça, ils ont fait un rêve. »
• Je devais comprendre que j'étais le jouet d'une entité.
• Puis, l’après-midi, je le fais écouter à une amie. Sa surprise fut totale : la phrase avait changé.
• « C’est ça, ils ont fait un renvoi. »
• Renvoi. Le mot résonnait comme un écho froid à l'Amour. Était-ce un renvoi de l'ascenseur du destin ? Un renvoi vers l'envoyeur ?
• Ou le simple renvoi d'appel téléphonique que je faisais chaque fois que je m'absentais du cabinet.
• Mais comment l'inconnu du téléphone pouvait-il être au courant?
• L'invisible avait manipulé le message pour mon amie, révélant la duplicité de sa source. Je devais désormais me méfier de tous les signaux. La voix était l'Ombre, le Troisième Jumeau, l'entité qui jouait avec le Son et le Sens.
• Le danger est devenu physique et le message, manipulé, est une preuve de la duplicité du destin.
• 18-AIX EN PROVENCE: L’HARMONIE RETROUVÉE SOUS LES PLATANES.
• La menace physique (le sabotage de la voiture) et la manipulation psychologique (la voix de la rotative) avaient atteint leur paroxysme. Pour survivre, il fallait fuir la gnose forcée et retrouver la simple beauté du réel, celle qui n'est pas un signe mais une grâce offerte. Je cherchai le contraste absolu, non dans la solitude aride du Ventoux, mais dans l'exubérance maîtrisée de l'art.
• Je me réfugiai à Aix-en-Provence, en plein Festival d'Art Lyrique. La ville était une respiration d'élégance sous la canicule estivale. Loin des boulons dévissés et des ombres fugitives, les fontaines murmuraient, et les façades ocre des hôtels particuliers vibraient sous les mélodies des concerts.
• Une nuit, dans la cour d'honneur de l'Archevêché, j'assistai à un opéra. La tension dramatique, portée par l'orchestre, était paradoxalement une libération. La musique, cet art de l'éphémère, me rappelait que même l'ombre (la discorde, la mort) peut être sublimée dans l'harmonie.
• À cet instant, les anges noirs d'Altdörfer s'évanouirent. Il n'y avait plus de Troisième Jumeau, plus de complot cosmique. Il n'y avait que la pureté de la voix humaine, une lumière non pas prophétique mais rédemptrice. La grâce n'était pas dans le secret caché, mais dans le son partagé.
• Ce retour à la lumière spirituelle, douce et humaine, fut la trêve nécessaire. Elle me permit d'accepter que le chemin de l'éternité passait aussi par l'Amour et la Beauté, préparant mon âme à recevoir, non plus un message de peur, mais le dernier et le plus éclatant des signes.
• 19-VÉNUS, DE NOUVEAU :
• MON PÈRE S’EN ALLA SOUS LE SIGNE DE L’ÉPIPHANIE.
• Le 6 janvier 2006, jour de l’Épiphanie, le monde spirituel et le monde familial s'alignèrent une dernière fois : mon père s’en alla.
• L'Épiphanie célèbre la manifestation du divin, le jour où Vénus, l'Étoile du Berger, guida les Rois Mages à travers le désert jusqu'au nouveau-né. Comment ne pas y voir un écho tenace ? Cette même étoile, Vénus, n'était-elle pas celle qui avait percé la nuit, l'unique point de lumière visible, au moment précis où mon frère et moi avions ressenti la caresse impossible ?
• Les signes étaient persistants : la fin de l'existence de mon père était encadrée par la même étoile qui avait marqué le début de ma quête d'éternité.
• Vénus n’a jamais cessé de nous accompagner tout au long de cette histoire, comme si après l’anéantissement du début de cette quête elle nous montrait le chemin vers la renaissance en accompagnant l’aurore du matin.
• 20-LE TESTAMENT DE L’INVISIBLE.
