Cookie Consent byPrivacyPolicies.comLassitude - Eugenol

Lassitude

Utilisateur anonyme

01/12/2005 à 23h25

adhoc nous a neutralisé!!


PAL

07/12/2005 à 20h02

Mais moi aussi, la démotivation m'envahit. Est-ce l'âge ou la lassitude après 23 ans de pratique? Je ne pense pas. Les formations me branchent encore, j'aime découvrir les nouveautés à l'ADF, feuilleter les revues, en gros je "kiffe" l'ambiance dentaire.
Mais ce qui s'étiole sec, c'est la patience devant tout ce, et tous ceux, qui nous pourrit (ssent)la vie au quotidien. Soyons clair : là où je me contentais de prendre une grande inspiration, j’ai envie de gueuler. Là où je me limitais à une aimable réflexion, je me retiens difficilement d’envoyer paître.
Dans ces moments-là, on n’est plus dans la dentisterie Touati sur papier glacé.
Le mec arrive sans rendez-vous, il est plus grand que moi ( ce n’est pas un exploit, mais quand même, ça m ‘énerve !) , extrêmement laid et antipathique, suffisant, tout moite. Il sent, que dis-je, il pue, il daube, il schlingue, il empeste le tabac froid et la vieille transpi séchée, gangrénant en 2 minutes la moitié du cabinet. Sans un sourire ( il doit être paralysé des zygomatiques), ni même un rictus, il exige d’ être pris de suite car môssieur souffre depuis….1 mois et part en vacances demain matin.
Déjà, dans mon for intérieur, je caresse le rêve de lui désigner la sortie en beuglant « Casse-toi, goret !!! ». Mais l’assistante au cœur tendre repère qu’il y a 15 minutes de libre et l’envoie dans la salle d’attente. Arggh ! Foutu pour foutu, je fonce pour en finir. La salle d’attente empeste, il ne répond ni à mon bonjour ni à mon sourire. Il se précipite sur le fauteuil ! Et je m’imagine en SS, l’attrapant par les cheveux gras ( j’ai oublié de préciser qu’il portait un ridicule catogan !), et le balancer sur la chaise du bureau en lui postillonant : « Tu t’assoieras quand on t’le dira, pauvre larve !! ».
Le crétin habite chez un pote, n’a pas de boulot fixe, a oublié sa carte vitale. Evidemment, il a « horreur des dentiste »s. « Tu crois p’t’être que j’ai le coup d’foudre ? ». Le pauvre, il n’est tombé jusque là que sur des charlatans qui l’ont massacré ! ( Oh, joie !)
Ne supportant plus son haleine à décoller le papier peint, j’abrège. J’ai envie de lui demander s’il s’est lavé les crocs au Roquefort la dernière fois. Mais la dernière fois, il ne doit pas s’en souvenir. Sait-il seulement que le savon fut inventé ?
Après avoir bêtement demandé s’il devait s’asseoir sur le tabouret opérateur ( quelle envie j’ai de répondre « mais bien sûr ! », et de m’installer allongé sur le fauteuil, les bras tendu vers sa tronche !!), il s’avachit de tout son long non sans avoir étalé partout la boue et la merde de clébart accumulées sous ses croquenots. « Mais t’es pas dans un hamac, triple buse !! »
Le crétin est incapable d’écarter ses grosses lèvres flasques, sortes de saucisses mal jointives et gluantes. Je donnerais cher pour écarter le tout avec 4 hameçons à brochet. Ouverture maximum du sagouin, un doigt et demi ! J’approche le miroir. Mouvement brutal de recul du benêt qui tient à reluquer de près l’ustensile, louchant dessus sans un mot. « Qu’est-ce qu’y a ? Tu veux voir une tenaille et un burin, pauv’ cloche ? »
