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Lassitude
13/12/2005 à 15h48
C’est vraiment pénible !
A chaque fois que je prépare, ergonome en diable, un peu de matos en vue d’un cas rosse, le client…euh… le patient ne se pointe pas ! J’ai beau statistiquer dans tous les sens, je dois me rendre à l’évidence : y’ a du paranormal là-dedans. C’est tellement bluffant que si j’ai pas envie de voir la tronche du suivant, je prépare tout et c’est le lapin garanti.
Mais il y a encore plus crispant, c’est le casse-pied qui déboule systématiquement avec 10 minutes de retard. Alors ça, pour un maniaque de la toquante comme moi, c’est la pelote de nerfs instantanée. Encore, 5 minutes, ça peut le faire en shuntant les salamalecs. 15 minutes, on peut virer l’ pignouf sans scrupules pour cause de pas l’ temps. Mais 10 !
La prochaine, là, Mam’zelle Alabour, elle devrait être sur la bergère depuis 327 secondes chrono ! Celle-là, c’est évident, elle attend dans la rue rien que pour me taper sur les tendons. Ca fait quinze fois que je la braque et qu’elle me sort les mêmes excuses bidon : j’ai raté l’ tram, les horaires de bus ont changé, y’avait des bouchons, ma batterie était à plat, la nounou ceci, le gamin cela... Elle s’ fout d’ moi, c’est clair. Un jour, je vais lui balancer : « Ecoute, pauvre gourde, t’as le choix : soit j’ te bâcle pour rattraper le temps perdu, soit tu r’ passeras ! ».
Ding dong.
Et voilà !! 10 minutes comme d’hab ! Putain, ça part mal, j’ai déjà le standard explosé et il est pas 10 heures. Quand la vérole est dans l’ chantier, tout foire, c’est classique. Tiens, je parie qu’on va voir débouler la grande saucisse d’Eludril qui vient tous les mois depuis des décennies nous gnangnanter qu’il n’y a rien de nouveau. Ou qu’une mielleuse va me bigophoner en plein taf pour une enquête sur la bitte à Urbain.
Je me précipite pour choper la donzelle avant qu’elle ne fonce vers les gogues, histoire de m’exaspérer un peu plus. Horreur et nécrobiose ! Elle a ram’ né son mouflet !
Le gnard est déjà en train de sprinter dans le couloir en bouffant une infâme viennoiserie 100% beurre. Il est pas gras de rien, bouboule !
En dépit d’une âme sensible et douce, j’avoue, à cet instant, claquer sec un premier câble. Je tire un masque assassin en direction de l’adipeux tout en conviant fermement la cruche à entrer fissa dans le cabinet.
Alors, quelle excuse aujourd’hui ? Y’avait un bouchon de nounous dans l’ tram qu’était à plat ?
C’est là que le cerveau est bien conçu ! Je cause à la daronne ( en gros, t’as 5 secondes pour exhiber tes meulaires au scyalitique ) sans quitter le morveux de l’il. « Tiens, tu vas t’asseoir ici bien gentiment ( moi, rictus Shining ), et fais bien attention de ne pas mettre des miettes partout » ( j’agite discret la paluche devant son pif croûteux, claire promesse de taloche à la première incartade). Ce petit chieur me toise narquois. Son plan est limpide : dès que je serai coincé, il va attaquer tous azimuts pour me les briser.
Un quart d’heure pour ouachtec niquer deux moignons tout prêts tout polis, c’est djeuste, mais c’est jouable. Hardi ! Je zieute : ça craint, faudrait dilater un brin le sulcus !
Arggh ! Le gamin est déjà debout ! « Môman, môman, t’as mal ? » L’autre tente de baragouiner la bouche ouverte une niaiserie du type « Mais non, mon p’ tit cur, Maman ne sent rien » Et le v’là qui fait le tour du fauteuil, agrippe et sucusse le fute de sa mère avec ses pattes grasses, puis vient trempouiller ses doigts boudinés dans le crachoir.
C’en est trop ! Je lâche tout et tombe sèchement le masque pour lui asséner un faciès de Belzébuth écumant de férocité explosive. Les crocs serrées, la mydriase fulminante, l’index agressif, je rugis sans articuler : « Bon, maintenant, tu retournes t’asseoir là-bas, tout de suite !! ».
Un poil impressionné, il obtempère provisoirement tandis que la gourdasse, finaude de service, ne peut s’empêcher d’écarter la pompe à glaire pour lâcher la fatale couillonnade: « Si t’es pas sage, le dentiss va te faire une grosse piqûre ! ». Ouais, et dans l’il même ! Ah bordel, faut être solide !