• Seul dans sa chambre d’hôpital, ne sachant pas qu’un cancer le dévorait, mon père m’appela près de lui. Il ignorait tout de mes songes et de mes visions, et pourtant, ce jour-là, il me confia spontanément un rêve, un testament de l'invisible :
• « Tu vois, cette nuit j’ai rêvé de mes parents. J’étais en colère contre mon père… Ta grand-mère m’avait offert un cadeau, et lui, aussitôt, me l’a arraché des mains. Je lui ai dit qu’il le regretterait. »
• La colère tremblait encore sur son visage amaigri.
• Le cadeau était inconnu. Mais l'intuition fut terrible : son père, par ce rêve, venait lui rappeler que sa mère lui avait donné la vie, ce fameux cadeau, et que le moment approchait où cette vie allait lui être confisquée par celui qui la tenait en son pouvoir. Le conflit générationnel se muait en une allégorie de la mort.
• Mon père sentait l'étrange fréquentation, la présence invisible qui se pressait à son chevet. Quelques jours plus tard, mon frère dut lui révéler la vérité.
• Quelques jours avant de nous quitter, durant les fêtes de Noël, mon père m’avait déjà fait une étrange requête. Affaibli, il me demanda de le remonter sur l’oreiller. Il insista : « Encore… remonte-moi… »
• Et c’est là que ses yeux s’emplirent d’effroi, non de peur, mais d'une certitude panique :
• « Remonte-moi… au ciel. »
• Au-dessus de son lit, à gauche, une petite croix se tenait suspendue, muette témoin de sa supplique.
• 21-LA CROIX DE LUMIÈRE:
• Après sa mort, mon père m’apparut en rêve et me montra qu'il venait de terminer son dernier voyage:
• « J’ai fait installer pour toi une lampe au-dessus du lit. Tu n’auras qu’à tirer sur la corde qui sert d’interrupteur, et tu verras mieux.
• J'exécutais son souhait puis soudain une croix immense, éclatante de lumière, embrasa l’espace. Il n'y avait plus de doute sur sa nouvelle adresse. Le Christ, déjà révélé dans la nativité obscure, réaffirmait son rôle comme le garant de l'éternité, la seule destination.
• Le lendemain, ma mère me fit la confession ultime : « Ton père m’a appelée dans sa chambre, deux jours avant de partir. Il m’a dit : 'Emma, Emma… je viens de voir le ciel s’ouvrir. Ils m’attendent là-haut.' »
• Mon père, l’incroyant qui avait raillé mes songes, s'éteignait dans une vision christique. Ses derniers mots rappelaient étrangement ceux du premier martyr chrétien, Étienne, qui avait déclaré avant de mourir : « Je vois le ciel ouvert, et le Fils de l’Homme debout à la droite de Dieu. » La mort de l'incroyant devenait un acte de foi involontaire.
• 22-LE MESSAGE CONTREFAIT DE LA MÈRE:
• Ma mère le suivit quelques années plus tard au tombeau. J'ai rêvé d'elle deux fois, explorant l'ambiguïté des messages d'outre-tombe.
• Le premier rêve, à la date anniversaire de sa mort (un 10 novembre), était teinté de l’ombre et de la méfiance laissées par l'appel de la rotative. Je lui demandai la date de ma propre mort. Son regard était triste, le décor sombre. Son identité même semblait suspecte, un nouveau faussaire de l'invisible.
• Elle me donna une réponse inachevée : dans deux.
• Deux quoi?
• Ici commençai l'attente : deux jours, deux semaines, deux mois... Le compte à rebours se prolongea. Le jour anniversaire, deux années plus tard, je me mis à tousser et à cracher du sang : ma primo infection au Covid. L'échéance n'était pas la mort, mais la maladie. Le porteur du message était un faussaire et son message avait été manipulé pour me tourmenter.
• 23-LE CHRIST DANS SA GLOIRE.