Que vois-je au premier coup d’oeil? Un mur de ratiches cariées et couvertes de mousse verdâtre émergeant d’un paquet de barbaque cramoisie et sanguinolente. « Ouvre donc la gueule, feignasse !! ». Derrière la barrière de pavés entartrés, quoi qu’est-ce ? Cette masse de bidoche informe, chargée ( de tout), saburrale, scrotale écœurante ( dire qu’il a peut-être roulé une galoche hier soir !), qui lui tient lieu de langue envahit tout. Pour apercevoir les molaires pourries, il me faut sortir le miroir à bovin, tirer, pousser, écarter. Mais le connard s’applique à résister, et je dois saisir le miroir à pleine paume ! Je vois que dalle, le pourceau bave visqueux ! Putain, un p’tit coup de fraise dans la grande menteuse, ça le calmerait. Le plancher buccal ? C’est un plafond, une bâche !
J’ai envie de laisser tomber A quel stomato exécré pourrais-je adresser l’engin ?
Mais bon, la 36 en question est à portée. Allez, courage ! Un coup de détartreur pour dégager le sulcus, j’envoie l’intra ligamentaire. Il a pas de ligament ou quoi ? La moitié du liquide fout le camp, l’emmerdeur a son premier haut le cœur et plonge brusquement le groin dans le crachoir, se raclant le molard bruyamment ; « T’as qu’à gerber, on te dira rien ! ». Seconde tentative, je trouve ce putain de ligament, ça force, c’est bon. Paf, la carpule explose ! Rrrrrah ! Et j’entends sonner, le suivant est déjà là ! Encore une carpule, vérole, mais c’est la dernière. Voyons voir ! Glisser le capteur entre méga langue et molaire ; Et voilà le nigaud qui grimace, tourne la tête et glisse le long du fauteuil. « Mais scrogneugneu, tu l’fait exprès ? » Première radio. Merde ! image blanche, le capteur était à l’envers ! Deuxième cliché. Ok d’accord ! carie sous- gingivale, gros polype saignant, pfffff . Tension 30- 14 . Pouls 170. Une idée pour dégager le terrain tous azimuts : Méga boulette d’arsénieux coincée la-dedans !
Bon, à bout d’nerfs , il faut en finir, je puise dans mes souvenirs et le fond de mon tiroir, je concocte une bonne grosse bouzée d’eugénate, et je bourre le tout en force. Allez zou ! Tout l’monde descend, reprenez un rendez-vous dans…. 6 semaines minimum !
Un demi-heure de tension, un quart d’heure de vie en moins, pour une consultation ! Moins le gobelet, la serviette, 3 carpules, 2 aiguilles, 1 lingette, 1 embout de seringue à air, 4 rouleaux de coton, 1 pompe à salive, une protection latex de capteur, du nettoyant à sol, fauteuil, crachoir, du désodorisant…Comment ça il avait pas son chéquier ?
Et pendant que je vais chercher le suivant qui râle parce que j’ai 20 minutes de retard, je cauchemarde que l’enflure reviendra dans 6 semaines, ou peut-être même demain matin, que je m’empêtrerai dans la pulvérisation hémorragico-baveuse de son polype, que je commettrai péniblement une endo de cochon ( bris d’instrument, canal introuvable, fausse route, impossibilité de passer un contre angle) et que je perdrai encore un quart d’heure de vie…