Bon, revenons à nos moignons ! Foin de cordonnet énervant qui fout le camp à gauche au fur et à mesure qu’on le fourre à droite ! En dessicationnant à donf, le lichte, poussé par le pouti, ira bien au fond des choses ! Allez, un petit mordu express ( dis-donc, cochon !), dit flash-éclair, et je reste dans la course.
Je sors prestement tout le bourrier, en matant, patibulaire, le moutard qui se goinfre encore. Il a l’air de se tenir à carreaux, mais il faut maintenir la pression maximum. Je malaxe nerveux, je le fixe… je pétris musclé, je le lorgne… je spatule vigoureux… je l’épie. Volte-face, aspi, je sèche tout partout, et injecte au plus intime avant qu’ ça catalyse.
Tiens, elle ne serait pas si godiche, elle ouvre le four tout grand et ne le referme pas le temps que je porte empreinte . Tu tiens le bon bout, docteur !.
C’est le moment, me dis-je, de solliciter la coopération active du patient :
« Madame, je vous serais fort reconnaissant de bien avoir l’amabilité de retrouver à présent votre intercuspidie maximale ».
« Hein ? »
« Je disais : tu cadenasses la mangeoire d’un seul coup sans réfléchir, comm’ d’hab ! Ok ? »
Faut bien vulgariser not’ science !
Après 5 secondes de blanc ( le neurone a du gripper au démarrage), la mandibule se met en branle, prenant immédiatement une direction baroque, oblique et sinusoïdale. « STOP ! Fermez bien droit, non, j’ai dit bien droit, les dents du fond, non, à droite aussi, NON ! Ouvrez, refermez, décalez …».
C’est pas vrai ! La v’ la qui se met à machouiner horizontal, façon chameau ! C’est du carnage, en cinq secondes, elle m’a entièrement chouimgomé l’élastomère ! Raahhh ! C’est râpé, j’enrage dedans, je vitupère de baffes .
C’est le moment que choisit le bouffi, ce nain fourbe, me voyant merdoyer dans le yaourt, pour déclencher presto la mère de toutes les batailles. Tandis que l’empotée bave bruyamment les rognures de silicone qui lui encombrent le suçoir, le replet bondit et cavale dans tous les sens en beuglant « Môman, on s’en va, môman, on s’en va… ».
Allez, je capitule., I waterloose, on n’est pas à Fort Boyard ! A la semaine prochaine, Mam’zelle, à l’heure et sans le branleur, merci !
Pendant que je commence à passer l’aspirateur partout, l’assistante me demande si c’est normal que j’aie rien coté.
13/12/2005 à 15h58
bin dis donc!!!!!
c'est trop drole, j'ai vecu ça c'est sur, dans le temps, m'en souviens trop, ça faisait trop mal...
depuis des années combien j'ai pu en filtrer de ces bouffeurs d'energie!!! comment tu fais?
13/12/2005 à 15h58
... un collector! ... à se pisser dessus ;))) ... on sent le vécu ... merci.
13/12/2005 à 16h26
Extra.
Attention, pal, tu es en train de créer des inconditionnels, des fans, des pal-addicts.
Longue vie a toi pour notre bonheur aussi.
13/12/2005 à 16h29
Pal, avoue que c'est amibien qui écrit tes textes!
aller, sois pas timide!
bravo amibien!!
13/12/2005 à 16h33
et non alhoun c'est pas amibien.
sinon il aurait precisé que c'était un portugais.
13/12/2005 à 16h42
c'est pas vrai, t'étais dans mon cabinet la semaine dernière????
tu t'étais planqué où?
13/12/2005 à 16h52
mac Ecrivait:
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> et non alhoun c'est pas amibien.
> sinon il aurait precisé que c'était un portugais.
t'as raison.
et puis c'est vrai qu'il n'a pas le temps.
oui, je sais.
mais ça m'amuse....
13/12/2005 à 18h01
Ah oui moi toujours plus!!! Attends de bons textes comme cela on ne s'en lasse pas!
13/12/2005 à 18h50
Bravo à PAL et PAL2 ( c'est le même ?)pour ces plongées dans l'envers du décor.Et comme on le dit parfois " c'est à encadrer"!
Après le côté PAL ( vu par le praticien), on peut trouver aussi le côté PILE ( vu par le patient) en lisant le livre de JP CARMINATI " La concordance des dents".
14/12/2005 à 12h50
Ooooh ouiiii Pal ( et Pal 2 )! Encoooorrrre ! Je n'ai pas d'autres mots : trop bon !!!!
14/12/2005 à 13h53
Oh la la ! vitamine attention tu vas en énerver quelques uns!!!
14/12/2005 à 15h13
vitamine Ecrivait:
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> Ooooh ouiiii Pal ( et Pal 2 )! Encoooorrrre ! Je
> n'ai pas d'autres mots : trop bon !!!!
à l'évidence, ce n'est pas un supplice pour tout le monde.