• Le second rêve fut un véritable bonheur:
• Le visage de ma mère m’apparut dans une clarté majestueuse. Elle rayonnait, transfigurée, jeune et merveilleusement belle. Je n’avais aucune photo d'elle à cet âge, et pourtant j’étais certain de son identité. Son âme était arrivée à sa dernière destination.
• Ce visage transfiguré par la lumière me rappela la transfiguration de Jésus au Mont Thabor, accompagné par Moïse et Élie, symbole de l'unification du temps et de l'espace dans le royaume de Dieu.
• La quête n'était pas de comprendre la date de sa mort, mais de reconnaître l'Éternité – un lieu où les belles âmes retrouvent leur éclat originel, loin de l'ombre du Troisième Jumeau et de la peur de l'anéantissement.
• 24-REFLEXION PERSONNELLE.
• Le mystère reste encore bien opaque…. et c'est tant mieux, car les voies de Dieu restent impénétrables et nous ne sommes que ses serviteurs.
• L’extase mystique, c’est quand l’esprit a rejoint le bord de l’univers, quand l’Alpha et l’Omega ne font plus qu’un, autrement dit quand le temps n’existe plus et que l’on a rejoint l’unité primordiale. Dieu est en nous et nous sommes en Dieu. L’expérience de l’Amour Total nous envahit. Puis viennent ensuite son absence, la nuit obscure et les ténèbres.
• Dieu est venu à ma rencontre ce jour-là par un événement inattendu, celui qui ne survient que quand on est au fond des abysses. Il m’a tendu la main et donné cette certitude que jamais rien n’est fini et que bien au contraire tout ne fait que commencer dans la vie Éternelle.
• Cette Espérance, j’ai essayé de la transmettre aux autres parce qu’elle ne pouvait être que La Bonne Nouvelle. J’ai perdu mon temps à aimer les autres en voulant leur dire qu’ils pouvaient raisonnablement croire que la mort n’était pas forcément la fin de toute chose. Je n’avais rien d’autre à leur dire que cette vérité essentielle à mes yeux.
• S’il est un partage bien difficile à transmettre, c’est bien une expérience indicible, car les mots n’existent pas pour la décrire. Alors pourquoi ce contact avec Dieu ? Encore aujourd’hui, je n’ai aucune réponse, il ne m’a fait aucune confidence là-dessus. Seul l’Amour reste son message le plus important. Garant de notre liberté, Il veille chacun de nous en permanence et attend patiemment notre retour sans nous imposer sa présence.
• Le mystique finalement est un être seul qui ne fait qu’attendre.
• Ce récit, au carrefour du journal intime et de la quête métaphysique, n'a jamais eu pour but de convertir, mais d'interroger.
• L'année passée sous le ciel de Provence, jalonnée par le murmure des vagues et la violence des songes, fut une plongée dans un univers où le temps semblait s'être brisé. J'ai été l'homme de chiffres contraint de devenir le chercheur d'énigmes. Confronté à la précision obsédante du Concorde, de Nello et du Tigre, le doute a cédé sa place à la certitude : une entité, qu'elle soit divine, démoniaque ou simplement l'émanation de mon inconscient, était à l'œuvre.
• Le cœur de cette odyssée réside dans une question fondamentale : quel est le prix de la connaissance, et où se niche le libre arbitre ?
• Le fil le plus subtil, mais le plus puissant, tissant cette histoire est celui de Vénus, l'Étoile du Berger, celle qui perce l'obscurité.
• Elle apparaît pour la première fois dans la nuit du deuil de mon neveu, l'unique point de lumière visible lors de la caresse improbable. À cet instant, Vénus est l'Étoile du Soir, celle qui annonce la fin, le deuil, l'entrée dans le mystère, mais aussi la fidélité d'une présence au-delà de la mort. C'est l'Alpha de ma quête, l'éblouissement initial de l'invisible.