Blue eye thumb medium dx1i0w - Eugenol
bill

07/12/2005 à 20h17

Mieux que du San A ! :-))))
Mais du second degré j'espère... Sinon le burn out te guette !


Avatar transparent iqadnc - Eugenol
adhoc

07/12/2005 à 20h27

Wouhaou, ca dégage; un concentré des horreurs qu'on a parfois en pointillé.
Dans la pure tradition du polar des années 50; un des meilleurs textes que j'ai jamais lus.
Ames sensibles et débutants dans le métier, s'abstenir.


ZORBECA

07/12/2005 à 20h29

Super PAL.

Je me suis parfaitement retrouvé dans le..film.


Image19 iebot6 - Eugenol
athos

07/12/2005 à 20h37

bin dis donc....


Utilisateur anonyme

07/12/2005 à 20h47

PAL, tu peux écrire à plaisir. (et pour le notre)


cyberquenottes

07/12/2005 à 20h53

beuaaarrrkkkk , ca dégage


Utilisateur anonyme

07/12/2005 à 20h53

"écrire à plaisir" , ... pas comme les machines à écrire


tantine

07/12/2005 à 21h02

quel plaisir de te lire,moi qui n'ai jamais pu aligner plus de 2 phrases correctement!Et en plus on s'y croirait...peut être parce que l'on y était il y a peu de temps...


067 clmun6 - Eugenol
sandrine

07/12/2005 à 21h12

Excellent !!!! Du pur bonheur...à mourir de rire,et malheureusement tellement vrai !


canard59

07/12/2005 à 21h25

C'est donsc ça :" Le supplice de Pal " Je compatis ...:-)))


Utilisateur anonyme

07/12/2005 à 21h38

Merci Pal!!! quelle vérité!!! je viens de revivre notre journée!!! Mais en moins drôle crois moi!


alhoun

07/12/2005 à 21h52

bravo pal, comme d'hab.


Richard

07/12/2005 à 22h13

bravo pour ta prose PAL c'est la vrai vie
mais un patient comme ça , si par hasard il m'arrive de me faire pièger je ne suis pas maso je ne lui propose jamais d'autre rendez vous je lui invoque n'importe quel pretexte pour ne jamais le reprendre je tiens trop à ma santé


S8ysxdzhdqgw00w4q6m07a5d47q2 - Eugenol
didier72

07/12/2005 à 22h13

Super Pal, c'est vrai qu'on en eu plus ou moins comme ça, tous...


Utilisateur anonyme

07/12/2005 à 22h41

canard59 Ecrivait:
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> C'est donsc ça :" Le supplice de Pal " Je
> compatis ...:-)))


Ca commence toujours bien et ça finit mal!!


ZORBECA

08/12/2005 à 00h02

J'ai vu la pub de ton cabinet, tu es bien installé, un beau groupe:

http://www.paldentalgroup.com/services.htm


Image 4 lrchtq - Eugenol
Alain

08/12/2005 à 00h06

chapeau bas. c'est exactement ça.


Amibien

08/12/2005 à 00h12

C'est la huitième merveille d'eugénol, une caricature absolument exacte de ce qu'il nous est ou nous a été de connaître un jour...

Merci Pal...

Tu sais ce que tu peux faire le jour où tu décides de ne plus aller au cabinet dentaire...


Utilisateur anonyme

08/12/2005 à 00h43

Oui il y a vraiment de jolies plumes sur Eugenol et toi aussi tu te défends bien Amibien.


Avatar transparent iqadnc - Eugenol
adhoc

08/12/2005 à 02h56

Suite au supplice du pal, nous avons la catastrophe du beau pal.


Amibien

08/12/2005 à 09h08

caty Ecrivait:
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> Oui il y a vraiment de jolies plumes sur Eugenol
> et toi aussi tu te défends bien Amibien.


Il y a aussi Alhoun, Ldl, Adhoc, Athos, Gül (où est-il ce sale G.O.S. ?), Algi, MARK, ... j'en oublie, je viens à peine de prendre mon café et le patient est dans la salle d'attente...

Ce n'est pas un goret, ce serait plutôt un goéland...

Il y a encore du chemin avant que j'arrive à écrire comme PAL, j'ai été enchanté par son cri du coeur

A plus et je vous souhaite une journée encore plus fantastique que la mienne...

(on court-circuite l'amygdale ! merci limlim (à propos tu peux envoyer la suite, merci))




Utilisateur anonyme

08/12/2005 à 11h14

Oui mais quand tu te donnes la peine, c'est agréable à lire.


Amibien

08/12/2005 à 13h35

caty Ecrivait:
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> Oui mais quand tu te donnes la peine, c'est
> agréable à lire.


J'ai donc des lecteurs ?!

J'en ai la larme à l'oeil, moi qui pensais être comme d'habitude la cinquième roue du chariot...

Je me sens subitement pousser des ailes, la joie monte, oohhh merci Caty !




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