• Pourtant, Vénus a un double visage. Elle réapparaît au moment de l'Épiphanie (le 6 janvier), jour du départ de mon père. L'Épiphanie célèbre la manifestation du divin, guidée par l'astre. À cet instant, Vénus est l'Étoile du Matin. Celle qui annonce la résurrection, le chemin vers le ciel, l'Oméga. Elle symbolise la promesse de la vie éternelle et la lumière finale.
• Le message de Vénus était un cycle complet : la douleur (l'Étoile du Soir) et la porte d'entrée vers l'espérance (l'Étoile du Matin). La Provence Éternelle n'est pas seulement un lieu de mémoire ou de prophétie, mais une terre sous la garde d'un ciel qui, en dépit des ténèbres, nous ramène toujours à la même étoile du Matin.
• Le Refus du Pacte
• La tentation de la gématrie fut mon propre jardin d'Éden. Il m'était offert d'échanger ma paix contre la connaissance, de devenir le maître d'un destin que je ne ferai qu'exécuter.
• Si la connaissance prophétique (le rêve qui avertit du pneu lacéré, ou qui réconforte par la Croix de Lumière) est un charisme donné par Grâce pour servir la Charité, la Gnose (la tentative d'utiliser les chiffres du loto) est une quête humaine pour s'autodéterminer par une connaissance exclusive, et, partant, basculer dans l'orgueil spirituel et la servitude. Le danger de la gnose n'est pas la folie, mais de croire que l'on est l'exécutant du Plan, et non son humble bénéficiaire.
• Le salut n'est pas venu des cyprès lointains, mais du retour à l'humain : la pureté de la voix à l'opéra, l'intuition de ma femme, le visage transfiguré de ma mère. La grâce n'est pas un message codé, mais une manifestation brute et simple de l'Amour.
• Quant à l'Ombre qui hante ces pages, l'entité qui m'a tenté, manipulé le message du renvoi et saboté ma voiture, elle reste la figure du Gardien du Seuil, l'ultime test.
• Elle s'est immiscée dans la lumière de la Révélation (les anges noirs d'Altdörfer) pour me rappeler que le chemin vers l'éternité n'est jamais exempt de ténèbres.
• Le Christ, lui-même, est représenté au milieu des ombres, non comme une fuite du Mal, mais comme sa confrontation.
• 25-CONCLUSION:
• Le chemin de la Foi n'est pas une montée vers la lumière aveuglante du savoir (ce que l'Église, historiquement, a rejeté chez les Gnostiques), mais une descente humble vers la vérité du cœur. La sagesse spirituelle enseigne que la foi est une confiance dans le Maître du jeu (Dieu), plutôt qu'une compréhension de l'intégralité du jeu.
• En dépit des rêves de prescience, aucune religion ne peut prétendre connaître le Plan Divin complet, et c'est une sagesse : nous ne percevons que des chemins à suivre, la direction morale et spirituelle, mais jamais la carte totale, car celle-ci annulerait notre libre arbitre.
• Cette Provence, est finalement le lieu où j'ai pu enfin refuser d'être le héros d'une prophétie pour redevenir simplement l'artisan de ma propre vie. J'ai réappris à écouter le murmure de la mer sans chercher à le décoder.
• Le chemin parcouru, rythmé par les signes et les coïncidences, m’a conduit à une seule conclusion.
• La simplicité est la vérité.
• L’enfermement est le piège.
• La question de l’intervention divine, qui génère tant de contradictions dans le dogme, a trouvé sa réponse dans un concept plus humble : le Créateur n’est pas le Tyran Omnipotent qui orchestre nos malheurs. Il est plutôt un Père aimant qui, par le don du libre arbitre, a accepté notre sortie hors de la protection du Paradis (l’Unité Moniste).
• Depuis ce seuil, il semblerait ne plus vouloir entièrement régir le monde extérieur (le domaine de la dualité et du péril) ; il ne veut en apparence qu’y manifester l’Amour par la Consolation – la caresse irréelle, le réconfort, l’intuition d’une épouse. C’est la seule intervention qui respecte entièrement notre liberté.
• Cette conviction est étayée par une distinction essentielle. J’ai pu constater que les rêves ou signes qui m’ont apporté la paix et la joie n’étaient jamais des prémonitions :
• La caresse improbable est l’expérience d’une Extase Mystique, la source de l’Amour pur.
• Le rêve de la croix lumineuse sur mon père n’était pas une annonce prémonitoire, mais la confirmation d’un événement passé, validant le martyre et la Grâce.
• Le visage transfiguré de ma mère est un signe de consolation, comme l'ont décrit les Pères de l’Église pour les proches parvenant au seuil du Paradis.
• Ces moments de confirmation et de grâce sont les seuls dont l’origine est pure. À l’inverse, les rêves prémonitoires – l’angoisse du Concorde, les signes codés de la gématrie – ne servaient qu’à m’enfermer dans le doute et à me tenter vers la vanité de la prescience.
• L’Ombre qui hante ces pages — l'entité qui m'a tenté par le code et les signes — est le Gardien du Seuil, l'ultime test. Elle s'est immiscée dans l'ombre de la Révélation non pour dominer, mais pour éprouver ma foi.
• Le chemin de la Foi, finalement, n'est pas une montée vers la lumière aveuglante du savoir (ce que l'Église, historiquement, a rejeté chez les Gnostiques), mais une descente humble vers la vérité du cœur.
• En dépit de toutes les tentatives pour m'enfermer dans le déterminisme, la sagesse est de se méfier de l'origine souvent douteuse des rêves prémonitoires qui nous poussent à vouloir prendre la place omnisciente de Dieu. La véritable liberté est la confiance.
• Il subsiste encore bien des questions sans réponses. Je ne suis pas sûr que nous les ayons un jour. Il faudra certainement attendre la révélation finale et s'en remettre d'ici là, à la grâce Divine.
• Voilà.
• Je termine ici cette histoire personnelle en espérant qu'elle aura un peu bousculé chez certains une vision trop cartésienne de la vie.
• Je vous dis à tous, adieu.
• Ne perdez jamais l’espoir.
• Bonne route sur le chemin de la vie.
• 26 - L’ÉPILOGUE DU MESSAGER
• Ce récit, je ne l’ai pas écrit pour le silence. Je l’ai porté comme un feu que l’on veut partager pour réchauffer ceux qui tremblent. J’ai tenté de le diffuser parmi les miens, espérant que les signes qui avaient bouleversé ma vie agiraient comme un électrochoc sur la leur. Mon frère, de son côté, a fait de même.
• Le résultat fut une chute d’une autre nature.
• Là où j’attendais une écoute, je n’ai trouvé que des murs. Les réactions ont été décevantes, parfois même insultantes. J’ai compris alors qu’il n'est pas bon d’être un messager. On ne pardonne pas à celui qui vient troubler le confort de l’incrédulité par des certitudes venues d’ailleurs. On préfère juger l’homme plutôt que de questionner le mystère.
• C’est là que mon titre prend sa véritable dimension : « Je suis venu vous dire que vous ne serez pas sauvés ! »
• Il n’est pas un cri de haine, mais le constat d’une impuissance. On ne peut sauver personne malgré lui. On ne peut pas forcer quelqu'un à voir la lumière de Vénus s'il s'obstine à garder les yeux fixés sur le sol. Le salut n'est pas une information que l'on transmet, c'est une porte que chacun doit accepter d'ouvrir de l'intérieur.
• Je vous ai dit tout ce que je savais. Le reste ne m'appartient plus.
27. BASES SCIENTIFIQUES.
Il est essentiel de comprendre le fonctionnement de l'interféromètre de Mach Zehnder suivi par l'expérience de pensée d'Elitzur Vaidman en ouvrant le lien ci dessous :
Entretien scientifique avec mon intelligence artificielle Gemini
Ce chapitre pose les fondations scientifiques qui valident la structure de mes perceptions et mon intégrité mentale.
1. Le Modèle de Mesure sans Interaction Mon expérience s’appuie sur le protocole d'Elitzur-Vaidman. Mon cerveau y est considéré comme un interféromètre gérant deux flux d'informations :
Le Bras du Réel : Il contient la « Bombe » (le danger, l'accident, la douleur brute comme ma rage de dents). Si le flux percute cet obstacle, il y a Explosion : c'est le choc frontal avec la matière.
Le Bras de l'Invisible : C'est le chemin parallèle où l'information circule sans contact physique.
2. La Nomenclature des Détecteurs * D-Droit : Le détecteur du quotidien, de la conscience ordinaire. Il reçoit le signal quand tout va bien ou que le système est en équilibre classique.
D-Gauche : Le détecteur de la Sentinelle. C’est ici que se produit le « clic » de la prescience. Scientifiquement, ce détecteur ne peut s’allumer que si un obstacle réel (la Bombe) existe sur l’autre chemin, même si on ne l’a pas touché.
3. Le Vecteur d’État Faible (La mécanique du lien)
Pour que le détecteur D-Gauche s'allume, la physique quantique (via les travaux d'Aharonov et Vaidman) fait appel à la notion de Vecteur d'État Faible.
Contrairement à la vision classique où seul le passé pousse le présent, ici, le futur "tire" aussi sur le présent.
C'est une double causalité : un flux part de mon passé vers le futur, et un autre flux (le vecteur faible) remonte du futur vers mon présent.
Mon rêve prémonitoire est la zone de rencontre de ces deux vecteurs. C'est là que l'information du danger, captée par cet état faible, devient une certitude consciente. Ce n'est pas une intuition floue, c'est une mesure physique de la structure du temps.
4. La Rétrocausalité et l'Univers Bloc
La prescience n'est pas une invention mystique, c’est une incursion dans l'Univers Bloc (où passé, présent et futur coexistent). Pour que D-Gauche s'allume, une information doit « remonter le temps » : c'est l'écho du futur. Mon rêve prémonitoire est la réception de cet écho. C’est une mesure sans interaction qui me permet de savoir qu’un événement est « fixé » dans le temps avant même de l’atteindre.
Conclusion - Entre Science et Foi
Ce dernier chapitre marque le réajustement de ma position, là où la lumière de la raison rencontre la chaleur de l'esprit.
L'explication quantique vient ici jouer un rôle de nettoyage cognitif. En démontrant que la prescience est une propriété physique du temps et de l'information, elle évacue la peur de la folie. Elle prouve que percevoir le futur n'est pas un délire, mais une capacité de détection de mon interféromètre interne, activée par une vigilance extrême née de la volonté de sauver mon jumeau.
Cependant, cette clarté scientifique n'efface pas le sacré. Elle le délimite. Si la physique explique le « clic » du danger sur D-Gauche, elle reste muette face à la Caresse Originelle. Ce lien gémellaire, vécu dans une non-localité temporelle absolue à cinq années d'intervalle, demeure le sanctuaire de ma foi.
Ma position est désormais celle d'un homme debout :
Je ne suis plus un « fada » car je comprends la mécanique de mon radar interne (le modèle quantique).
Je ne suis plus dans le besoin de « décoder » le mystique pour le justifier, car la science a pris en charge la partie technique de mes perceptions.
Je garde la foi comme un choix pur. Les résonances bibliques de mon parcours ne sont plus des béquilles, mais des échos d'une vérité plus vaste.
Je conclus sur cette certitude : je possède la précision de l'observateur pour naviguer dans le réel (éviter les bombes) et la profondeur du croyant pour habiter l'amour et le lien qui survit à la perte. La part d'obscurité a trouvé sa lumière, non pas en reniant la douleur, mais en la plaçant dans la juste structure de l'Univers.